Le leader mondial des data centers, Digital Reality, implanté à Marseille depuis 10 ans, vise la construction d’une 6e infrastructure à Bouc-Bel-Air. L’entreprise regarde plus largement vers Plan-de-Campagne et Septèmes-les-Vallons pour se déployer.

Marseille compte quatre data centers et bientôt un cinquième (MRS5) actuellement en construction sur l’ancien silo à sucre du port. Contraint par le manque de foncier disponible et de raccordement électrique suffisant, Digital Reality, le leader mondial américain des data centers implanté à Marseille depuis 10 ans, lorgne sur l’ouest de la métropole pour se développer.

C’est sur la commune de Bouc-Bel-Air, en lieu et place de l’ancien entrepôt logistique de Décathlon, que Fabrice Coquio a jeté son dévolu. Le dirigeant, ancien patron de Interxion qui a fusionné avec Digital Reality en 2020, décrit désormais son groupe comme « un spécialiste de la reconversion de friches ».

Décathlon France a délaissé ce bâtiment de 25 000 m2 début 2024 pour rejoindre la plateforme logistique construite par Barjane à Ensuès-la-Redonne, sur le parc d’activités des Aiguilles. La firme de sport et loisirs a ainsi doublé sa capacité logistique en passant à 38 000m2 d’entrepôts.

La commune de Bouc-Bel-Air réfractaire

La Ville de Bouc-Bel-Air est cependant réfractaire à l’installation du projet de stockage de données sur ses parcelles. L’entourage du maire Richard Mallié (LR) pointe « une opacité » et demande à Digital Reality d’être « plus transparent » sur ce dossier. « La population a besoin de connaître l’impact en termes de bruit et de consommation d’énergie », précise la mairie de 15 000 habitants.

Une pétition, regroupant 1 250 signatures, relève aussi une « pure perte » de la chaleur fatale, l’énergie résiduelle issue des serveurs. « Elle n’est pas utilisée l’hiver pour des habitations collectives ou des piscines comme c’est le cas en Allemagne », regrettent les contestataires.

Le leader mondial travaille, de son côté, pour réutiliser cette chaleur perdue, à Marseille, qui pourrait notamment servir à chauffer la future piscine nord. « On va présenter un projet le mois prochain », promet le patron.

data centers, Après Marseille, le futur des data centers s’écrit vers l’ouest de la métropole, Made in Marseille
Portrait de Fabrice Coquio, dirigeant de Digital Reality France (© Margot Geay)

Un agrément environnemental à obtenir en juillet

Avant de déposer le permis de construire, Digital Reality doit d’abord obtenir un agrément spécifique de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) appelé ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement) pour mesurer cet impact environnemental. « Nous devrions avoir la réponse en juillet », estime confiant Fabrice Coquio.

Ce sceau délivré par l’État est d’autant plus important que l’entreprise anticipe déjà, avec ces 6e centre, la forte accélération des échanges de la donnée, et le développement de l’intelligence artificielle, d’ici 2030. C’est pourquoi cette infrastructure numérique prévoit d’être deux fois plus puissante que le MRS5 (12 000 m2).

Pour se développer dans la décennie à venir, Digital Reality regarde plus largement du côté de Plan-de-Campagne et de Septèmes-les-Vallons là « où les friches sont disponibles ».

Une stratégie territoriale dans les tuyaux pour les data centers

Toutefois, les enjeux restent très vifs autour de l’accaparement de foncier et d’énergie que représentent les data centers sur le territoire.

Pour faciliter les opportunités foncières ainsi que le raccordement à l’électricité, Fabrice Coquio en appelle aux pouvoir publics « pour réfléchir aux enjeux de planification ». Ce que réclament également les militants opposés au développement excessif des centres de données.

Tous s’accordent sur la nécessité de créer une feuille de route stratégique pour concilier développement économique, moindre impact sur l’environnement, et prise en compte des spécificités territoriales.

Contactée, la Métropole Aix-Marseille-Provence, assure avoir engagé « un plan d’orientations stratégiques pour l’accueil des datacenters. Il est en cours d’élaboration avec de nombreux acteurs dont l’État ».

Dans ce sens, Cyrille Le Vély, secrétaire général de la Préfecture des Bouches-du-Rhône, a annoncé, lors des 10 ans de Digital Reality, avoir commandé une étude auprès de l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) pour établir un plan de développement soutenable du numérique. Réponse en 2025.

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