Jocelyn Meire, le fondateur du réseau Fask, fait renaître le syndicat des professionnels de la mode dans le Sud. Rebaptisé « Mode in Sud », cette structure doit retisser les liens entre le local et le national.

Jocelyn Meire veut relancer la machine de l’Union des professionnels de la mode et de l’habillement (UPMH) dans le Sud. Le fondateur du réseau des professionnels de la mode Fask, qui a pris les rênes de l’UPMH en 2022, l’avoue volontiers : « Je l’ai mis un peu de côté ».

Ce 9 octobre, l’entrepreneur recevait donc les différents présidents des fédérations nationales de la mode au restaurant 1860 pour présenter la nouvelle version marketing du syndicat. La structure s’appellera désormais « Mode in Sud ». Un nouveau logo et la refonte du site internet s’y ajoutent pour dépoussiérer son image.

L’idée est aussi de « ramener de la cohérence avec les autres syndicats locaux », notamment ceux de Nantes et de Lyon, qui réfèrent tous à l’Union française des industries et métiers de la mode et de l’habillement (UFIMH). La structure nationale fédère tous les métiers, du vêtement à la chaussure, et du prêt-à-porter à la haute couture.

Accompagner les marques vers le premium

Avec près de 130 adhérents du secteur, qui représente 60 000 emplois directs et indirects sur le territoire, Mode in Sud doit porter les messages locaux au niveau national, et inversement. Jocelyn Meire va ainsi constituer un comité stratégique avec des élus de Marseille, Aix, Nice, et Toulon « pour donner du poids aux propositions ».

L’une des priorités sera d’accompagner les marques vers la montée en gamme. « Une obsession de la qualité est indispensable pour montrer la splendeur de la France », assène Yann Rivoallan, président de la Fédération française du prêt à porter. Il souligne également le besoin de promouvoir les formations afin de concrétiser l’élan de réindustrialisation textile.

Car le marché français de la mode est en forme de sablier depuis le Covid. Tout en haut : le luxe avec ses prix très élevés. Au centre : un milieu de gamme qui s’est amoindri, entraînant la chute vertigineuse de Camaïeu, Kookaï… et du marseillais Kaporal (qui tente de reprendre des couleurs depuis juillet dernier).

Et enfin le socle : la fast fashion, peu chère, tirée par le mastodonte Shein. « Pour vous donner une idée, le fabricant chinois sort 10 000 pièces par jour », grimace Yann Rivoallan. Simple calcul : la marque inonde donc le marché mondial de 3,65 millions nouveaux vêtements par an.

Une proposition de loi contre l’ultra fast fashion

Les professionnels ont travaillé avec des parlementaires sur une proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile, 7e industrie la plus polluante au monde. Le texte, actuellement entre les mains du Sénat, vise trois objectifs : définir la mode éphémère, leur interdire la publicité, et enfin créer des règles avec des « bonus » et « malus » à l’achat des produits. « Ce qui pourrait rapporter un milliard d’euros à notre industrie française », estime Yann Rivoallan.

Un nouveau CAP broderie à Marseille

Quid du rôle de Fask ? Fondé il y a cinq ans, le réseau œuvrait d’abord comme une fédération des acteurs de la mode, tout en montant des projets. L’école de couture Fask Academy en est un. Elle change d’ailleurs de nom pour devenir l’École des professionnels de la couture et du textile (EPCT) afin de ne plus confondre avec Fask.

Les adhérents du collectif seront « naturellement transférés » vers le syndicat. « Mode in Sud fédère, Fask opère », résume Jocelyn Meire pas peu fier de sa formule. Fask continuera donc à animer des ateliers et des conférences au profit des adhérents.

Jocelyn Meire tient, surtout, à recréer une vraie filière textile dans le Sud, déjà constituée de beaux ateliers comme Fil rouge, 13 A’tipik, et de belles marques comme Sessùn, Kaporal, ou Jott.

Il entend continuer à développer ses ateliers partagés et enrichir la formation initiale et continue. Le petit nouveau en date : le CAP broderie. « Le premier de la région », se félicite le Marseillais.

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