Johan Bencivenga a démissionné aujourd’hui de la présidence de l’UPE13, pour se consacrer à la candidature LREM pour les municipales de 2020 à Marseille ? Philippe Korcia, actuel président de l’UPE Pays d’Aix et président du conseil d’administration de l’Ursaff Paca lui succède pour assurer l’intérim.
C’était dans les tuyaux depuis quelques semaines déjà. Et c’est fait. Johan Bencivenga a démissionné, en fin d’après-midi, de sa fonction de président de l’Union des entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE13), lors du conseil exécutif du mouvement patronal. Johan Bencivenga a déclaré qu’il quittait la présidence de l’UPE13 « fier et heureux du travail que nous avons accompli tous ensemble durant ces quatre années, où j’ai impulsé un changement d’ère dans le plus ancien syndicat patronal de France ».
Johan Bencivenga avait été élu en 2015 sur un projet de décloisonnement des mondes et pour le rapprochement des sphères économiques, politiques, académiques et administratives. Son bilan est marqué, entre autres, par la féminisation des corps intermédiaires, l’opération Make the Choice, destiné à stimuler l’esprit d’entreprendre chez les jeunes, « mais aussi le maintien de l’indépendance financière de l’UPE13 malgré un contexte institutionnel complexe », rappelle un communiqué de presse.
Une envie d’ailleurs
Depuis la venue du président de la République à Marseille, à la veille de la clôture du Sommet des deux rives, en mai dernier, Johan Bencivenga avait montré un certain intérêt à se lancer en politique, en briguant l’investiture LREM pour les prochaines élections municipales à Marseille. A l’occasion du Forum des entrepreneurs en septembre dernier, organisé à Kedge, il confiait se « poser les bonnes questions », avant de prendre une décision définitive. Depuis cet été, le patron des patrons s’est rendu à plusieurs reprises à l’Elysée, où il a rencontré des conseillers du président de la République, au même titre que les autres candidats, déclarés ou non, à l’investiture.
Cette nouvelle ambition à peine voilée n’a pas été du meilleur effet au sein de l’UPE13 créant un certain malaise. S’il n’avait pas quitté sa fonction de son propre chef, un certain nombre de membres auraient poussé Johan Bencivenga vers la sortie « car l’UPE13 est un syndicat patronal apolitique, c’est inscrit dans les statuts », nous glisse un adhérent. D’ailleurs, Corinne Versini, fondatrice de Genes’Ink. avait été contrainte de quitter l’organisation interprofessionnelle en prenant le poste de référente départementale LREM lors des élections présidentielles.
Sa volonté de se lancer dans la course à l’investiture LREM n’a pas non plus été bien accueillie du côté de Martine Vassal, car le chef d’entreprise faisait parti des groupes de travail de « Marseille Métropole Audacieuse » sur le volet développement économique. Un pôle finalement coordonné par Stéphane Soto, directeur de l’association Mendinsof, qui a d’ailleurs présenté la restitution des travaux le 12 septembre.
« Une approche bienveillante »
Si certains dans l’entourage de Johan Bencivenga évoquent le fait que cette démission ne rime pas forcément avec le début d’une campagne électorale en vue des municipales, lors de son discours l’intéressé a été plutôt explicite : « je reste plus que jamais animé par une volonté d’action et de dépassement qui me pousse aujourd’hui à considérer la possibilité d’une autre forme d’engagement pour le bien des entreprises, et plus largement pour celui de Marseille et de notre territoire ».
Selon un cadre de LaRem 13, Johan Bencivenga est porté par une « vraie volonté de dépassement qui le pousse à oser autre chose toujours pour le bien des entreprises dont il s’est occupé jusque-là, mais plus largement pour le bien de Marseille. Son départ n’est pas le fruit d’une simple ambition personnelle mais plutôt le résultat d’une rencontre avec le président de la République et d’une réflexion. Aujourd’hui, il se donne les moyens de rassembler. Son approche est bienveillante et mesurée. Il est surtout à l’écoute parce que nous sommes dans un moment unique dans la vie de Marseille, clairement à la fin d’une époque et qu’on voit bien qu’il faut faire bouger les lignes politiques, si on veut faire bouger Marseille. »
« Qui aurait cru qu’un banquier puisse devenir président de la République ? »
En juillet dernier, [pour de l’inauguration de la Plateforme, ndlr], nous avions interrogé Cédric O, sécrétaire d’Etat au numérique à propos d’une éventuelle candidature de Johan Bencivenga à la mairie de Marseille. Il avait répondu avec le sourire et par deux fois : « Je pense que toutes les options sont ouvertes à Marseille. Quand Emmanuel Macron s’est lancé, qui aurait cru qu’un banquier puisse devenir président de la République en France ? »
Yohan Bencivenga n’a, quant à lui, pas répondu à nos sollicitations.
Philippe Korcia, entend oeuvrer avec « dynamisme ». A la suite de ce départ, Philippe Korcia, président du conseil d’administration de l’Ursaff Paca a été élu président par intérim. Militant à l’Upe 13 depuis 20 ans, Philippe Korcia a exercé de multiples mandats complémentaires : juge au Tribunal de commerce, président de chambre de procédure collective, vice-président du syndicat des agences de voyages, président de l’Upe 13 Pays d’Aix et enfin président du conseil d’administration de l’Ursaff Paca. « Ces différentes fonctions ont forgé chez Philippe Korcia un regard unique et particulièrement complet sur lequel il pourra sereinement s’appuyer à la tête du premier syndicat patronal des Bouches-du-Rhône », indique le communiqué de l’UPE13. Il prend immédiatement ses fonctions et entend œuvrer avec « dynamisme » : « L’Upe 13, sous l’impulsion de Johan Bencivenga, a entamé un travail profond de rénovation, essentiel pour notre avenir et pour nos adhérents, at-il déclaré. Je souhaite, avec les membres de mon bureau et les équipes opérationnelles, poursuivre cet effort. Mon rôle sera de soutenir les initiatives de progrès et de changements, de militer, d’écouter et de faire remonter la parole des entreprises auprès de tous les acteurs économiques et politiques dans un contexte d’élections municipales ».