Le nouvel adjoint à la Culture, Jean-Marc Coppola, veut développer les effectifs des bibliothèques municipales de Marseille. Il vise un total de 320 personnes, soit 100 de plus qu’aujourd’hui, et ambitionne également développer la lecture publique « hors les murs ». Une nouvelle médiathèque ouvrira en octobre au Plan d’Aou.
Adjoint à la Culture à Marseille depuis juillet dernier, Jean-Marc Coppola nous explique être en plein « état des lieux ». Une consultation des services, équipements et acteurs culturels dans la ville qui nécessite encore « beaucoup de travail ».
Moins de deux mois à la tête de sa délégation lui permettent pourtant de tirer certaines conclusions : « Huit bibliothèques municipales à Marseille, c’est largement insuffisant pour 860 000 habitants. Il y en a le double à Lyon, et à Toulouse, c’est 24 ». Deux villes plus petites, avec respectivement 516 000 et 471 000 habitants, mais qui comptent deux et trois fois plus d’espaces publics dédiés à la lecture. Un écart qui se creuse un peu plus avec la fermeture, que certains craignent définitive, de la bibliothèque du Panier.
« C’est inacceptable d’avoir si peu de lieux dédiés à la lecture publique » explique l’élu communiste, ne manquant pas de se désolidariser de cette situation avec sa prise de fonction récente. Toutefois, les bibliothèques « ne vont pas pousser comme des champignons dans les prochains mois », tempère-t-il, se préservant de grandes annonces.
« Un des sujets qui fâchent dans la culture à Marseille, ce sont les ressources humaines »
Le premier objectif semble pour lui d’améliorer significativement la qualité de service des bibliothèques existantes. Un engagement de campagne du Printemps marseillais, en particulier sur les fermetures à répétition et les horaires restreints. Il résonne aujourd’hui, alors que la bibliothèque de Castellane est fermée pour travaux, et que celles du Panier et des 5 avenues sont à l’arrêt, sans justification particulière. L’élu aborde alors un thème que beaucoup de Marseillais connaissent : « Un des sujets qui fâchent dans la culture à Marseille, ce sont les ressources humaines. Dans les bibliothèques particulièrement ».
Une question complexe et sensible, que décrit en profondeur une grande enquête de Marsactu en collaboration avec Médiapart parue en 2018. Elle dépeint des bibliothèques marseillaises en sous-effectifs, en manque de moyens, et des problèmes de gouvernance combinées à une gestion syndicale parfois carriériste.
320 personnels : « l’objectif à atteindre »
Jean-Marc Coppola aborde cela sous un angle plus arithmétique : « Aujourd’hui, avec huit bibliothèques, pour être dans les normes nationales, il faudrait 320 personnels. Ce qui permettrait un service convenable en termes d’amplitude horaire, de prêts, d’animations, de services… Mais nous n’en avons que 220. Car la politique de lecture publique, malgré le « plan lecture » sous Gaudin en 2015, n’a pas été suivi de moyens financiers ».
220 personnels, « c’est un seuil minimum, qui entraîne des conditions de travail harassantes ». Cela explique pour lui « qu’une cinquantaine sont en arrêt maladie ». Il resterait donc 170 agents pour assumer la charge qu’il estime pour 320. « C’est une spirale de laquelle il faut sortir. Ils sont débordés. Il faut retrouver un cercle vertueux, les remotiver en donnant des signes forts ».
L’objectif de 320 est donc « à atteindre. Mais ça ne se fera pas du jour au lendemain. Il faudra peut-être plus d’un mandat. C’est une question financière mais aussi d’attractivité de Marseille pour le recrutement de bibliothécaires ». Dans ce sens, au-delà des effectifs, l’élu compte améliorer la qualité des services : « Il faut agir aussi sur les questions d’organisation, de modernisation, technique notamment ».
Développer la lecture publique hors des murs
Et si, à l’exception de la médiathèque du Plan d’Aou (ouverture en octobre, voir notre article), la création de nouvelles bibliothèques ne semble pas envisageable à court terme, « nous disposons heureusement d’outils intéressants que l’on va mettre en oeuvre pour développer la lecture publique », explique Jean-Marc Coppola. « Comme la bibliothèque « hors les murs » qui peut investir différents lieux. Je prospecte beaucoup dans ce sens. Je veux aussi relancer les bibliobus, arrêtés depuis 2004. Les livres qui vont à la rencontre du public, sur le terrain, je trouve le concept très intéressant ».
Horaires des bibliothèques, moyens humains et financiers, animations, déploiement sur le terrain… Un vaste programme pour le développement de la lecture publique à Marseille, qui se fera « crescendo durant le mandat ». Nous le découvriront plus concrètement avec une première délibération dans ce sens, soumise au conseil municipal de novembre.