Malgré une fin de non-recevoir de la part des marcheurs, et l’opposition affirmée de Jean-Pierre Serrus (LREM) dans l’hémicycle métropolitain, Martine Vassal reste sur sa stratégie de rassemblement dès le premier tour des municipales 2020. Une « folie », selon Bruno Gilles.

Depuis que Martine Vassal a appelé à un « large rassemblement », dès le premier tour des municipales 2020, quelle agitation ! Cette annonce, principalement motivée par le combat contre le Rassemblement national, n’a pas reçu l’effet escompté chez les marcheurs locaux. Rapidement, LREM a fermement exprimé son refus d’une alliance avec « l’ancien monde », prônant « une alliance avec tous les Marseillais ». Malgré cette fin de non-recevoir, la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence poursuit son opération séduction à l’attention du parti présidentiel.

LREM affirme sa position de force dans l’hémicycle métropolitain

Elle avait soigné son intervention, ce jeudi 20 juin, dans l’hémicycle métropolitain. Un préambule à la séance dans lequel elle remercie le travail du député Jean-Marc Zulési, qui a permis au gouvernement de donner son feu vert pour la création d’un établissement public pour financer les transports. « L’étude démontrera l’utilité d’avoir cette agence. J’y serai vigilante car ce nouvel organisme pourra prendre le relais du Département qui a consacré 520 millions d’euros sur l’agenda de la mobilité métropolitaine, notamment pour la mobilité douce ».

, Marseille 2020 : une alliance est-elle possible entre LR et LREM ?, Made in Marseille

Un agenda mis en œuvre par l’ex vice-président en charge des Transports Jean-Pierre Serrus, évincé de son poste en septembre 2018, lorsque Martine Vassal a pris les rênes de la Métropole. Le maire de la Roque-d’Anthéron – qui a rallié LREM – n’a ainsi pas manqué l’occasion de s’exprimer sur la gestion des finances de la Métropole. Il avait déjà dénoncé l’absence de débat de fond sur cette question-là.

Pour évoquer ce « sujet majeur », et celui de la mobilité, il lui semble impératif d’organiser prochainement une séance plénière de la Conférence métropolitaine des maires. Un souhait auquel adhère le maire de Grans, Yves Vidal (DVG), pour qui « la Métropole aura du mal à respecter ses engagements financiers sans apport du gouvernement », démontrant au passage que LREM à l’avantage.

Martine Vassal : « Soit on prend chacun nos responsabilités, soit chacun pense à sa propre personne »

Néanmoins, Martine Vassal ne change pas de cap : « Moi, je suis toujours partie sur un principe qui est très simple : c’est celui du rassemblement. Se rassembler avec ceux qui veulent le meilleur pour ce territoire ne me semble pas complètement fou », nous confie-t-elle. « Dans toutes les élections municipales, il y a eu un rassemblement. Aujourd’hui, il y a un vrai danger : le Front national. On voit qu’il s’installe dans la deuxième ville de France. Soit on prend chacun nos responsabilités, soit chacun pense à sa propre personne. Je pense qu’aujourd’hui, on n’est plus sur un problème d’individualité, alors qu’on doit être sur une problématique globale : que faisons-nous contre les extrêmes ? », explique la présidente de la Métropole.

« Si le FN s’est installé, c’est justement parce qu’en 2014, sur le secteur des 13e et 14e arrondissements, la gauche qui est arrivée derrière la droite, ne s’est pas désistée. [Dans le 7e secteur, Stéphane Ravier (FN) était arrivé en tête du premier tour des élections municipales, avec 32,88% des voix, devant Richard Miron (UMP), 27,83% et le candidat du PS, Garo Hovsepian] Nous avons eu des élus FN qui ont donné un sénateur [ Stéphane Ravier, ndlr ]. » Pour l’élue, des triangulaires, voire des quadrangulaires « sont extrêmement dangereuses », puisqu’il faut enregistrer plus de 10% des voix pour se maintenir au second tour.

Une histoire d’égos

Dans cette quête d’union de la droite, du centre et de LREM, Martine Vassal a désormais le soutien plein et entier du maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin. « Je rencontre énormément de Marseillaises et de Marseillais qui m’ont dit approuver et soutenir la volonté de rassemblement et d’unité que Martine Vassal a développée ces jours-ci. C’est une chose indispensable », a-t-il récemment déclaré sur France Bleu Provence. « Quand on est le chef, il faut parfois faire des sacrifices. Moi aussi j’en ai fait plusieurs fois au fil des années (…) On n’est pas dans le tout-à-l’ego », poursuit-il, appelant « à l’humilité et à l’unité.»

Même discours chez Martine Vassal qui rappelle qu’elle a pris la présidence du Département « pas uniquement avec des voix de l’UMP à l’époque. Puis, quand j’ai été élue à la tête de la Métropole, je n’ai pas été élue uniquement avec les voix des Républicains. Ce sont de faux problèmes. Ça fait découvrir certaines personnalités, qui en vérité, veulent avoir le poste, avant de travailler sur le projet », poursuit Martine Vassal, qui continue son travail de terrain. Hier, en fin d’après-midi, elle était dans le 7e arrondissement pour aller à la rencontre des Marseillais(e)s.

Yves Moraine, maire du 6-8e arrondissements de Marseille « partage totalement la vision de Martine Vassal de faciliter un rassemblement pour Marseille sur les projets au-delà des étiquettes partisanes et contre les extrêmes ». Il faut pour lui « vérifier » la capacité à trouver des convergences sur le fond, « sur un projet de développement pour Marseille ». Le patron de la majorité LR au conseil municipal « sent » que l’électorat à une certaine appétence « pour ce rapprochement entre LREM et LR pour les élections locales. Nous avons toujours effectué des rapprochements lors d’élections locales ».

Bruno Gilles : « Ce n’est pas quand on est affaiblit que l’on se lance dans des alliances »

La déclaration de Jean-Claude Gaudin n’a évidemment pas échappé à Bruno Gilles, seul candidat officiellement déclaré du côté des Républicains. « Ce n’est pas une surprise, je m’attendais un jour ou l’autre, au fait que le maire déclare son soutien à Martine Vassal », nous confie le sénateur LR.

Sans vouloir commenter davantage les propos du maire de Marseille, il estime qu’un rassemblement avant le premier tour est une « erreur en temps et en stratégie, car nous sommes à huit mois des élections municipales et à quelques semaines seulement d’un échec cuisant aux européennes. Ce n’est pas quand on est affaiblit que l’on se lance dans des alliances. » Il est favorable à une ouverture, « mais pas avec des tentatives de négociations d’arrière-boutique, c’est ce que les gens vomissent. »

Il reste convaincu qu’il existe un important électorat de droite à Marseille, en désaccord avec le parti présidentiel, et « qu’il ne faut pas l’effaroucher dès le premier tour ». Le sénateur dont sa propre famille politique avait qualifié de « légitime » sa candidature à la mairie de Marseille, a  d’ailleurs récemment dévoilé quelques grands axes de son projet, aux côtés des personnalités avec lesquelles il travaille quotidiennement.


Un 4 juillet sans Bruno Gilles

Alors que, selon Le Monde, Jean-Claude Gaudin rêverait d’une alliance de premier tour avec une mairie aux mains d’un candidat LREM, un poste de premier adjoint à Yves Moraine et une Métropole laissée à Martine Vassal, [propos démentis par le maire de Marseille à plusieurs reprises, notamment à l’occasion du dernier conseil municipal le 17 juin NDLR], Bruno Gilles oppose « une folie de rentrer dans le deal des institutions. C’est fou de négocier ça maintenant. Il peut se passer beaucoup de choses en huit mois. Il est urgent d’attendre ». 

La scission entre les deux stratégies de rassemblement est claire. Elle sera officiellement entérinée le 4 juillet à l’occasion de la grande soirée de Martine Vassal au Silo, et à laquelle Bruno Gilles ne participera pas.


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