La tour du Lazaret, construite en 1558 sur la plage des Catalans, se détériore depuis des années. Le Département des Bouches-du-Rhône débloque 40 000 € d’aides pour que la Ville lance les études préalables à des travaux de rénovation. Ils devraient débuter avant la fin de l’année.

Alors qu’elle présentait le chantier de rénovation du quartier des Catalans vendredi 24 mai, Martine Vassal, présidente du Département des Bouches-du-Rhône a annoncé que la collectivité engageait 40 000 euros pour « sauver la Tour du Lazaret ».

La restauration de cette tour, construite en 1558 pour mettre en quarantaine des navires infectés, est prévue par la Ville de Marseille depuis des années. La dernière en date à l’occasion d’une délibération votée par le Conseil municipal de décembre 2017. Elle concernait la valorisation de l’anse des Catalans et prévoyait la « réhabilitation du bâtiment d’angle et de la tour du Lazaret ».

Mais les travaux se font attendre et l’état de délabrement de l’édifice a déclenché l’impatience de passionnés du patrimoine qui ont lancé une pétition en 2016 récoltant plus de 10 000 signatures.

Attachée au patrimoine marseillais, Martine Vassal a semble-t-il décidé de mettre fin à cette impatience.

Les travaux devrait débuter « avant la fin de l’année 2019 »

Ces dernières années, la tour que certains nomment « infirmerie vieille » ou tour Paul, a continué à subir les affres du temps. Elle est d’ailleurs protégée par des filets. Pour restaurer le monument, le Département débloque 40 000 €. « Ils serviront à lancer rapidement la phase d’études préalable aux travaux », nous explique Sabine Bernasconi, doublement concernée en tant que maire des 1er et 7ème arrondissements, et vice-présidente du Département des Bouches-du-Rhône déléguée à la Culture. « Cette somme est débloquée par le Département dans le cadre de l’aide aux communes. Les services de la Ville seront chargés du suivi du projet. La restauration coûtera bien plus cher, la tour est en très mauvais état ».

Selon l’élue, les travaux devraient ainsi débuter « avant la fin de l’année 2019 », et concerneront principalement l’extérieur du bâtiment, « sans projet d’occupation ».

« La tour du Lazaret fait partie de l’histoire de Marseille et de l’identité des Catalans, historique et actuelle », poursuit l’élue. Elle entend l’intégrer dans le parcours patrimonial des 1er et 7ème arrondissements, aux côtés, entre autres, de la carrière antique de la Corderie, de l’Abbaye Saint-Victor ou encore du fort d’Entrecasteaux.

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La tour du Lazaret, détériorée, est protégée par des filets.

« La première chose à faire pour préserver la Tour, c’est de la classer »

« Cette nouvelle me réjouit ! », lance l’historien Jean-Noël Bévérini qui siège à l’Académie de Marseille. Il était à l’origine de la pétition pour sauver la tour en 2016, et émet tout de même une nuance dans sa satisfaction : « Maintenant, on va la rénover. Mais ça peut vouloir dire tout et n’importe quoi. La première chose à faire quand on veut préserver et valoriser un élément patrimonial unique, c’est de le classer au titre des monuments historiques, ce qui n’est pas le cas. J’ai encore des interrogations et des inquiétudes sur les projets qui naîtront autour ou dans la tour ».

Un témoignage historique unique à Marseille

« Des tours du XVIe siècle à Marseille, on les compte sur une main de manchot !… », s’amuse l’historien en rappelant son caractère unique. Il considère l’édifice comme un témoignage unique d’une époque charnière de l’histoire de Marseille. « À l’époque, il n’y avait qu’un lazaret du côté de la Joliette dans la ville qui comptait trois ports (vers l’actuelle Joliette, à l’actuel Vieux-Port, et aux Catalans appelés alors Saint-Lambert). La création de ce second lazaret, plus important que le premier, témoigne de la volonté marseillaise de s’afficher comme un port sûr, pour développer son commerce extérieur, alors en pleine explosion ».

À l’époque, les commerçants considéraient les ports comme « des nids à infection », explique Jean-Noël Bévérini. Un lazaret de cette envergure permettait de contrôler et de mettre en quarantaine les navires qui présentaient des doutes sanitaires. Les navires de commerce se sentaient alors plus en sécurité pour venir faire des affaires à Marseille. *

Une sécurité qui avait ses limites, puisque « en 1720 la peste arrivée par la mer a tout de même décimé la ville. Mais c’est ce qui a finalement donné le nom de « Catalans » à la hanse où trône la tour aujourd’hui, car les marins de Catalogne ont repeuplé le quartier suite à l’épidémie », conclut l’historien.

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