Dix entreprises marseillaises ont créé le fonds de dotation « Entreprendre pour toi » pour aider le monde économique à s’engager dans la lutte contre la précarité.

Au lendemain du drame de la rue d’Aubagne en novembre 2018, des entrepreneurs se sont retrouvés autour d’une table pour se demander : « Comment l’entreprise peut-elle aider ? », raconte Emilie de Lombarès, la présidente du directoire du groupe Onet dans le restaurant Twali (1er), en face de la gare Saint-Charles, le 30 janvier.

De ces échanges réguliers est né « Entreprendre pour toi », un collectif de 10 entreprises marseillaises regroupant la fondation de la Compagnie fruitière, la Caisse d’Epargne Cepac, Erilia, Kedge Business School, le cabinet de conseil Stan, Candide, EDF, la Société des eaux de Marseille (SEM) et Travaux du Midi, qui avait d’abord vocation à reloger les familles victimes des arrêtés de périls du centre-ville de Marseille.

Quelques années plus tard, la rencontre avec l’Entreprise des Possibles à Lyon, portée depuis 2017 par Alain Mérieux, le fondateur du groupe Biomérieux, change la donne. « L’idée, ce n’est pas de réinventer un modèle qui marche. On a travaillé ensemble pour le dupliquer à Marseille », poursuit la cheffe d’entreprise. Le collectif s’est constitué en fonds de dotation en avril 2023 de manière à capter les dons pour les réorienter vers les associations.

Entreprendre pour toi, Le collectif « Entreprendre pour toi » veut mettre l’entreprise au service des associations, Made in Marseille
Le collectif présente le fonds de dotation au Twali (1er)

Faciliter les démarches

Pour simplifier les liens entre le monde associatif et économique, le collectif marseillais utilise une plateforme numérique. « Un outil clé en main qui facilite les actions d’intérêt général », résume Marie-Pierre Fabre, présidente du fonds de dotation de la Compagnie fruitière. Ce concept ressemble à la plateforme de l’engagement de la Fondation de Marseille « avec qui nous sommes régulièrement en contact », assure Julie Rosenfeld, déléguée générale de « Entreprendre pour toi ».

La structure a convaincu 15 entreprises d’intégrer le fonds de dotation selon deux formules : un ticket d’entrée de 10 000 euros sur 3 ans pour « les entreprises engagées », 1000 euros par an pour les « entreprises partenaires » de plus de 100 salariés, et 500 euros pour les moins de 100 collaborateurs. « Nous voulons attirer tous les types d’entreprises car plus on sera nombreux, plus ça fera un effet de levier pour les associations », indique Frédéric Busin, directeur régional d’EDF.

À ce jour, 60 000 euros ont été redistribués vers 6 associations, comme Just pour son projet de tiers-lieu solidaire « Chez Jeanne » qui reloge 10 grands marginalisés à La Madrague de Montredon (8e). En plus d’un don financier perçu pour acheter des lits, près de 50 salariés d’Onet ont participé à la rénovation du bâtiment prêté par la Ville de Marseille.

Entreprendre pour toi, Le collectif « Entreprendre pour toi » veut mettre l’entreprise au service des associations, Made in Marseille
Jean-Régis et Jules, membres de l’association Just

Le don de congés payés plébiscité

C’est ce que l’on appelle du mécénat de compétence : le salarié consacre quelques heures de son temps de travail pour une association, en accord avec son employeur. Pro Bono Lab a accompagné « Entreprendre pour toi » sur ce volet. « C’est une pratique peu connue et peu pratiquée sur notre territoire. Il y a donc un fort potentiel car nous sommes dans les derniers en nombre de mécènes en France », rappelle Laurent Fialon, directeur général de la structure.

De fait, « Entreprendre pour toi » propose trois leviers d’action pour les entreprises : « Le mécénat de compétence, le don en nature et le don financier qui comprend le don de congés payés, insiste Julie Rosenfeld qui fournit, elle-même, 80% de son temps en mécénat de compétence pour gérer ce fonds de dotation.

Dans la pratique, lorsqu’un salarié choisi d’offrir un congé payé à une association, son entreprise doit ensuite abonder l’association. « Si la journée d’un salarié vaut 100 euros et que l’entreprise abonde à 2.5 (un montant indicatif) alors l’association récoltera 350 euros », précise Julie Rosenfeld. Et d’insister : « 70% des collaborateurs favorisent le don de congés payés ». Une pratique qui tendrait donc à se démocratiser ?

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