Yvon Berland, candidat soutenu par En marche pour l’élection de mars 2020 à Marseille, a tenu sa première réunion publique, hier soir, au Dock des Suds, en présence de nombreux soutiens et du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Le médecin spécialiste en néphrologie sera candidat dans le 6/8e sur les terres de Martine Vassal.
« Ça dort un peu ici ! ». Christophe Castaner vient d’arriver au Dock des Sud, entouré des député(es) des Bouches-du-Rhône. L’assemblée est trop calme à son goût, alors il joue les chauffeurs de salle. Le ministre de l’Intérieur a bousculé son agenda pour participer à la première grande réunion publique d’Yvon Berland. La photo du candidat à la mairie de Marseille s’affiche partout sur les murs avec cette inscription : « Yvon Berland, soutenu par En marche ». Et les soutiens sont venus nombreux.
Presque toute la famille des marcheurs est là, et « même de nouvelles têtes », lancent, sur scène, les animateurs de la soirée. Installés dans les premiers rangs, le footballeur Mamadou Niang, le président-fondateur de Massilia Mundi, Philippe de Fontaine Vive, le pédopsychiatre, Marcel Rufo, l’architecte Rudy Ricciotti, le professeur de génétique médicale Nicolas Lévy…
Chez les parlementaires, l’arrivée de Saïd Ahamada est très remarquée. Cathy-Racon Bouzon, députée de la 5e circonscription, Anne-Laurence Petel, (14e), les membres du comité départemental LREM des Bouches-du-Rhône… n’ont pas manqué le rendez-vous. Même Johan Bencivenga, ex-président de l’UPE13 a fait le déplacement. D’autres sont retenus par des impératifs. C’est le cas de Jean-Philippe Agresti. Candidat un temps à l’investiture et en période de réflexion actuellement, le doyen de la faculté de droit d’Aix-Marseille, est à Tokyo.
Des idées proches du Printemps Marseillais et d’EELV
Pour réveiller tout ce petit monde, un peu trop silencieux, rien de tel qu’un anesthésiste-réanimateur. En mode stand-up, 3 minutes pour convaincre, le référent départemental, Bertrand Mas-Fraissinet, salue le ralliement de Saïd Ahamada, « qui donne le coup d’envoi de cet immense rassemblement et de cette belle dynamique », à laquelle est d’ailleurs fière de participer Cathy Racon-Bouzon.
Vice-présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale, son discours s’est concentré sur la situation des écoles marseillaises. « À présent que le PPP est presque définitivement enterré », elle préconise « un plan Marshall alternatif pour les écoles de la ville ».
L’autre message, c’est cet appel « à un grand dépassement », avec l’objectif « de tisser la toile progressiste la plus grande possible », évoquant des idées et des valeurs communes avec le Printemps Marseillais et Europe Ecologie les Verts.
« Ne pas voter pour notre liste serait une erreur politique »
Une union marquée par la décision de Saïd Ahamada de se ranger derrière Yvon Berland dans l’heure qui a suivi l’annonce de son investiture le 9 décembre dernier. Certes, ce n’est pas le scénario sur lequel il avait misé, et pourtant, « je ne pouvais pas prendre une autre décision face à l’état de déliquescence de cette ville, car c’est la seule manière d’offrir un avenir à Marseille », déclare le désormais porte-parole d’Yvon Berland. Une décision non pas « courageuse », mais « logique », qu’il a prise en « son âme et conscience ».
Le gosse de Félix-Pyat sent « un éveil, l’envie », mais s’étonne de voir celles et ceux qui « se prétendent proches » des marcheurs ne pas rejoindre la démarche. « Nous n’avons pas la prétention de représenter tous les Marseillais, mais nous sommes persuadés que c’est en agglomérant les forces vives qu’on y parviendra », lâche-t-il. « Ne pas voter pour notre liste serait une erreur politique ».
Un conseil municipal de la résistance
Entre un impérieux attachement à un projet politique qui « s’adapte à tous les territoires » et sa détermination à lutter contre la pollution atmosphérique, le rapporteur spécial du budget des affaires maritimes et des ports, estime que Marseille peut devenir un « modèle de la transition écologique ».
Durant son discours, souvent ponctué d’applaudissements, Saïd Ahamada rêve « d’un conseil municipal de la résistance pour reconstruire cette ville ». Le combat, c’est aussi contre le Rassemblement national, dont les « idées tuent, il faut qu’on le dise [en référence au jeune Marseillais d’origine comorienne abattu d’une balle dans le dos par des colleurs d’affiches du Front national, en février 1995, ndlr].
« Marseille mérite que l’on se batte pour elle »
Des mots suivis d’une standing ovation dans ce bâtiment du Dock abritant bien des souvenirs. Des soirées musicales aux réunions publiques, auxquelles le ministre de l’Intérieur avait l’habitude d’assister plus jeune. C’est ici aussi, il y a 5 ans, sous les couleurs du PS, que l’ancien maire de Forcalquier avait pris la décision de retirer sa liste au second tour des régionales, pour faire barrage à l’extrême droite.
Il n’aurait « manqué ce meeting pour rien au monde », car il le qualifie d’amorce « d’un travail, d’un mouvement en profondeur pour changer Marseille. Pendant trois mois d’arrache-pied, nous allons la conquérir, la défendre. Marseille mérite que l’on se batte pour elle ».
Christophe Castaner juge la gestion marseillaise
Avec fermeté, il juge la gouvernance « trop faible pour faire respecter la loi et assurer la sécurité des Marseillais », aboutissant, selon lui, au drame de la rue d’Aubagne; le manque de détermination et d’ambition quand la ville, elle, regorge d’initiatives; la lenteur dans les projets (la piétonnisation de la Canebière, la livraison de la L2…). Une gestion à laquelle il oppose une gouvernance à réinventer, appelant à former « une coalition des amoureux de Marseille qui refusent les vieilles méthodes et les vieilles recettes ».
Pas de place non plus pour les solutions populistes. « Marseille n’a pas besoin de mensonges inefficaces, d’élus qui se lancent dans une course au poste, derrière les promesses toutes faites, il y a les trahisons qui guettent, l’immobilisme, se servir plutôt que servir ».
Un médecin pour soigner les maux de Marseille
Pour décrocher cette victoire « à portée de main », soigner tous les maux de la cité phocéenne, les marcheurs ont choisi un médecin, qui souhaite « porter pour Marseille un message à vocation universelle », et s’occuper des Marseillais comme il traite ses patients : « De manière égalitaire ».
L’heure n’est pas au détail des mesures, mais à la présentation de la vision : celle où l’école devient « l’atome de reconstruction des quartiers », où le travail, les compétences et l’égalité des chances ne sont pas « des choses désuètes », où l’éducation est le cœur du projet, « la culture le liant de la société », et où Marseille donne « l’exemple national » en trouvant « des solutions plutôt que des boucs émissaires ».
« Inventons notre propre voie et inspirons les autres »
Pour la deuxième ville de France, mais au-delà avec une ambition métropolitaine, Yvon Berland « voit grand », avec la création d’une école destinée aux « jeunes réputés sans avenir pour les former aux métiers de la transition écologique et du numérique »; la valorisation des secteurs d’excellence, permettre au territoire d’occuper « pleinement » sa position entre l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique; inscrire la rade marseillaise au patrimoine mondiale de l’Unesco…
Sur la question environnementale, il est en accord avec son porte-parole. Les deux hommes se complètent, et veulent d’une écologie plus humaine au service de l’amélioration de la santé, du pouvoir d’achat, créatrice d’emplois « pour tous, qui réconcilie la fin du mois et la fin du monde ».
S’appuyant sur la réussite de la fusion des trois universités sous sa présidence, cet impatient de caractère, entend aussi « agir vite », appelant à se libérer d’un fatalisme prégnant et des « complexes vis-à-vis de Paris, Barcelone… Marseille est Marseille. Arrêtons de vouloir copier les autres, car personne ne nous ressemble. Une ville méditerranéenne, africaine, européenne. Inventons notre propre voie et inspirons les autres pour qu’ils veuillent ressembler au Marseille africain, au Marseille asiatique ou au Marseille américain ».
Le serment d’Hippocrate VS les sermons d’hypocrites
Le professeur préfère assurément le serment d’Hipprocrate aux sermons d’hypocrites, et prône le « parler vrai », empruntant volontiers une expression bien connue d’une candidate « dire ce que l’on fait et fait ce que l’on dit ». En « rupture dans la gouvernance et la méthode », il entend faire une campagne en respectant ses adversaires politiques. La principale, Martine Vassal (LR), puisqu’Yvon Berland a décidé de se présenter dans les 6/8e arrondissements de Marseille. Après analyses des résultats des dernières élections, il estime qu’il peut faire la différence dans ce secteur.
Les rejetés et les bienvenus
L’appel « très large » au rassemblement est venu conclure son propos, sous la forme d’une anaphore. Il exhorte ceux qui « disent des choses en campagne et d’autres choses au pouvoir, les fétichistes des étiquettes politiques et des combines de partis », ceux qui pensent que « parce qu’ils ont fait le Marseille d’hier ont tous les droits sur le Marseille de demain », ceux qui pensent « qu’on peut continuer comme avant, en changeant juste les têtes et les mots, ne venez pas nous voir… d’autres vous accueilleront volontiers.»
Il ouvre les bras à ceux qui veulent « s’engager dans une alternative crédible »; qui comme lui, issu de la société civile, croient« à la politique avec un « P » pour changer la ville et mieux vivre ensemble, venez nous voir. Si vous voulez faire de Marseille, une ville où la compétence et le talent font tout et où l’origine sociale ou géographique ne font rien, venez nous voir. Si vous voulez bâtir le Marseille de demain, en faire une ville de tous les possibles pour tous ses enfants d’où qu’ils viennent, alors venez nous voir. En fait, si vous voulez voir grand, parler vrai et agir vite, eh bien venez nous voir ».