La saison de la pêche aux oursins comestibles a repris dans la région le 15 décembre dernier. Une activité strictement encadrée pour préserver cette espèce menacée, notamment en raison du braconnage. Sur la Côte bleue, Damien Féraud est le seul professionnel autorisé à les capturer cette année.

C’est une tradition : chaque année, les tant attendues oursinades et autres fêtes de la mer attirent des milliers de visiteurs sur la Côte bleue les dimanches de janvier et de février. Parmi la myriade de fruits de mer vendus sur les étals des ports de Carry-le-Rouet et de Sausset-les-Pins, un produit fait l’objet de toutes les convoitises : l’oursin.

Pourtant, la plupart proviennent de côtes lointaines. Face au déclin des populations le long du littoral méditerranéen, la pêche du Paracentrotus lividus est strictement réglementée dans la région. Cette saison, Damien Féraud est le seul pêcheur professionnel de la Côte Bleue autorisé à capturer cette espèce menacée de disparition.

Un déclin causé par la surpêche et la pollution

Équipé de ses bouteilles d’oxygène, sa grapette et sa moulaguette en main, une sorte de panier, il scrute les rochers à la recherche de ces échinodermes aux camaïeux allant du bleu au violet, en passant par l’orange.

En-dehors des ventes exceptionnelles à des particuliers, Damien travaille exclusivement à la commande pour quelques rares écaillers et restaurants à Aix-en-Provence et Marseille. « On ne peut pas servir la terre entière, donc on limite les clients et les commandes. On ne sort pas de l’eau un oursin qui n’est pas vendu », explique le pêcheur, membre de la coopérative maritime du Levant.

En exercice depuis une dizaine d’années, il a pu constater le déclin des populations d’oursins au fil du temps. Affectés par la surpêche, le braconnage et la dégradation des écosystèmes, leur densité est passée de 2,5 individus par mètre carré à 1,5 dans certaines zones, selon des études scientifiques récentes.

oursins, Vidéo | En bateau avec le seul pêcheur d’oursins professionnel de la Côte bleue, Made in Marseille
Les gonades, seules parties comestibles de l’oursin, sont rouges ou orangées.

Une période de pêche aux oursins réduite de moitié

« Nous, les pêcheurs, en l’occurrence la jeune génération, faisons en sorte qu’il y ait des oursins au fond, donc on essaie de parsemer notre pêche. Quand on a trouvé les coins, on essaye de ne pas tout prélever au même endroit, reprend le pêcheur. On s’est mis des quotas, même si on ne nous en impose pas ».

Depuis septembre 2023, la pêche aux oursins a été réduite de manière drastique dans les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes. Une décision prise par les autorités en concordance avec le comité régional des pêches, dont Damien fait partie, afin de protéger l’espèce et préserver cette précieuse ressource.

D’après un arrêté préfectoral, les pêcheurs de loisir sont ainsi limités à deux douzaines d’oursins par jour, tandis que, pour les professionnels, la période de pêche a été réduite de moitié. « Avant c’était du 2 novembre au 15 avril. On est passés du 15 décembre au dernier jour de février, de 7h30 à midi, sauf le dimanche », détaille Damien Féraud.

Des résultats positifs

Alors qu’il remonte ses trouvailles à la surface, Yann Cieussa, resté sur le pont du bateau, commence à compter les oursins et à les trier dans les caisses. Il rejette à la mer tous les spécimens qui n’atteignent pas la taille réglementaire de 5 centimètres de diamètre. « On relâche les petits dans des points stratégiques, dans les rochers, pour repeupler les endroits où il n’y a plus rien », précise ce dernier.

La pêche a été plutôt bonne : en deux heures et demie de plongée, Damien a attrapé soixante douzaines d’oursins. Selon lui, les restrictions et des contrôles persistants contre le braconnage commencent à porter leurs fruits. « La densité commence à revenir et on fait un meilleur début de saison que les autres. Il y a des endroits avec énormément de petits oursins, ce qui est bon signe ».

oursins, Vidéo | En bateau avec le seul pêcheur d’oursins professionnel de la Côte bleue, Made in Marseille

« Ne pas vider la mer pour trois semaines de fête »

Toutefois, « on ne peut pas dire pour autant que la ressource est revenue aujourd’hui. Il ne faut pas s’arrêter là », concède-t-il, en appelant à une consommation responsable. La réduction de la saison de pêche, appliquée pour une période de trois ans, sera évaluée l’année prochaine.

Aux oursinades de Carry, le stand de Damien devrait être l’unique où se procurer une poignée d’oursins pêchés localement. « Vous y trouverez principalement de l’oursin de Galice en Espagne, de l’étang de Thau à Sète, de Bretagne… Et cela nous va très bien. Parce que le but, ce n’est pas de vider la mer pour trois semaines de fête », tranche-t-il.

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