Showroom, coworking, ateliers… La Maison des Fabricoleuses ouvre ses portes dans le discret passage des Folies Bergères, vers la rue de la République. Un lieu unique pour renforcer la place des femmes dans le BTP.
« La Maison du bonheur au BTP », peut-on lire sur la devanture grise, fraîchement repeinte par les bénévoles du réseau inclusif Les Fabricoleuses. Un an après l’avoir annoncé, Cerise Steiner, la fondatrice et peintre en bâtiment, ouvre enfin les portes de ce lieu de vie de 280 m2 dans le passage des Folies Bergères, derrière la rue de la République (2e).
À l’intérieur, il reste encore quelques bricoles à peaufiner. Mais l’écrin est déjà accueillant. Les grandes portes vitrées donnent sur un séjour rosé, puis sur un bureau recouvert d’enduit bleu et doré. Au sol, du béton ciré. Vient ensuite la cuisine avec son « grand îlot central » en bois.
À l’étage, l’espace de coworking est en passe d’être achevé. Des pages de livres recouvrent les tables : une technique spécialement développée ici par une bénévole. Aux murs, de la chaux bleue et rose. C’est un peu comme une maison démonstratrice des savoir-faire du BTP. Mais pas que.
Être un facilitateur pour l’emploi
Ce 28 octobre, Vinci construction, partenaire de la première heure de l’association, y organise une session de recrutement. Douze femmes en reconversion professionnelle vont tenter de trouver un stage au sein du groupe de bâtiment, majoritairement masculin. En France, moins de 5% des femmes travaillent sur les chantiers.
À l’issue de cette journée, huit d’entre elles sont reparties avec une promesse de stage sous le bras. Vinci les encadre deux jours en immersion, fait le bilan, puis leur propose une formation, pour les embaucher ensuite, si affinités. « On n’est pas qu’un réseau, là, on crée de l’emploi ! », lance Cerise, les yeux écarquillés.
« On leur propose quoi aux femmes qui cherchent un emploi ? Un boulot dans le ménage, dans l’administratif, dans les crèches… ».Cerise Steiner
« On leur propose quoi aux femmes qui cherchent un emploi ? », reprend-elle en ajustant ses lunettes translucides. « Un boulot dans le ménage, dans l’administratif, dans les crèches… Alors qu’il y a 200 000 emplois vacants dans le BTP ! ».
Le réseau des Fabricoleuses a ainsi développé une plateforme digitale depuis plusieurs mois, avec un développeur bénévole. Cet outil vise à « rendre visibles » les profils des femmes dans le bâtiment. Mais aussi à ce qu’elles s’interconnectent de Marseille, à Strasbourg, en passant par Paris et Bordeaux.
Trouver des partenaires
Si le réseau veut pousser les femmes à se lancer, Cerise tient à garder une mixité entre ses 150 adhérents qui sont à 35% des hommes. « La féminisation du BTP ne se passera pas sans eux. Notre ambassadeur est d’ailleurs un homme », soutient la peintre.
Avec ce nouvel écrin et la plateforme en ligne, financés en fonds propres, Les Fabricoleuses espèrent attirer davantage de partenaires pour être plus à l’aise financièrement. Voire glaner quelques subventions pour continuer d’agir comme « un facilitateur » auprès de ses membres.
Tester, grandir, s’accomplir. Telle est la marotte de Cerise. Elle qui a eu mille vies déjà. D’abord hôtesse d’accueil pour Louis Vuitton, ouvreuse dans un théâtre, fondatrice des apéritifs érotiques (les apéro-tiques) à Paris, elle s’est formée seule à la peinture en 2019, avant de lancer ce réseau et incubateur au féminin.
Dès l’année prochaine, elle s’apprête à entamer une nouvelle formation d’ouvrière en éco-construction. « Y’en a marre du béton ! », s’esclaffe-t-elle, déjà enthousiaste à l’idée de tout recommencer.