Entre espoirs et déboires, c’est le récap’ politique de la semaine à Marseille en vue des élections municipales 2020 : épisode 6.

Cette semaine dans la chronique politique, on vous parle du SOS de Macron à Jean-Marc Borello, pour dénicher une tête de liste LREM à Marseille en trois semaines chrono, de la candidate (LR) Martine Vassal, avec laquelle Renaud Muselier n’est pas tendre, mais qui joue, quant à elle, la proximité. De son côté, le Mouvement sans précédent lance officiellement sa campagne pour sonner le glas de « l’hiver politique », semer des propositions et faire germer son programme. Pendant ce temps, les acteurs du monde économique se fédèrent pour proposer leur projet pour la prochaine élection municipale.

SOS ! Jean-Marc Borello au secours des marcheurs

Tous sur la même ligne de départ. Chacun a sa chance ! « Trois semaines pour faire émerger des talents dans tous les quartiers, voir des gens qui n’imaginent pas entrer en politique ».

Telle est la mission de Jean-Marc Borello, président du groupe d’économie sociale et solidaire SOS et proche d’Emmanuel Macron. « Une fois que j’aurai rencontré tout le monde, les candidats se dévoileront dans les arrondissements et la CNI (commission nationale d’investiture) tranchera », explique-t-il à La Provence.

À cinq mois du premier tour des élections municipales, le parti présidentiel n’a toujours pas déterminé de stratégie, ni désigné de candidats pour la deuxième ville de France.

Pourtant, deux candidats se sont officiellement déclarés pour obtenir l’investiture LREM, le député des quartiers Nord, Saïd Ahamada et Yvon Berland, ex-président d’Aix-Marseille Université (Amu).

Les noms de trois autres personnalités circulent toujours : le doyen de la faculté de droit Jean-Philippe Agresti, Johan Bencivenga, désormais ancien patron de l’UPE 13 et l’architecte Corinne Vezzoni.

La venue d’un émissaire démontre qu’aucun ne semble trouver grâce aux yeux du président de la République, qui garde un œil attentif sur Marseille.

Pour Yvon Berland, qui a d’ailleurs fait remonter son impatience face à l’immobilisme de la CNI, cette mission de préparation des élections municipales à Marseille marque « l’accélération du processus d’investiture. Je souscris totalement à la volonté de la direction de LREM de rassembler largement les talents dans tous les quartiers et secteurs de Marseille. C’est d’ailleurs, ce à quoi je me suis employé depuis plusieurs mois avec mon équipe ».

Yvon Berland fait figure de favori dans la course à l’investiture, mais doit dépasser un handicap : élargir son socle électoral.

Lui assure avoir la volonté de « rassembler », en dehors des extrêmes, le plus largement possible autour d’un « projet ambitieux »; une fois seulement l’étape de l’investiture passée. Des discussions sont néanmoins engagées notamment avec Samia Ghali qui a choisi de s’éloigner du parti socialiste.

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Yvon Berland ne poursuivra pas la campagne s’il n’obtient pas l’investiture LREM. © N.K.

La sénatrice entretient des « discussions sérieuses et soutenues » avec LREM « au plus haut niveau » depuis déjà de longs mois, confie-t-on dans son entourage.

D’ailleurs, la relation entre Samia Ghali et le président de la République est ancienne, et date d’avant même son accession à la présidence de la République.

Quant à l’idée d’une « approche secteur par secteur afin de faire émerger celles et ceux qui constitueront une nouvelle génération et une nouvelle dynamique pour Marseille », avec in fine la désignation d’une tête de liste, les cadres du parti assurent que le mouvement désignera un ou une tête de liste et colistiers par secteur en suivant le processus habituel. « La désignation de la tête de liste étant l’aboutissement d’une dynamique locale et non son démarrage ».

Plusieurs annonces sont prévues dans les prochaines semaines, après une phase d’échanges et de rencontres avec Jean-Marc Borello qui arrive ce week-end à Marseille, pour remettre les compteurs à zéro.

Renaud Muselier sonne l’alerte

Ces rebondissements chez les marcheurs résonnent comme « une série sans fin », pour Renaud Muselier, qui ne croit pas en cette approche secteur par secteur : « Pas un seul Marseillais ne va penser qu’on va voter pour son maire de secteur en priorité. On vote pour le maire de Marseille ! » 

Et il sonne l’alerte : « L’enjeu est d’avoir une majorité qui puisse porter un projet politique. Si on termine, par malheur, avec des divisions multiples et variées avec 3/3/2 ou 3/2/3… qui vont envoyer à la Métropole leurs représentants pour ne pas avoir de majorité métropolitaine, c’est un désastre annoncé ».

Pour lui, « tous », à savoir « les gens à qui il parle à gauche jusqu’à ses amis de droite », sont capables de construire le rassemblement, « s’ils sortent de leur logique personnelle. Il faut faire des efforts dans la vie ».

C’est également valable pour son camp, au sein duquel les relations se sont tendues entre les deux prétendants Martine Vassal et Bruno Gilles.

Là encore, Renaud Muselier exhorte les candidats à trouver un accord, réitérant que la présidente du Département et de la Métropole Aix-Marseille Provence « ne peut pas tout avoir », et que Bruno Gilles ne peut pas « gagner seul ». 

Pas sûr qu’à ce stade, ils se mettent au garde-à-vous, chacun poursuivant sa campagne de son côté.

Martine Vassal joue la proximité

D’ailleurs, Martine Vassal a présenté, jeudi 17 octobre, les deux premières personnalités qui assureront le rôle de porte-parole tout au long de sa campagne : le général d’armée David Galtier, ainsi que la députée des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer.

Le général Galtier, Marseillais originaire des Olives (13e) a fait partie de l’état-major de la Gendarmerie nationale, et l’un des experts nationaux en matière d’ordre public et de police judiciaire.

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Martine Vassal aux côtés du général Galtier.

Il est chargé de piloter le volet « Protéger » du programme de Martine Vassal.

Il a détaillé les contours de sa mission à l’occasion de la présentation du projet de transformation des locaux du commissariat de police nationale du 8e arrondissement, avenue d’Haïfa, en poste de police municipale de secteur.

« C’est le premier qui était sous la main et que l’on va pouvoir transformer très vite, avec l’aide d’Yves Moraine, maire du 6-8e », assure le général Galtier. « C’est pas simplement du verbe, ça se traduira dans les faits. Notre première mission, c’est de renforcer la proximité, c’est donc d’avoir des commissariats dans chacun des secteurs de la ville. La proximité c’est aussi donner de la visibilité à notre police municipale : nos concitoyens veulent de la tranquillité publique, de la paix publique et être rassurés dans les transports en commun ».

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Maquette du projet du futur commissariat.

L’idée étant de développer la police municipale dans tous les secteurs de Marseille et d’augmenter les effectifs jusqu’à atteindre 1200 policiers municipaux dans la deuxième ville de France.

Dans la soirée, Valérie Boyer, quant à elle, a tenu sa première réunion de soutien dans le quartier de la Valentine, aux côtés de Julien Ravier, le maire de secteur. Elle sera chargée de relayer la campagne au niveau national.

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De g. à d. Julien Ravier, Martine Vassal et Valérie Boyer.

L’éclosion du printemps marseillais

Vendredi 18 octobre 2019. Eh oui, c’est l’automne, mais cette date marque désormais le premier jour du « printemps marseillais ». C’est le nom qu’a choisi le Mouvement sans précédent pour mener la campagne des municipales à Marseille.

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Cette alliance inédite – née de l’appel « s’unir ou subir », lancé le 11 juillet dernier –  est composée de membres de collectifs citoyens, de représentants d’associations, d’élus et militants politiques de partis de gauche (PC, LFI, Générations, Parti Radical…)

Ensemble, ils portent l’ambition d’incarner une « force alternative » pour 2020 et nourrissent l’espoir de « remettre cette ville debout ».

Pas question pour les maîtres d’œuvre de ce printemps marseillais de se laisser enfermer dans la désignation réductrice « d’union de la gauche », « trop connotée », pour Jean-Marc Coppola (PCF). « Nous sommes bien plus que ça. C’est inédit que dix partis politiques différents acceptent avec les citoyens de construire un mouvement à parité ».

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Aux oubliettes « cette vielle gauche de 1981 », décrite par Sophie Camard (LFI). Eux misent sur des forces – certes issues de la gauche – mais avant tout progressistes et citoyennes. « On n’est pas ensemble ici car des appareils politiques nous l’ont demandé. On est un certain nombre à avoir pris nos responsabilités, et on surmontera tous les obstacles », assure l’Insoumise.

Même analyse pour Benoît Payan (PS) et Michèle Rubirola (EELV) qui sont intervenus par ordinateur interposé depuis le conseil départemental, où se tenait la séance plénière.

« On veut faire de la politique avec un grand P »

Animé par des combats communs (PPP des écoles, 5-Novembre, urgence climatique, Villa Valmer, site de la Corderie, Boulevard Urbain Sud…), porté par une « aspiration unitaire au changement », le printemps marseillais entend offrir un nouveau souffle à la 2e ville de France, grâce à un programme reposant sur quatre piliers fondateurs « aussi importants les uns que les autres », insiste Olivia Fortin, du collectif Mad Mars : Marseille réunifiée par les égalités, Marseille gouvernée par ses habitants, Marseille transformée par une écologie qui change la ville et enfin Marseille relancée, grâce à une ville créative et créatrice d’emplois.

« Le projet sera incarné »
Il a fallu du temps pour trouver le modèle de fonctionnement. Aujourd’hui, le Mouvement sans précédent s’appuie sur son Parlement (50% politiques – 50 % société civile), qui se réunit de manière hebdomadaire. Comment ça marche ? Chacun des membres s’inscrit au préalable pour y prendre la parole. Une fois les échanges clos, les différentes positions sont ensuite arbitrées. Avant ça, le travail s’effectue au sein de différentes commissions à l’instar de la « commission électorale », animée par Aldo Bianchi (Marseille et moi) et Alexandra d’Agostino (Génération.s). « Ce groupe de travail propose d’aller chercher des candidatures dans toute la cité, d’être vraiment représentatif de ce qu’est Marseille, rien n’est ficelé d’avance », souligne Aldo Bianchi. Une manière de répondre à la question sur la désignation des têtes de liste. Si chaque secteur de la ville sera représenté, l’heure n’est pas encore au choix, mais « il faudra que cette campagne s’inscrive à Marseille. Ce projet sera incarné », rassure Olivia Fortin.

 

Le mouvement prévoit d’organiser un certain nombre de réunions publiques « pour faire remonter les préoccupations, entendre les propositions, mais aussi pour rencontrer les futurs candidats sur notre liste ». Mais aussi via la création d’une plateforme en ligne.

Dès aujourd’hui, les référents territoriaux au nombre de 64 se réunissent pour définir une feuille de route. Deux bassins de vie par arrondissements ont été déterminés soit 23 réunions publiques au programme.

Le 9 novembre, c’est sur les différents marchés de la ville qu’ils iront faire de la pédagogie, pour inciter les citoyens à s’inscrire sur les listes électorales. Enfin, un grand meeting est prévu au mois de décembre.

Les membres du printemps marseillais se disent prêts à « faire de la Politique avec un grand « P » au sens de l’art de gérer la cité (au sens grec du terme). Si on arrive à faire l’union dans le but de faire avancer le progrès social et qu’on arrive à gagner, ça, c’est un coup de tonnerre en France. »

D’un printemps à l’autre, du gel au dégel…

La rupture entre le printemps écologiste porté par EELV et le printemps marseillais n’est pas consommée. Les échanges ne sont pas gelés avec l’équipe de Sébastien Barles, indique Christian Bruschi, de Réinventons la gauche.

Idem avec le Pacte démocratique (composé de citoyens, militants syndicalistes, associatifs et collectifs de quartier). Il a fait le choix d’avancer de son côté, mais là encore rien n’est fermé. « On espère un rapprochement fusionnel », indique Christian Bruschi.

Kévin Vacher, membre du collectif 5-Novembre et du Pacte démocratique regrette, quant à lui, la faible implication citoyenne dans ce processus mené par le printemps marseillais, « mais ne désespère pas que le pacte démocratique la permette réellement ». Pour lui, « la convergence entre mouvement social, la gauche et les écolos, doit se construire avec l’implication directe des citoyens ». Le Pacte démocratique a lancé son compte twitter, vendredi 18 octobre.

Les petits plus de la semaine politique 

Le Clap ! politique avec Sophie Camard (LFI). Engagée au sein du printemps marseillais, la chef de file LFI à Marseille est l’invitée de notre prochain Clap ! politique. A visionner la semaine prochaine.

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L’ambition. Les acteurs du monde économique veulent faire entendre leurs voix et être force de propositions en vue de la prochaine échéance électorale. Convaincue que c’est par l’économie que se concrétisera durablement la mutation de ce territoire, la CCI Marseille Provence a lancé la démarche « Tous Acteurs Municipales 2020 ». A (re)lire ici.

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