Marseille est la plus ancienne ville de France, fondée en 600 avant Jésus Christ par les Grecs. Une histoire racontée dans le mythe fondateur de Gyptis et Protis, où la fille des autochtones tombe sous le charme et épouse un marin originaire de Phocée.
Avant toute chose, il faut comprendre pourquoi ce Phocéen baptisé « Protis » est venu sur les terres gauloises. À l’époque, Phocée est une cité grecque qui se situe en Asie Mineure. Le territoire est trop étroit et peu fertile, aussi le peuple s’est-il tourné vers des activités maritimes telles que la pêche, le commerce et la piraterie.
Une des explorations de la Méditerranée a amené à la découverte de la rade marseillaise. Les récits à propos de cet endroit sont si passionnés qu’il est décidé d’y envoyer deux navires de cinquante rameurs, commandés par Simos et le fameux Protis, afin d’y fonder une colonie.
Un mariage surprise
Arrivés sur les lieux, les deux Phocéens tombent littéralement sous le charme, et notamment de la baie du Lacydon, l’actuel Vieux-Port. Ils sont accueillis par une population autochtone, les Ségobriges, une tribu celto-ligure. D’après les dires, les Sérobriges devaient être installés sur les hauteurs des collines d’Allauch d’où ils pouvaient voir arriver leurs ennemis, étant en conflit permanent avec les autres peuples de Gaule.
Les Sérobriges ont pour roi un homme nommé « Nannus ». Ce dernier invite les deux Phocéens aux noces de sa fille, Gyptis, qui se tiennent le jour-même. D’après les traditions locales, la princesse choisit son futur époux le jour de son mariage, en lui apportant une coupe remplie d’eau au cours du repas. Contre toute attente, Gyptis n’a pas apporté la coupe à un de ses prétendants, mais au Grec Protis. Pour célébrer cette union, dans laquelle il y voit la volonté des Dieux, le roi Nannus autorise alors Protis et les Phocéens à fonder une ville, Massalia, sur la rive nord du Lacydon.
Deux versions pour un seul mythe
La légende de Gyptis est Protis est arrivée jusqu’à nous grâce à deux sources principales. Dans « La Constitution des Massaliotes », Aristote décrit cette histoire ainsi que Trogue Pompée dans « Histoires philippiques », texte perdu mais résumé par l’histoirien romain Justin.
Les deux versions présentent quelques différences, notamment au niveau des noms des deux protagonistes. Si Trogue Pompée les appelle bien Gyptis et Protis, Artistote, lui, les nomme Petta et Euxène. Toutefois, le cœur de l’histoire, à savoir le mariage tout à fait imprévu de la fille du roi avec un étranger, reste le même.
Des traces des Grecs souvent retrouvés à Marseille
Des traces du port originel de Marseille où les Phocéens auraient accosté sont aujourd’hui toujours visibles du côté du Vieux-Port. Elles ont été découvertes en 1967 à l’occasion de la construction du centre commercial le Centre Bourse. Un jardin des vestiges a même été créé pour les protéger et les exposer au public. On y trouve d’ailleurs également, et depuis 1983, le musée d’Histoire de Marseille.
Plus récemment, du côté de la Corderie (7e), ce sont même des vestiges d’une ancienne carrière grecque de calcaire datant de – 500 avant Jésus-Christ qui ont été découverts sur un chantier destiné à accueillir un projet immobilier. Depuis, les habitants se sont mobilisés pour y aménager, comme derrière le Vieux-Port, un jardin des vestiges. Une histoire dont on a déjà parlé ici.
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Par Agathe Perrier