Qui pourrait deviner au premier coup d’œil que, sous le jardin public des Trois Lucs (12e) à côté du boulodrome, se trouve un ancien site touristique souterrain ? Appelé les Grottes Monnard, il a été visité par de nombreux Marseillais et touristes avant de servir, jusqu’en 1970, de source d’alimentation à la Brasserie Phénix de la Valentine.

, L’histoire des grottes Monnard, qui ont alimenté en eau une brasserie marseillaise !, Made in Marseille
Pour mieux situer l’emplacement des Grottes Monnard © DR

C’est aux alentours des années 1845 que les grottes Monnard auraient été découvertes pour la première fois, lors de la création du canal de Marseille qui a permis à la ville d’être alimentée en eau. Toutefois, elles sont restées vierges de toute visite pendant encore un peu plus de 40 ans. Ce n’est qu’en 1888 que l’idée d’en faire un site de visite est apparue, lorsque des ouvriers exploitant une carrière de pierres à bâtir révèlent une cavité qui permet de faire communiquer les différentes salles des grottes. Il n’a alors suffi qu’à les améliorer un peu pour les rendre explorables.

C’est ainsi que les grottes Monnard prennent officiellement leur nom, qu’elles doivent tout simplement à leur propriétaire. On en dénombre trois : la grotte du Commandeur, la grotte de Saint-Julien et les grottes Centrales, également appelées grottes de la Marionne.

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L’ancien chalet restaurant des Grottes Monnard © Facebook Vieux Marseille
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L’entrée des Grottes Monnard © Facebook Vieux Marseille

L’émergence d’un vrai site touristique

En plus de l’aménagement des grottes, un chalet restaurant baptisé « Aux Grottes Monnard » est construit à proximité du site, au 4 chemin des Olives. On peut y manger une cuisine bourgeoise ou des pique-niques champêtres avant ou après l’exploration de la grotte proposée en une heure. Cette dernière est présentée comme une vraie excursion en famille et des conseils sont donnés aux visiteurs comme, par exemple, de ne pas porter de couleurs claires. Des costumes spécialement dédiés à la visite sont d’ailleurs proposés à la location !

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La visite commençait dans « l’antichambre des chauves-souris », autrement dit le vestibule où les groupes s’organisaient avant la descente. Cette dernière débutait par 15 marches brusques, le « colimaçon », qui faisait arriver devant trois bifurcations :

  • En suivant la première, à droite, les visiteurs découvraient le coin des « Stalactites naines » ainsi que l’entrée du « Labyrinthe », qui doit son nom à un vaste dédale de salles et de pochettes.
  • La deuxième bifurcation débouchait sur le « trou du chat » et la grotte des Olives avec ses stalactites noires. Suivaient ensuite le « Four original », la descente de « Rompe-Cul » et la « Salle de Cristal », surnommée ainsi pour ses stalactites en chou-fleur d’une « blancheur immaculée ».
  • Enfin, en prenant la troisième bifurcation, les visiteurs entraient dans la « Salle des champignons » qui abritait une statuette de Notre Dame des Grottes. En continuant, ils arrivaient au « Défilé des Canards » et à la « Grande Rotonde » à côté du Canal de Marseille, située à 25 mètres en dessous du chalet restaurant !

En poursuivant le chemin, les visiteurs découvraient le « Trou du Diable » et la « Descente Infernale » d’environ 60 mètres de profondeur et qui débouchait sur la « Salle Royale ». Là se trouvait un lac de trois à six mètres de profondeur et d’une eau claire tout à fait potable qui a servie par la suite pendant de nombreuses années à la réalisation de bières (voir plus bas dans l’article). Ne restait alors plus qu’à revenir à la surface grâce à « l’Échelle de Pluton » et le « Passage du Coude » qui passait sous le canal de Marseille.

Pour en savoir plus sur la construction du Canal de Marseille

Une galerie qui a alimenté en eau… Une brasserie !

À environ trois kilomètres du site des grottes Monnard se trouvait, depuis 1821, la Brasserie de la Valentine, devenue par la suite, en 1886, la Brasserie Phénix et qui exploitait la source sur laquelle elle avait été construite. La Brasserie Phénix s’est rapidement développée et a commencé son expansion en achetant la propriété dite de la Montillane autour de l’usine. Face à l’augmentation de sa production, la source initiale d’eau n’était plus suffisante et la brasserie a alors acquis trois autres sources, dont le lac des grottes Monnard. Ce dernier assurait un débit de 60 à 120 m3 à l’heure, soit un million et demi à trois millions de litres d’eau par jour !

Si l’on sait que le lac sera pompé jusqu’en 1970, il est difficile de trouver une date d’arrêt aux excursions dans les grottes Monnard. Ces dernières ont probablement été arrêtées au moment de l’achat du plan d’eau par la brasserie, mais là encore difficile de trouver une date précise. Aujourd’hui, les différentes entrées réglementées des grottes Monnard sont obstruées en raison de précédents éboulements. Quant à la Brasserie Phénix, elle a été rachetée en 1988 par le groupe Heineken, aujourd’hui toujours propriétaire des lieux.

Pour aller plus loin : les autres grottes marseillaises

Par Agathe Perrier

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