Après votre passage chez le coiffeur, vous êtes-vous déjà demandés ce que devenaient vos cheveux coupés ? Thierry Gras a créé l’association Coiffeurs Justes afin d’utiliser cette matière organique, aux propriétés inattendues, dans la lutte contre les pollutions marines.
Thierry Gras tient le salon « Au Coiffeur » à Saint-Zacharie dans le Var. Il est à l’origine de l’association Coiffeurs Justes, créée en 2015 : « Au début de mon CAP, il y a trente ans, quand j’ai appris toutes les qualités que détenaient les cheveux, je me suis demandé « mais pourquoi n’en faisons-nous rien ? ». J’ai pu voir à travers l’histoire que, depuis des millénaires, les peuples utilisaient cette matière organique capable de retenir les huiles. J’ai décidé d’en faire de même », explique le fondateur de l’association.
N’importe quel coiffeur peut adhérer au projet de l’association et faire don des cheveux coupés dans son salon. Il lui suffit, pour cela, de s’inscrire sur le site internet. Il recevra ensuite un sac en papier biosourcé, fabriqué avec de l’encre alimentaire et de la colle de maïs, pensé pour convenir à la quantité de cheveux qu’un coiffeur coupe chaque mois. Une fois le sac rempli, il est envoyé à un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail) qui les transforme en boudins à l’aide de collants recyclés.
Des boudins à cheveux pour « éponger » les accidents maritimes
« Pour l’instant, nos boudins à cheveux sont utilisés dans le port de Cavalaire. Ce sont des petits formats, la taille idéale pour être mis dans le fond de cale des bateaux afin d’absorber l’huile qui y coule », explique Thierry.
Ces créations sont lavables et réutilisables. Et pour voir plus loin, elles seront utilisées, à la fin de leur vie, comme renforçateur de matériaux. Il existe également un grand format imaginé pour les accidents maritimes dans les stations de ravitaillement ou encore les bassins de rétention en zone industrielle… Un dispositif pour « éponger » les produits se déversant dans la mer.
Des tapis de cheveux pour combattre les hydrocarbures
Les Coiffeurs Justes travaillent également à la conception d’un tapis de cheveux, déjà fabriqué par l’organisation américaine Matter of Trust. Ce dispositif, installé dans les caniveaux, pourrait permettre de récupérer tous les hydrocarbures présents dans les eaux pluviales avant qu’ils ne se déversent pas dans la mer. « La version de Matter of Trust est tissée, mais nous réfléchissons à développer un autre système de mise en filtre qui devrait être disponible d’ici quelques mois », assure Thierry.
L’association des Coiffeurs Justes espère par exemple pouvoir équiper les caniveaux de la ville de Marseille de tapis de cheveux afin de prévenir la pollution du littoral, causée par les épisodes de forte pluie.
Un projet qui « pousse »
Des milliers de salons de coiffures ont déjà rejoint cette nouvelle filière du recyclage du cheveu : « L’objectif est que tous les coiffeurs de France adhèrent à l’association mais pas seulement. Certains viennent du Luxembourg, de Suisse, de Belgique, d’Espagne ou encore d’Italie », continue Thierry. À Marseille, une douzaine de salons avaient déjà rejoint le mouvement en 2020.