La start-up marseillaise AmyPore en incubation à Kedge BS va annoncer « les résultats remarquables » de sa molécule thérapeutique innovante AmyP53. Mise au point par deux chercheurs de l’Université Aix-Marseille, elle pourrait, selon eux, révolutionner le traitement de la maladie d’Alzheimer et de Parkinson.
Un traitement efficace contre les maladies d’Alzheimer et de Parkinson serait-il en train de voir le jour à Marseille ? Il s’agit de rester prudent à l’annonce de thérapies pour des maladies de telle ampleur. Pourtant, c’est ce que devraient annoncer deux chercheurs de l’université Aix-Marseille au 3ème Congrès mondial de neurologie et traitements, à Madrid le 7 octobre 2019.
Après quinze années de recherche, Nouara Yahi et Jacques Fantini, chercheurs et maîtres de conférences à la faculté de Saint-Jérôme, affirment avoir mis au point le « premier traitement efficace » contre les neuro-dégénérescences présentes dans les maladies de Parkinson et Alzheimer.
La molécule thérapeutique innovante brevetée AmyP53 ambitionne de proposer un traitement sans précédent dans le contexte d’urgence thérapeutique mondiale de ces maladies : « Efficace, en s’attaquant à l’origine de la maladie. Non-toxique, 100 fois moins cher que toute immunothérapie, et déployable rapidement à l’échelle mondiale ».
Une solution contre le « donut »
En couple dans la vie comme dans la recherche, Nouara Yahi et Jacques Fantini travaillent depuis plus de quinze ans sur la détérioration progressive et définitive des cellules nerveuses observées chez les malades d’Alzheimer.
Dans la compréhension de la maladie d’Alzheimer, les deux chercheurs marseillais privilégient une théorie baptisée « donut ». Une référence à la forme que prendrait la fixation de protéines particulières (bêta-amyloïde) sur les cellules nerveuses, créant une brèche dans leur membrane. Toujours selon cette théorie, c’est par cette ouverture dans la cellule que s’engouffreraient sans limite des ions calcium, entraînant la mort du neurone par une série de réactions.
Un leurre nommé AmyP53
Les scientifiques ont donc créé « un leurre » pour attirer ces protéines et les empêcher d’ouvrir la brèche fatale au neurone. Un « peptide chimérique » baptisé « AmyP53 ». Il empêcherait ainsi la protéine de s’agglomérer à la cellule nerveuse et de créer le « donut » ravageur.
Cette molécule, facile et économique à synthétiser selon ses inventeurs, serait donc un candidat sérieux pour un médicament, qui pourrait être efficace pour la maladie de Parkinson également. La Commission européenne a été convaincue et soutient le développement du traitement dans le cadre du programme Horizon 2020.
Les deux chercheurs s’appuient sur une hypothèse parmi d’autres dans la recherche scientifique sur la maladie d’Alzheimer. Ils n’ont pas encore présenté leurs résultats donc je ne peux pas me prononcer sur l’efficacité d’un tel traitement. Pour tester réellement une molécule, il faut le faire sur de vraies cellules nerveuses, sur des souris de laboratoire par exemple, ce qui ne semble pas être le cas aujourd’hui.
Mais on a hâte de voir la publication des résultats annoncés, et la suite sur les tests pour voir si AmyP53 est une molécule innovante et prometteuse. Ils ont obtenu des financements conséquents qui leur permettront de vérifier leur hypothèse, et si c’est le cas, de développer leur traitement.
Une start-up familiale marseillaise
Le couple de chercheurs marseillais a breveté la molécule, et c’est le fils, Driss Fantini, via la start-up en biotechnologies AmyPore, qui travaille à sa mise sur le marché. Une start-up couvée par la Business Nursery de Kedge Business School, à Luminy.
S’il ne veut pas en dire trop pour le moment, le chargé de projet chez AmyPore, Philippe Crespo, avance que « des résultats très significatifs seront annoncés ce lundi à Madrid », lors du Congrès mondial de neurologie et traitements.
Cinq à dix ans avant une mise sur le marché
« La mise sur le marché du traitement ne dépend plus de nous, mais des autorités de santé », tempère-t-il, « on peut attendre jusqu’à 10 ans avant que les tests valident la molécule ». Il rajoute cependant que « ce temps peut être divisé par deux, étant donné que la molécule est non-toxique. Elle est éliminée naturellement par l’organisme, sans conséquence ». Une non-toxicité qui pourrait même laisser envisager des essais sur des patients d’ici à un an selon le chargé de projet chez AmyPore.
Étant donné l’ampleur de ces maladies neuro-dégénératives, et leurs conséquences économiques, les États-Unis ont notamment mis en place une procédure accélérée de validation de la molécule, dont espère bénéficier la start-up marseillaise.