« Les Halles Saint-Charles ». C’est le nom du projet d’extension à un milliard d’euros de la gare de Marseille. Le projet, attendu pour 2035, a été dévoilé en images.
C’est un chantier pharaonique qui attend Marseille. Certes, la gare Saint-Charles, qui domine le centre-ville, a connu de nombreuses évolutions depuis sa création en 1848. La dernière en date : le nouveau grand hall, « la Halle Honnorat », inauguré en 2007.
Mais elle va encore faire un bond dans le gigantisme. Les institutions publiques ont enfin dévoilé le nouveau projet d’extension baptisé « Les Halles Saint-Charles » et conçu par Arep, filiale de SNCF Gares & Connexions, associée à l’agence de paysage Atelier Roberta.
Il doit se concrétiser d’ici 2035, pour environ un milliard d’euros, et « doubler la capacité de la gare, en surface comme en voyageurs attendus ». À savoir, passer de 12 à 19 millions de voyageurs annuels, avec notamment un TER tous les quarts d’heure.
Le chantier s’inscrit dans un plus vaste projet encore : la Ligne nouvelle Provence-Côte d’Azur (LNPCA). Elle vise à rénover et améliorer le réseau de trains de la région. Et plus largement, à construire un véritable arc ferroviaire méditerranéen entre l’Espagne et l’Italie. Les phases 1 et 2 de la LNPCA entrent désormais en phase opérationnelle pour 3,65 milliards d’euros.
Avant – après :
Creuser une gare souterraine de la taille d’un porte-conteneur
La gare de Marseille est un véritable cul-de-sac ferroviaire. Il s’agit de la rendre traversante afin de gagner « 15 à 20 minutes » lors des arrêts. Pour cela, il faut creuser un tunnel de près de 8 kilomètres pour traverser la ville, entre la Delorme au Nord (15e) et à la Parette à l’Est (12e). À lui seul, ce chantier représente un coût de 1,2 milliard d’euros.
Au niveau de Saint-Charles, une gare souterraine va donc être créée à 25 mètres de profondeur en excavant plus de 500 000 m3 de terre et de roche. Elle mesurera 50 mètres de large pour 400 mètres de long, soit la taille des quais pour les grands TGV.
Il faut imaginer que « cette boite souterraine fera la taille d’un gros porte-conteneur CMA CGM », illustre le directeur de projet pour SNCF Gares & Connexions, Antony Roy.
En surface, les « Halles Saint-Charles » doivent recomposer le quartier
Les Marseillais seront certainement sensibles à la partie visible de l’iceberg, l’extension de la gare en surface. « Nous avons pensé ‘les Halles Saint-Charles‘ en continuité du bâti existant », retrace Mélanie-Lan Dorémus, directrice de studio pour l’Arep. Le projet prévoit la construction de trois nouvelles halles.
Le tout dans une « démarche écologique », assure l’architecte. Au-delà des « ombrières bioclimatiques, des matériaux durables et bas carbone », les grandes toitures seront couvertes de 5 000 m2 de panneaux photovoltaïques.
Mais l’opération doit surtout reconnecter les quartiers alentours, avec une gare « ouverte à 360 degrés », alors qu’elle regarde principalement vers le Sud et l’Ouest. L’immense requalification urbaine, avec des cheminements transversaux (passerelles, tunnels, escaliers), permettra notamment de traverser vers la Belle de Mai.
Plus de 4 000 m2 de nouveaux espaces verts
Il faudra également compter sur le travail paysager, avec trois nouveaux espaces urbains autour d’une rampe qui mènera les piétons du boulevard National jusqu’en haut de l’escalier monumental.
Au total 4 300 m2 d’espaces verts seront créés. « Avec une palette méditerranéenne pour créer des îlots de fraicheur. Et une gare méditerranéenne adaptée aux enjeux climatiques », précise Chloé Sanson de l’atelier Roberta.
Trains, métros, bus, tramways : Saint-Charles, vaste pôle multimodal
Au-delà du renouvellement urbain que représente le chantier, et de l’amélioration du transport ferroviaire, le préfet de région Christophe Mirmand rappelle que la gare Saint-Charles deviendra un « vaste pôle multimodal. Avec les bus interurbains, deux lignes de métro, et une ligne de tramway ». Celui de la Belle de Mai, qui doit commencer à rouler en 2030.
Si les premiers coups de pioche sont attendus « dès 2025 » à Saint-Charles, il s’agira surtout des premières destructions, et de la réorganisation du plateau ferroviaire. Le grand chantier de la gare en surface ne doit pas commencer avant 2028, pour une livraison espérée avant 2035.