Le coût de la subvention de 150 000 euros accordée par la Ville de Marseille pour l’accueil du concours Miss France 2020 au Dôme en décembre prochain a fait débat au conseil municipal.
Le 14 décembre 2019, la ville de Marseille va accueillir l’élection de Miss France 2020, au Dôme. Pour aide à l’organisation de cet événement, la municipalité a décidé d’attribuer une subvention de 150 000 euros à l’Office de Tourisme et des Congrès. Une somme qui servira entre autres à assurer l’hébergement et les repas des 30 prétendantes au titre et des équipes techniques. Après leur traditionnel voyage préparatoire, les miss rejoindront, en effet, la cité phocéenne pour une dernière phase de répétitions d’une durée de 17 jours avant le grand soir. Cette aide de la Ville est jugée « indécente » par les élus PCF, PS et EELV.
Après le drame de la rue d’Aubagne, ils estiment que cette somme « pouvait être utilisée plus utilement pour répondre aux préoccupations des Marseillaises et des Marseillais, comme par exemple pour les délogés de l’habitat indigne », déclare Jean-Marc Coppola (PCF), rappelant que le coût prévisionnel de cette cérémonie à Lille, avoisinait les 500 000 euros. Au-delà d’allouer cette subvention à « d’autres priorités », l’élu a mis l’accent sur le fait que Marseille est passé à côté d’une manifestation sportive majeure : « Nous comprenons la recherche de la valorisation de nos territoires en utilisant des manifestations à fort rayonnement médiatique, mais alors pourquoi ne pas avoir candidaté pour obtenir les matchs de la coupe du monde de football féminin ? », interroge le communiste.
Et de renchérir : « Le Vélodrome n’est-il réservé qu’à la testostérone dans le football, le rugby ou encore le cyclisme ? », lui valant quelques jugements désapprobateurs de la majorité. La Ville « se moque des besoins de ses habitants, ferme des théâtres, diminue les moyens des bibliothèques et essaie de donner une image positive par le strass et les paillettes », avec « une vision rétrograde des femmes », reprend l’élu.
« Cela va rapporter plus que cela n’a coûté »
Samia Ghali a également regretté que la municipalité ne fasse pas acte de candidature pour la coupe du monde féminine, mais pour elle « même si les Français aiment Miss France, il ne faut pas faire deux poids, deux mesures », notant au passage que seulement « 48 000 euros sont attribués aux associations marseillaises œuvrant pour le droit des femmes ».
Pour Yves Moraine, il s’agit là d’une « mauvaise polémique. On peut aimer ou pas le concours de Miss France mais on ne peut nier l’intérêt pour Marseille de recevoir ce concours. Lille aurait bien voulu à nouveau l’organiser. Cela va rapporter plus que cela n’a coûté », souligne le maire LR des 6-8e arrondissements de Marseille. Les retombées économiques se chiffrent, selon l’élu, en millions d’euros. D’abord grâce aux billets d’entrée. Ensuite, en raison du traitement télévisuel multiple prévu sur TF1, dont un prime time, pour valoriser l’image de Marseille, « et ceux qui connaissent le coût d’une minute de publicité sur TF1 lors d’un événement qui rassemble environ 40% de part de marché, auront vite fait le calcul pour voir que ça représente déjà plusieurs millions d’euros en terme de retombées d’images ».
Autre argument pour justifier la subvention : plus de 1 500 nuitées touristiques enregistrées, et autant de bénéfices « pour les taxis, restaurants, commerçants… auxquels s’ajoutent les trois jours de promotion avec les Miss sur des thèmes comme l’art de vivre ou la solidarité au profit de la ville. On multiplie l’investissement de départ ».
L’élection Miss France reste l’un des événements télé les plus attendus de l’année. Le 19 décembre dernier, plus de 7,3 millions de Français avaient assisté au sacre de la Tahitienne Vaimalama Chaves en direct à la télévision, un score qui représente 38,3% de part d’audience. Ce jour-là, la cérémonie s’était tenue au Zénith de Lille.