La régie de quartier Noailles-Belsunce a été inaugurée le 20 février sur la place de la Providence (1er). La structure, impulsée par la mairie de secteur, doit servir de levier pour l’emploi des habitants.

Répondre aux besoins des habitants en créant de l’emploi de proximité : telle est la mission des 130 régies de quartier en France. La création d’une régie était une promesse du Printemps marseillais pendant les municipales de 2020 pour résorber la fracture sociale.

Pour Noailles et Belsunce, deux quartiers paupérisés de Marseille qui comptent respectivement 42% et 55% d’inactivité, Sophie Camard (GRS) a monté le projet « à partir d’une feuille blanche ». La maire de secteur a reçu le soutien de Didier Ostré, le directeur général des services de la Ville de Marseille de l’époque, Laurent Carrié, l’ancien préfet à l’égalité des chances, « et des personnes qui y croyaient beaucoup » comme son adjoint aux affaires sociales, Gilles Aspinas.

En mars 2023, la Ville de Marseille a recruté Elena Gantzer, la coordinatrice de l’association de réinsertion des prisonniers Wake-up café à Marseille pour mener une mission de préfiguration pendant un an. L’ancienne avocate a récupéré les clefs du local de 260 m2 au 39A rue Nationale (1er) pour le rénover. Les murs ont notamment été repeints par Azeddine Beggar, le tout premier salarié, également professeur de karaté bénévole au centre municipal d’animations (CMA) Velten.

Un modèle économique à trouver

Si Marseille compte déjà deux régies de quartier au Nord de la ville, la Régie service 13 et la Régie nord littoral, « deux des plus grosses régies de France » en partenariat avec des bailleurs sociaux tels que 13 Habitat ou Logirem, « il faut trouver un modèle propre à notre régie du centre-ville », explique Pierre Albouy, le président.

Le modèle économique des régies de proximité, comme l’a caractérisé le mouvement des régies qui décerne le label « régie de quartiers » depuis 40 ans, se compose à 60% de recettes propres via des ateliers et des chantiers d’insertion (ACI) et à 40% de dons ou de subventions.

À ce stade, la régie de Belsunce-Noailles est majoritairement financée par des subventions et des dons, à hauteur de 313 500 euros, en plus du financement de l’État pour chaque poste de 22 000 euros. La structure a obtenu son premier contrat de sous-traitance de 100 000 euros avec la Ville de Marseille pour gérer les espaces verts.

À noter, toutefois, que les opportunités de chantiers d’insertion sont plus dispersées, et donc plus complexes à trouver en centre-ville qu’en périphérie de Marseille. « Notre offre sera multi-service », précise Sophie Camard.

régie de quartier, La régie de quartier Noailles-Belsunce ouvre ses portes pour créer de l’emploi, Made in Marseille
De gauche à droite. Audrey Gatian, présidente de Marseille habitat, Gilles Aspinas, l’adjoint aux affaires sociales, Michaël Sibilleau, le préfet à l’égalité des chances, Pierre Albouy, le président de la régie, et Sophie Camard, la maire de secteur écoutent Kamel Boussalem, le secrétaire de la régie.

Distribution de petits-déjeuners dans les écoles

Elena Gantzer a, de fait, identifié des tâches de proximité comme l’accompagnement des locataires de bailleurs sociaux pour traiter les punaises de lit, la remise en état des cages d’escaliers, la végétalisation des cours d’immeubles ou l’accompagnement au numérique. « Les 200 à 300 logements sociaux à agréer de la SPLA-IN [société publique créée pour lutter contre l’habitat indigne, Ndlr] pourront aussi être une opportunité », espère Sophie Camard.

La maire annonce, émue, avoir « trouvé le montage financier nécessaire » avec la Caisse des écoles, le ministère de l’Éducation et le fonds de dotation Entreprendre pour toi, pour réaliser la distribution de petits-déjeuners en vélo-cargo aux écoles du quartier tous les jours, à partir du 11 mars. « Certains minots ne mangent pas le matin, et c’est une des premières injustices sociales à l’école », soutient son adjoint Gilles Aspinas.

D’ici la fin de l’année, la régie espère avoir recruté 10 habitants. À terme, 26 personnes du quartier doivent être embauchées à 26 heures par semaine, soit l’équivalent de 20 emplois à temps plein. Ces emplois aidés, d’une durée de 6 à 24 mois, concerneront plus de la moitié du budget annuel de fonctionnement, estimé entre 600 000 et 700 000 euros.


Un conseil d’administration diversifié

Michael Sibilleau, préfet à l’égalité des chances
Laurent Lhardit, adjoint à l’économie de Marseille
Pierre Albouly, président de la régie de quartier
Gilles Espinas, élu à la mairie de secteur
Cécile Suffren, représentante de l’association Habitat alternatif social
Christine Charnay-Heitlzer, représentante de l’association Soliha Provence
Pierre Albouy, président de la régie Belsunce-Belsunce
Valérie Calviac, trésorière
Karim Boussalem, secrétaire
Un collège de 9 habitants
Un collège de 9 acteurs économiques du quartier, notamment deux représentants des régies nord littoral et régie service 13.

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