Les militants d’EELV tracent désormais leur propre route, optant pour une écologie « radicale et pragmatique ». Du côté de l’UDE, la désignation d’un nouveau chef de file à Marseille pour les municipales de mars 2020 cause quelques remous. C’est notre chronique politique du samedi. #5 [Article mis à jour à la suite de nouvelles déclarations à l’UDE].

Coup de froid… avant le printemps des écologistes 

« Au premier tour, nous partirons dans le cadre d’un large rassemblement écolo-citoyen fédérant l’ensemble des formations se réclamant de l’écologie et l’ensemble des acteurs ; collectifs et organisations qui souhaitent une rupture avec le système (…) Nous souhaitons associer à notre démarche tous les acteurs de la transition qui déjà expérimentent dans la ville des projets éco-solidaires ». Tel est le souhait, validé le 5 octobre dernier, par les militants marseillais d’Europe-Ecologie les Verts.

Lors de leur assemblée générale, samedi dernier, ils ont choisi à une large majorité de ne finalement pas s’inscrire dans le Mouvement sans précédent [composé d’une dizaine de formations politiques de gauche, d’écologistes et de collectifs citoyens, ndlr], qui « partage pourtant avec eux les mêmes constats, la même vision, et la nécessité de créer le changement dans notre ville ».

Le Mouvement sans précédent (MSP) dit regretter cette décision, qui a mis un froid dans les relations entre les représentants des deux formes de rassemblement. Le Pacte démocratique pour Marseille, lui, n’a pas caché sa colère sur cette mésentente, appelant« EELV à changer de cap et à préférer construire une liste de convergence », avec lui et le MSP « et à travailler dans le cadre des assemblées citoyennes à une liste commune plutôt qu’une liste qui diviserait notre famille commune. »

Le Pacte a également demandé au MSP de changer de méthode et à « coinventer » la campagne électorale avec les citoyen-nes réuni-es dans les espaces ad hoc (assemblées, plate-forme internet…)

Porté par une volonté de « rupture », et de dépassement des étiquettes, le MSP continue de tendre la main à l’organisation d’EELV, qui a présenté, hier, ses premiers axes programmatiques, suivant désormais sa verte stratégie.

« Les terriens contre les destructeurs »

, La semaine politique : les « terriens contre les destructeurs », l’écologie bobo et le Pacte vertueux, Made in Marseille

C’est au Chalet du Pharo que les « Verts » ont tenu leur première conférence de presse, marquant le début de leur campagne. Confortés dans leur position par les différents sondages, pour eux, seule l’écologie apparaît comme le moyen de ramener les électeurs « déboussolés » aux urnes. « C’est un vecteur d’espoir », assure Sébastien Barles, nouveau chef de file d’EELV à Marseille.

Aux côtés de membres de l’Alliance écologiste indépendante, d’Urgence écologie ou encore de Génération écologie, ils ont dévoilé quelques propositions de campagne comme la création « de véritables conseils de quartier avec un budget participatif d’animation et d’équipement », instaurer un revenu de transition écologique pour permettre l’accompagnement des entreprises dans leur transition verte ou encore mettre en place un minimum social garanti en « faisant des économies de fonctionnement ». 

« C’est le projet qui nous anime et l’urgence », assure Sébastien Barles, qui défend une « écologie radicale et pragmatique ». Pour la mettre en œuvre, le mouvement compte sur les travaux qui seront menés au sein de quatre commissions thématiques, lesquelles seront ouvertes à la société civile : oxygéner la démocratie citoyenne locale ; bâtir une ville nature, ; tisser une ville solidaire et enfin la reconversion économique pour faire de Marseille, « une ville artisanale, une ville de l’économie sociale et solidaire ».

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Ecoutez

Les partisans de cette ligne écolo ne ferment pas, non plus, la porte aux discussions avec « leurs partenaires », sous conditions.  « On sait qu’on a dix ans pour agir, donc nos mesures seront radicales, on ne cédera pas dessus et ceux qui seront convertis de fait, sur la base d’un contrat au soir du premier tour à nos mesures d’urgence… Eh bien, ceux-là, on sait à priori qui ils sont, on discutera le moment venu. »

Sébastien Barles aime à citer cette phrase du philosophe, Dominique Bourg : « le vrai clivage ce n’est plus gauche -droite, c’est les terriens contre les destructeurs [ceux qui pensent que le traitement de la société réside dans le productivisme, la recherche de la croissance, ndlr] ». Et parmi, les destructeurs, il compte la gauche. Trouver un pacte vertueux avant le premier tour s’annonce difficile.

Hassen Hammou désigné chef de file UDE à Marseille ?

Sur proposition de François-Michel Lambert, député, qui se revendique co-président de l’Union des démocrates et des écologistes, Hassem Hammou a été désigné chef de file du parti pour Marseille. Le jeune homme de 30 ans, issu des quartiers nord, est un militant associatif engagé depuis plus de 10 ans. « C’est d’ailleurs ce parcours qui a conditionné mon engagement en politique », soutient-il, « parce que j’ai vu que la véritable action politique n’arrivait pas jusqu’à nous, ça se matérialise d’ailleurs par les transports qui s’arrêtent à une certaine frontière. On a d’abord pensé le cœur de ville, en excluant tout ce qui était à la marge. Les choses se font trop souvent sans nous. »

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C’est auprès d’une figure communiste que cet entrepreneur fait ses armes : « Joël Dutto ; car il venait dans les quartiers à l’époque et le discours larmoyant que nous vendait le parti socialiste à Marseille ne me convenait pas ».

Il fait même une petite virée du côté des Républicains, « car j’avais envie de m’engager concrètement, parce que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire et là j’ai été servi », raconte-t-il. Episode clos. Puis, il trouve les idées du Modem en phase avec les siennes, mais là-encore, à Marseille, il ne trouve pas sa place en tant que coordinateur « alors que je me sens proche des idées ».

Poussé par une envie d’agir, c’est donc désormais en tant « qu’homme libre, issue de la société civile », qu’il souhaite apporter sa contribution en vue des élections de mars 2020.

Le jeune homme souhaite mettre au cœur du débat, les questions d’égalité, « faire de Marseille une ville plus équitable », l’écologie « qui tient à cœur à l’UDE  naturellement » et lutter contre les stéréotypes bien ancrés : « dire que la propreté dans les quartiers ça ne nous intéresse pas, c’est faux et c’est un vrai sujet de santé publique ».

Parmi quelques propositions, il prône le retour des « grands frères » dans les quartiers, ces acteurs hybrides et divers de la politique locale. Médiateurs, auxiliaires d’éducation, référents, modèles… lors de son discours sur les banlieues le 19 mai 2018, Emmanuel Macron avait promis le retour de ces acteurs de terrain.

Hassen Hammou a le soutien plein et entier de François-Michel Lambert, avec qui il a signé plusieurs tribunes dans des médias nationaux aux côtés d’autres figures écologistes comme Noël Mamère. « Il ne débarque pas de nul part dans la sphère écolo, il comprend les enjeux de rapprocher les deux mondes : l’enjeu des quartiers doit être lié à une transformation du modèle de notre société, explique le parlementaire. Il va démontrer qu’on peut donner à cette écologie bobo, une nouvelle respiration. »

Et pourtant Christophe Madrolle est bien le candidat officiellement investi à l’UDE

Avec cet état d’esprit, ils sont disposés à discuter et travailler « avec tous ceux qui sont prêts à se dépasser. L’objectif n’est pas le leadership mais apporter notre contribution, pour donner à la seule métropole de France une nouvelle dynamique. Les poussées d’ego des uns et des autres ne nous intéressent pas. Le sujet reste le collectif », insiste François-Michel Lambert.

Avec cette nouvelle nomination marseillaise, quid de Christophe Madrolle ? Pour François-Michel Lambert, ce n’est plus un sujet. « Il est tellement président de l’UDE qu’il veut être tête de liste LREM », tacle-t-il. « Je suis triste. Il devait être comme moi, engagé pour donner un bel avenir à nos enfants, il ne bâti rien, et ça c’est dommage. Il veut être le leader LREM ? qu’il s’arrange avec les candidats Saïd Ahamada, Yvon Berland ou Yohan Bencivenga… »

Après l’affaire des Rosiers, Christophe Madrolle lui revient de son côté avec un débat sur le thème « quelle ville écologique pour demain ? », avec Yann Wehrling, ambassadeur à l’environnement, lundi 14 octobre, à l’OM Café.


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Depuis avril 2019, Christophe Madrolle est président par intérim du mouvement, entouré d’une équipe renouvelée, jusqu’au 31 décembre.

Le secrétaire général de l’UDE, Mathieu Cuip, a réagi réaffirmant que le candidat officiellement investi à Marseille pour les municipales de Marseille « est bien Christophe Madrolle. Il a été investi par l’UDE, et cette candidature est naturelle. Je n’ai pas le plaisir de connaître ce garçon [Hassen Hammou], qui doit avoir beaucoup de qualités, par ailleurs». 

Et d’expliquer : « François-Michel Lambert a démissionné du mouvement. C’est comme si moi avec trois copains je fais une réunion pour désigner un candidat. Il y a des statuts officiels et le titre de co-président n’existe pas dans les statuts. Par ailleurs, si vous êtes démissionnaire d’un mouvement vous n’en êtes plus adhérent. D’ailleurs nous avons deux procédures pénales engagées à son encontre le 21 mai et le 6 septembre pour usurpation de titre, faux et usages de faux.» 

L’UDE a acté le 9 novembre dernier, par courrier, la démission de François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône, du porte-parolat de l’UDE et de « toutes fonctions internes au mouvement ».

Une assemblée statutaire aura lieu avant le 31 décembre 2019, qui revotera pour une nouvelle gouvernance.

Alors qu’il déclarait, hier, à made in marseille, être le « nouveau chef de file de l’UDE » et qu’une conférence de presse devait être organisée lundi pour l’annoncer à la presse, Hassen Hammou a démenti aujourd’hui sur son compte Twitter.


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