Les makers, comprenez ceux qui créent et fabriquent, partent de l’idée que n’importe qui peut innover et changer le monde. Pour un maker, chacun peut apporter des idées neuves et expérimenter, avec des outils traditionnels ou des imprimantes 3D, à la mode « Do It Yourself ». Et Marseille compte de nombreux espaces dans lesquels ils peuvent se regrouper pour partager et créer ensemble. Tour d’horizon sur ce nouveau phénomène.

Dans le passé, artisans et créatifs animaient pleinement l’économie dans l’arrière portuaire marseillaise (huileries, savonneries, etc…). Aujourd’hui, ces métiers ont quasiment disparu dans le secteur. Et, si l’on pense souvent que l’avenir exige de produire et consommer différemment et localement, c’est principalement l’agriculture urbaine qui vient à l’esprit, et moins l’industrie ou l’artisanat. De ce fait, les métiers manuels peinent à s’installer dans les villes et tendent de plus en plus à disparaître.

Le phénomène Makerspace : une manufacture collaborative et solidaire pour tous

Pour développer l’économie locale et répondre aux besoins d’emploi pour les habitants, une première impulsion a été donnée par l’arrivée des Makerspaces et de leurs Makers dans les villes. Un Makerspace, ou FabLab (contraction de l’anglais fabrication laboratory, « laboratoire de fabrication ») est un lieu ouvert au public où il est mis à sa disposition toutes sortes d’outils, notamment des machines-outils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d’objets. C’est surtout une fabrique urbaine fondée par un esprit de création collaborative et solidaire. Elle est constituée d’une communauté de Makers, qui utilisent ses espaces de stockages, ateliers, outils et machines professionnelles.

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Make It Marseille : un makerspace de 450 m² installé rue Breteuil depuis 2016 – ©makeitmarseille.com

Le phénomène est né aux États-Unis dans les années 90 et son succès l’a propulsé outre Atlantique. Aujourd’hui, il y a environ 500 lieux de ce type en Europe, dont 300 en France. À Marseille, il en existe déjà plusieurs comme Make It Marseille, La Fabulerie, Ici Marseille ou celui de l’École Centrale. Ils font entre 100 et 300m² et sont complémentaires, puisqu’ils partagent également leurs espaces de stockage.

Qui sont les makers ?

Les Makers, sont ceux qui fabriquent. Ils sont réunis comme une communauté d’artisans et designers connectés et développent des savoirs-faire traditionnels et novateurs au sein de ces FabLabs.  Ils fonctionnent en réseau et favorisent une nouvelle forme d’apprentissage, basée sur l’entraide et la création d’activité innovante, pour générer les emplois de demain.

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Nicolas Bard, co-fondateur de Make Ici, présentant le 7 juin dernier le projet « Make It Marseille » dans son hangar en travaux du futur quartier des Fabriques – 77 rue de Lyon, Marseille © MR

À qui s’adresse ce type de manufacture collaborative ?

Les résidents peuvent être des entrepreneurs qui ont un projet et ne se sont pas encore lancé, d’autres qui sont en plein lancement ou en activité depuis plusieurs années, et qui recherchent des ateliers et des formations. « Certains menuisiers viennent pour se familiariser au numérique  » précisait Nicolas Bard, co-fondateur du FabLab Make Ici, le 7 juin dernier. Ces espaces disposent, en effet, d’ateliers collectifs pour le travail du bois, du textile, de la conception numérique, etc., de machines pour concevoir et réaliser, mais également d’espaces de coworking, de services et de conseils pour aider les entrepreneurs des industries créatives à se développer.

« Des associations d’insertion aident les jeunes décrocheurs à trouver une voie par ces métiers-là. » poursuivait Nicolas Bard. Des FabLabs solidaires et associatifs participent donc aussi au mouvement. Ces manufactures proposent un mode innovant d’apprentissage et sont de vraies ruches à idées et savoirs, où les projets prennent vie. Les jeunes qui sont sortis du système scolaire ou en recherche d’emploi sont accompagnés par ces associations d’insertion. Ils peuvent alors s’appuyer sur le savoir-faire des autres Makers pour apprendre au sein de parcours professionnels très variés (travail manuel, informatique, etc…), qui éveillent en eux une vocation.

« Enfin, des entreprises extérieures peuvent leur confier des projets de conception : prototypes de robots, d’espaces de travail, d’aménagement… » Le FabLab leur permet de passer rapidement de la phase de prototypage à celle de réalisation. La communauté garantit des délais de réalisation et le respect du cahier des charges définit par les professionnels. Les designs et les procédés développés dans les FabLabs peuvent être protégés et vendus comme le souhaite leurs inventeurs, tout en restant disponibles à l’utilisation pour les autres utilisateurs et au réseau qui a contribué à leur succès.

Le Fablab est donc un lieu polyvalent où l’on vient encourager les l’innovation et les accidents créatifs, et qui déclenche les vraies innovations futures.

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Le futur FabLab, situé 77 rue de Lyon (15°)  © makeici.org

Le plus grand Markerspace de France pour réinventer Marseille

 Depuis Janvier 2018, un hangar de 3000 m² est en cours de réhabilitation au 77 rue de Lyon. Il appartient au collectif « Ici Marseille », une branche du FabLab national « Make ICI ». Il s’agira du plus grand FabLab de France, voire d’Europe. Il accueillera dès juillet l’ensemble de ces acteurs le temps qu’un bâtiment ou plusieurs bâtiments à cet effet soient construit. Comme ses aînés, cet espace proposera un parc de machines permettant de fabriquer tout type d’objets ou prototypes.

Il s’agit du premier projet d’ampleur sur le futur quartier des Fabriques. Il participera aux futures fonctions du quartier et accompagnera son changement d’image en devenant le cœur de la « fabrique urbaine ». Il sera le moteur d’un urbanisme transitoire, en devenant son symbole : un lieu d’échanges, de solidarité et de renouvellement des modes de vie. Le projet s’appuiera sur des locaux, déjà présents et actifs à Marseille, pour donner un cap sur à l’économie sur le territoire. Ce tout nouveau FabLab marseillais a aussi pour objectif de réimpulser au cœur des villes ces activités de manufacture, de conception et d’artisanat, autrefois installées en périphéries, et notamment dans les quartiers Nord.

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