Depuis le début de la crise sanitaire et du confinement, des familles entières du 3e arrondissement peinent à s’alimenter dignement. Une cagnotte a été lancée par des enseignants de l’école Peyssonnel 2 pour les soutenir et plus largement un collectif d’entraide vient de se créer. Une pétition à l’attention des pouvoirs publics circule également.
Depuis bientôt dix jours, date à laquelle le confinement a débuté en France, de nombreuses familles, déjà en situation de grande précarité, se retrouvent enfermées avec de plus grandes difficultés encore. Dans cette période où les enseignants doivent assurer le suivi pédagogique de leurs élèves, les parents, dont les confidences sont habituellement rares, par peur, par honte, pour protéger leur intimité et leurs enfants, trouvent enfin le courage de s’exprimer. Nombreuses sont les familles qui se rendaient régulièrement aux Restos du Cœur, bénéficiaient du soutien d’autres structures et qui se retrouvent aujourd’hui coupées de tout.
Dans le 3e arrondissement de Marseille, les besoins sont criants. « On sait très bien, compte tenu du profil du quartier, les difficultés financières qui existent, et nous sommes tout à fait conscients de la précarité du logement… Mais c’est vrai que des familles se sont ouvertes, alors qu’elles ne le faisaient pas avant. Les relations évoluent en ce moment. Nous appelons toutes les familles régulièrement. La continuité pédagogique c’est bien, mais la sérénité des familles c’est plus important », explique une enseignante à l’école élémentaire Peyssonnel 2 (en REP+), dans le quartier Villette – Saint-Lazare. « Certaines familles nous ont confié leurs problèmes pour manger à leur faim. Depuis la crise, il y a des grandes associations qui ne fonctionnent plus ou mal. C’est normal, le temps de trouver une bonne organisation, en respectant les mesures de sécurité, et c’est d’ailleurs en train de se retisser ». Une période qui a ajouté de la détresse aux familles.
« Soutenons les élèves en extrême précarité »
Face à cette situation, tous les enseignants de l’école Peyssonnel 2 ont donc décidé de se mobiliser. Une cagnotte vient d’être lancée : « Soutenons les élèves en extrême précarité ». Un appel urgent au partage et à la solidarité : « La sécurité alimentaire de ces enfants, déjà extrêmement fragiles, risque encore de se détériorer avec l’annonce des mesures de confinement renforcées et une durée rallongée. C’est pourquoi nous espérons de tout cœur pouvoir compter sur vos dons, petits ou grands, pour aider ces enfants à s’alimenter suffisamment. Une belle façon de rester en lien dans ce moment de choc collectif qui nous contraint tous à nous isoler ».
Egalement membre du collectif des écoles du 3e, l’enseignante a contacté ses collègues d’autres écoles, « car ces problématiques n’existent pas seulement chez nous, la situation est compliquée partout dans ce secteur ». Ainsi, parallèlement à la cagnotte, un collectif baptisé « Entraide du 3e » vient de voir le jour pour avoir un impact plus large. Sa mission première est de permettre la mise en relation des bénévoles qui peuvent se déplacer suivant les mesures imposées par le gouvernement avec les personnes qui ont besoin d’aide. Objectifs : retisser le lien, recueillir des denrées alimentaires et des produits d’hygiène pour les plus démunis.
Une démarche identique a d’ailleurs été lancée pour la cité des Rosiers.
Pour une protection solidaire en temps de confinement
La Croix-Rouge vient en renfort ces derniers jours avec la distribution de paniers alimentaires. Elle a également activé un numéro de téléphone pour répondre à l’urgence, « mais les demandes explosent, si bien que le numéro est déjà saturé », explique l’enseignante. « Toutes ces actions sont biens, et utiles, mais on espère quelque chose de plus global, bien mieux organisé, car nous ne sommes pas des professionnels ».
Tous espèrent alors une mobilisation des pouvoirs publics plus importante. D’ailleurs, une pétition « Pour une #protectionsolidaire en temps de confinement » circule actuellement. Lancée par des collectifs, des associations et syndicats du « Manifeste pour une Marseille vivante et populaire », elle s’adresse au maire (LR) de Marseille, Jean-Claude Gaudin, à la Métropole Aix-Marseille Provence, la Région Sud, la préfecture des Bouches-du-Rhône et au président de la République, Emmanuel Macron.
Après un état des lieux de la situation, la pétition détaille les besoins impératifs et essentiels, au travers de six volets : « Santé pour toutes et tous », « Logement, hébergements et délogements », « Emploi/Précarité », « Discriminations faites aux femmes », « Régularisation du système pénal et de la coercition » et « Scolarité ». « A partir d’un premier diagnostic des besoins et problèmes, nous interpellons ici les collectivités territoriales et l’Etat pour que des mesures d’urgence soient mises en place pour assurer une protection solidaire en ces temps de crise et de confinement. Celles-ci ne sont sûrement pas exhaustives et pourront être alimentées prochainement. Si l’Union Européenne a pu promptement trouver 25 milliards d’euros pour sauver les banques, il doit bien rester quelques milliards pour les plus précaires et les personnes discriminées. »
De nombreuses organisations, associations et collectifs ont déjà signé cet appel à l’(entre)aide !
> Lien vers la cagnotte ici