Melchior Treillet, ingénieur né à Marseille et skipper semi-professionnel, participe à la Mini Transat 2017 qui démarre ce 1er octobre de La Rochelle. Au programme : quasiment un mois de voile en solitaire pour rallier les Canaries puis les Antilles à bord du plus petit bateau de course au large du monde. Rencontre.

Traverser l’Atlantique en solitaire et à la voile, tel est le pari que s’est lancé Melchior Treillet, alias Melchior of Marseille. À bord de son monocoque de 6m50 de long pour 3m de large rebaptisé « Boulègue », il va ainsi passer presqu’un mois en mer pour atteindre le cap Saint-Marin en Martinique au départ de la Rochelle. Une traversée qui se réalise en deux étapes et dans les conditions les plus « drastiques » puisque le Marseillais n’aura droit à aucun système GPS et ne pourra communiquer avec le monde extérieur.

, Un Marseillais s’attaque à la Mini Transat, la traversée de l’Atlantique en solitaire, Made in Marseille
La course se fait en deux étapes : la première reliera La Rochelle aux Canaries et la seconde permettra d’atteindre les Antilles © Melchior of Marseille

Une traversée pour éveiller le sens marin

Si le mythique Vendée Globe met la voile sur le devant de la scène tous les quatre ans, il existe d’autres courses en solitaire qui méritent aussi d’être mises à l’honneur. Parmi elles, la Mini Transat qui, comme son nom le laisse supposer, consiste à traverser l’Atlantique. Et pas dans les conditions les plus faciles, bien au contraire.

« C’est vraiment une course en solitaire et en solitude car on a aucun moyen de contact avec l’extérieur, contrairement au Vendée Globe, par exemple, où les skippers peuvent contacter leur famille, leurs amis et même un médiateur météo. Là, on est seul face à soi-même et quand ça ne va pas, il faut trouver les ressources intérieures pour gérer tout ça », explique Melchior Treillet.

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Contrairement au Vendée Globe par exemple, les skippers de la Mini Transat n’ont droit à aucun contact avec l’extérieur © Antoine Beysens

La course n’est donc pas ouverte au premier candidat venu. Pour participer, un skipper doit avoir cumulé 1 000 milles nautiques sur les régates du circuit Mini, dont une épreuve en solitaire et une course de plus de 500 milles, et bouclé un des deux parcours de qualification de 1 000 milles en solitaire et sans escale. « Cette course se veut être une sorte d’étape obligatoire vers la course large, c’est-à-dire vers des régates où les skippers partent loin pour longtemps en autonomie. C’est vraiment une épreuve initiatique, un moyen de mettre à rude épreuve le sens marin pour faire en sorte qu’on soit des marins autonomes et qu’on sache utiliser les fondamentaux de la navigation », ajoute le skipper.

Pour cela, les skippers n’ont pas accès aux technologies actuelles en termes de GPS. Ici, pas de traceur avec des cartes électroniques, mais simplement un système pour connaître sa position et pouvoir la transposer sur une carte papier. Une navigation « comme les anciens » pour ne pas être asservi à l’électronique.

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Les marins doivent naviguer sans GPS traceur ni carte électronique pour éveiller leur sens marin © Antoine Beysens

Représenter Marseille et le sud de la France

Équipier depuis tout petit sur le bateau de ses grands-parents, Melchior Treillet a grandi en pratiquant la voile. Une activité qu’il a continué d’exercer en parallèle de ses études et même actuellement malgré sa profession d’ingénieur. En 2013, il achète son premier bateau et réalise plusieurs régates en équipage. « Je me suis rendu compte que ce qui me plaît le plus, c’est de naviguer en solitaire. C’est très enrichissant d’un point de vue personnel et c’est très plaisant d’être seul maître à bord et de tout gérer », évoque le skipper.

S’il ne souhaite pas faire de sa passion son métier pour le moment, Melchior Treillet a tout de même ressenti la volonté d’avoir un vrai projet sportif et des objectifs dans la voile. D’où sa participation à la Mini Transat 2017, pour laquelle il s’est doté d’un nouveau bateau. Ce dernier a d’ailleurs déjà effectué la traversée deux fois, dont lors de la dernière édition de la course en 2015 avec Armand de Jacquelot pour skipper, qui s’était classé 5e sur 84.

Et puisque Melchior Treillet est le seul Marseillais des 81 skippers de cette 21e édition, le marin a choisi de rebaptiser son monocoque pour faire honneur à ses origines. Il lui a ainsi donné le nom de « Boulègue », qui signifie « remuer » en provençal. Une appellation particulièrement adaptée à ce bateau par nature très vif et dynamique. « Pour certains, renommer son bateau porte malheur, mais moi je ne suis pas superstitieux ! Et j’avais vraiment à cœur de représenter Marseille et le sud de la France », confie celui qui s’est baptisé pour l’occasion « Melchior of Marseille », comme autre clin d’œil à sa ville natale.

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En clin d’œil à ses origines, « Melchior of Marseille » a rebaptisé son monocoque « Boulègue » qui signifie « remuer » en provençal © Antoine Beysens

Les JO2024 comme vecteur de visibilité pour la voile

Quelques jours après l’annonce officielle de Marseille ville hôte des épreuves de voile pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris, Melchior Treillet se veut enthousiaste. « Je suis très fier que ma ville accueille les JO. Ça va être un moment intéressant et un réel plaisir d’assister aux épreuves dans notre rade », reconnaît-il.

Malgré une situation géographique favorable à la pratique de la voile, cette activité manque toutefois de visibilité dans la ville d’après le skipper. « Les événements nautiques majeurs n’ont pas été mis en avant cette année malgré le label « Marseille Capitale Européenne du Sport 2017 ». C’est dommage qu’il y ait si peu de visibilité pour la voile à Marseille, mais je pense qu’avec les JO, cela va apporter un coup de projecteur à notre pratique. Et montrer que, malgré les idées reçues, ce n’est pas un sport élitiste et hors d’atteinte d’un point de vue financier », met en avant Melchior Treillet.

En attendant les JO, le skipper mettra les voiles dimanche 1er octobre 2017 au départ de La Rochelle pour rejoindre, dans un premier temps, Las Palmas de Gran Canaria dans les îles Canaries. Une dizaine de jours de navigation seront nécessaires, avant un nouveau départ, cette fois vers Le Marin en Martinique, au début du mois de novembre pour clore cette 21e  édition de la Mini Transat.


Pour aller plus loin

Par Agathe Perrier

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