Déchets entassés sur des terrains vagues, le long des routes, en lisière des centres villes, les décharges sauvages sont un vrai fléau qui touche la France entière. Marseille, bien évidemment, n’est pas épargnée, notamment dans ses quartiers Nord. Nous avons mené l’enquête afin d’essayer de trouver les solutions pour améliorer la situation. Reportage.
Une première interrogation se pose, qui sont ceux qui jettent sauvagement dans les rues de Marseille ? Indéniablement « les gens qui travaillent au noir », nous explique Monique Cordier, déléguée (LR) à la propreté au Conseil de territoire Marseille-Provence (ex MPM). Cela leur permettrait, selon l’intéressée, d’éviter « de se rendre en déchetterie« .
En effet, les professionnels doivent payer* pour se débarrasser de leurs déchets, dans l’une des deux plateformes spécialisées, situées à la Millière (11e) ou aux Aygalades (15e), en ayant au préalable enregistré leur entreprise.
Depuis 2017, l’humoriste Jean-Yves Sayag, alias « Jys », dénonce en vidéo les décharges sauvages qui s’accumulent à Marseille. Nous l’avons accompagné pour constater les dégâts :
La gratuité des déchetteries comme solution contre les déchets sauvages ?
D’après Monique Cordier : non, puisque les entreprises qui jettent ne sont pas déclarées.
Le coût de la gratuité des déchetteries professionnelles se répercuterait inévitablement sur les impôts des Marseillais selon elle. « Est-ce que les Marseillais sont prêts à payer collectivement pour des entreprises qui polluent alors qu’elles gagnent de l’argent et peuvent payer pour leurs déchets ? Pour moi cet exemple de bonne solution ne l’est pas », tranche-t-elle.
Et une écotaxe généralisée ?
Actuellement, la métropole Aix-Marseille-Provence consacre 2 millions d’euros chaque année pour nettoyer les décharges sauvages. Une action de son ressort lorsqu’il s’agit de déchets ménagers, mais pas de déchets professionnels. Le problème pour le contribuable : lorsque les déchets professionnels sont jetés illégalement dans la rue, la métropole se doit de les enlever…
« Une opération de nettoyage coûte entre 30 000€ et 60 000€, ce qui explique que l’on ne peut pas en faire tous les jours », précise l’élue. « C’est autant de cantonniers que j’enlève dans la rue, des collectes des encombrants via la plateforme « Engagés au Quotidien » qui doivent être décalées… On fait des aménagements pour éviter que les décharges sauvages ne reviennent une fois le site nettoyé, mais on ne fait que déporter le problème », regrette-t-elle.
Des entreprises aussi se chargent du problème lorsqu’il s’agit de terrain ou de voie privés. Rue Capitaine Gèze prolongée par exemple (15e), qui est un chemin privé, des engins sont en action depuis deux jours pour enlever l’ensemble des déchets (vidéo ci-dessous). Les entreprises et le centre de formation pour apprentis qui en sont responsables vont aussi installer deux portails et des caméras de surveillance pour éviter qu’une décharge sauvage ne s’y crée de nouveau par la suite. Idem du côté de la Madrague Ville, où un ancien parking de supermarché servait de décharge sauvage.
https://www.facebook.com/jyslemarseillais.sayag/videos/1969684716436485/
Pour Jean-Yves Sayag, alias Jys le Marseillais, humoriste qui dénonce depuis plusieurs années le problème des décharges sauvages à Marseille, la solution à envisager serait la mise en place d’une écotaxe généralisée. « L’idée est d’ajouter une taxe sur les produits qui sont en vente dans les boutiques de bricolage. Chaque citoyen qui utilisera ces produits, qu’il soit particulier ou professionnel, payera donc en plus, ce qui permettra de rendre les déchetteries gratuites pour tous, y compris les entreprises », explique-t-il. Car, selon lui, si ceux qui jettent leurs déchets dans la rue sont majoritairement des personnes travaillant au noir, des particuliers aussi le font.
Une idée qui fait son chemin depuis un an et qui est partagée, même du côté des politiques. Samia Ghali, maire (PS) des 15e et 16e arrondissements de Marseille et sénatrice des Bouches-du-Rhône, est aussi favorable à la mise en place d’une écotaxe. Toutefois, seulement à l’encontre des professionnels du BTP. « Comme lorsque vous achetez de l’électroménager, pourquoi ne pas instaurer une écotaxe auprès des professionnels, produits et matériaux spécifiques ainsi que sur les chantiers et autres travaux du BTP ? Cela permettrait de financer la gratuité de ces structures, et pourquoi pas aussi d’étendre leurs horaires ! », a-t-elle confié à 20 minutes.
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Quelles sanctions contre les décharges sauvages ?
La police urbaine de la propreté du territoire Marseille Provence et même des agents de la métropole ont déjà effectué des planques et réalisé des flagrants délits de personnes jetant illégalement des déchets dans la rue. Mais c’est la police nationale qui a la possibilité de les obliger à aller en déchetterie ou de les verbaliser, au même titre que d’autres actes de délinquance. « La police nationale et le procureur sont ceux qui ont les armes juridiques. On a déposé plainte en envoyant des preuves avec des photos de plaques d’immatriculation et même de personnes identifiables. La police les a convoquées, mais le vice-procureur nous a dit qu’ils n’ont pas que ça à faire. Donc les plaintes n’ont pas été instruites », fustige Monique Cordier.
Excédée, l’élue irait bien jusqu’à publier ces photos sur les réseaux sociaux en ne floutant ni l’immatriculation des véhicules, ni le visage des fraudeurs. Une démarche qui reste toutefois illégale, ce qui l’empêche de le faire. « Si on a une autre suggestion, je veux bien », lance-t-elle. « Moi, je suis pour la création d’une vraie police de l’environnement », avance comme une réponse Jean-Yves Sayag. « On prend une partie de l’argent des centres de tri et de l’écotaxe et on crée une petite brigade d’une trentaine de personnes par exemple. Elle serait équipée de la dernière technologie en caméra et automobile pour rattraper les gens, et elle pourrait donner des amendes lourdes voire une radiation de l’activité pour montrer l’exemple », ajoute-t-il.
À l’heure actuelle, les sanctions pour des dépôts de déchets sont des amendes de 35€ (dépôt d’ordures, de déchets, de matériaux ou d’objets : non remisage, dépassement de volume, non-respect des horaires et des jours de dépôt) ou de 68€ (dépôt illicite ou abandon d’ordures, de déchets, de matériaux ou d’objets hors des emplacements autorisés : sacs au sol, non conditionnement dans des cartons).
Agathe Perrier et Loïs Elziere
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* Les entreprises qui veulent jeter en déchetteries professionnelles doivent créer un compte chez l’une des deux plateformes. La première tonne de déchet est gratuite à l’année. Chaque déchet a un tarif qui lui est propre et l’entreprise paye en fonction du poids de ses déchets. Certains sont toutefois gratuits : ampoules, néons, piles, cartouches d’encre et les déchets d’éléments d’ameublement. Les pneus sont quant à eux interdits.
Liste des déchets acceptés : bois, cartons/papiers/archives, déchets verts, Déchets Non Dangereux (DND), emballages souillés/aérosols, gravats/déchets de chantier, matelas, métaux/ferrailles, plastiques
Texte : Agathe Perrier / Reportage vidéo : Lois Elzière
Néanmoins tout commence par le civisme. Si cette valeur n est plus d actualité , toute mesure sera forcément onéreuse et par ailleurs mutualiste de facto, cad. qu’ une solidarité imposée par la minorité sera le fait acquis.
– Beaucoup de problèmes d’environnement et autres sont mis en avant chaque année, mais ne trouvent pas toujours les solutions appropriées. La ville de Marseille est un exemple parmi d’autres, notamment hors du périmètre urbain. Si les autorités compétentes n’agissent point ou fort peu pour diverses raisons, les choses resteront en état encore de nombreuses années. Si dans le même temps la population et ses organisations représentatives ne poussent pas des gueulantes et n’engagent pas des actions fortes, c’est peine perdue ……………………..
Daniel, Marseillais « expatrié » à Cergy.
A Cergy il a été créé une brigade verte d’agent assermentés amendes de 45 à 150 euros.
Voir l’article sur VOnews.
Malheureusement, on voit ces décharges sauvages fleurir un peu partout dans les Bouches du Rhône et ça dénature notre belle région