Depuis une dizaine d’années, le concept de smart city devient de plus en plus présent chez les décideurs et les entrepreneurs. Cette notion demeure pourtant floue aux yeux du grand public. Que renferme-t-elle ? Quels enjeux englobe-t-elle ? À découvrir dans ce premier épisode de notre dossier du mois consacré à la ville de demain.

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Le projet Smartseille

Lors du 4e Forum Smartcity qui s’est déroulé en septembre 2018, la présidente du département et la métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal se déclarait en faveur d’un territoire « intelligent et connecté ». Renaud Muselier à la tête de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur insiste régulièrement sur son envie de créer la « première Smart Région d’Europe » à travers le développement économique et le soutien aux entreprises. Sur le périmètre d’Euroméditerranée, un nouveau quartier que les décideurs rêvent comme un « 112e village de Marseille » sort de terre. Son nom : « Smartseille ». Du côté de la façade maritime, le Grand Port Maritime de Marseille a sorti le « Smartport challenge », un défi qui se décline en sept thématiques pour améliorer son efficacité grâce au numérique.

, À Marseille, la ville de demain se rêve en smart city, Made in Marseille Tout est « smart ». Cet élément de langage s’est imposé comme un incontournable, associé à la modernité et au numérique. Pourtant, selon le professeur spécialiste de la smart city, Carlos Moreno, il serait inexact de circonscrire la ville de demain à ces éléments. « La seule intelligence qui compte, c’est offrir de la qualité de vie ». Même s’il concède que « le numérique est une clé », elle est un outil pour « créer un mieux vivre-ensemble et une société plus inclusive ». Cette ville intelligente, doit prendre en compte la question écologique, l’aménagement urbain, le confort de vie, les déplacements, la culture, l’économie… Une foule de paramètres que, seul, le numérique ne peut pas régler même s’il demeure tout à fait pertinent dans le domaine de l’innovation.

La ville des quarts d’heure

Pour faire de Marseille une smart city, Carlos Moreno pointe la nécessité de se focaliser sur « la lutte contre la pauvreté et la diminution de la fracture sociale au sein de la ville. La question du logement doit également être au cœur des attentions suite aux événements récents de Noailles ». Il insiste également sur l’importance de l’écologie. Certains projets semblent aller dans ce sens. En effet, du côté d’Euroméditerranée, un pan entier de la ville se chauffe à l’aide l’eau de mer grâce aux installations Thassalia et Massileo. Un système vert et durable. Le chercheur liste également les éléments qui peuvent servir de moteur dans le développement de la ville : l’Université Aix-Marseille, l’industrie, le Grand Port Maritime de Marseille, le centre de recherche thecamp, et la situation géostratégique de la ville qui doit servir d’interface avec l’Afrique.

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La centrale Thassalia

Afin de mieux cerner ce que la smart city peut être concrètement, Carlos Moreno a imaginé la « ville des quarts d’heure ». Ce concept urbanistique prévoit la création d’une « ville polycentrique », c’est-à-dire avec plusieurs centres et non pas un centre-ville unique. Chaque personne doit avoir, à un quart d’heure de son habitation, accès au travail, aux commerces, à l’éducation, à la culture… La smart city serait donc d’avantage, celle pensée à l’échelle de l’homme et de son bien-être qu’une simple ville truffée de capteurs intelligents. « Il est également important de repenser la place de la voiture et du piéton dans la ville. On ne doit plus aménager les villes aujourd’hui comme on le faisait hier à l’ère du tout voiture », pointe le spécialiste. Une réflexion qui résonne dans une ville telle que Marseille.

Des exemples partout dans le monde

Interrogé sur le modèle à suivre pour penser la ville idéale, Carlos Moreno préfère parler de « bonne pratiques à imiter ». La politique de la ville de Pontevedra (Espagne) sur la place de la voiture en fait partie. À partir de 1990, la municipalité réduit petit à petit la place de la voiture jusqu’à faire de son centre un modèle de piétonnisation. 70 % de déplacements s’y feraient actuellement à pieds ou en mode transports doux. Carlos Moreno évoque également la ville de Kigali au Rwanda. Dans cette ville, des drones sont utilisés depuis plusieurs années pour des livraisons de matériel médical et notamment des poches de transfusion sanguine. Enfin, le chercheur évoque la ville de Singapour et ses fermes verticales, véritables poumons verts au cœur de la ville.

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Une ferme verticale à Singapour

« Le moteur dans la transformation des villes, c’est la volonté politique. Il faut qu’il y ait une volonté d’offrir un bien commun à partager avec de l’emploi, de la nature, combattre la violence. En somme, offrir une qualité de vie aux habitants », conclut Carlos Moreno. Aujourd’hui, le concept de ville résiliente se développe également. Il s’agit de penser des villes capables de s’adapter au changements et de retrouver un équilibre après les perturbations.


Les dossiers du mois

Une semaine par mois, made in marseille explore une thématique de la ville. Un article par jour pour aborder les différents aspects d’une grande problématique.

En février : la culture urbaine

En janvier : les quartiers Nord

 

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