L’architecte Matthieu Poitevin et le promoteur Quartus vont lancer la construction de « La Citadelle », boulevard de Briançon (3e) à Marseille. D’anciens hangars industriels vont se muer en immeuble de logements avec toits-terrasses et restaurant.
Autour de la station de métro Bougainville, Euroméditerranée finit la création d’un nouveau parc et prépare la future piscine municipale, au pied de la cité Félix-Pyat. À côté, la traverse du Bachas et le boulevard de Briançon forment une patte-d’oie sur laquelle d’anciens hangars industriels trônent toujours.
Le terrain de jeu favori de l’architecte marseillais Matthieu Poitevin (Friche Belle-de-Mai, Atelier Bompard…) et son agence Caractère Spécial. On retrouve sans surprise son nom, ainsi que celui du promoteur Quartus, sur le permis de construire accroché à l’un des bâtiments désaffectés.
Les porteurs du projet l’ont baptisé : « La Citadelle du boulevard de Briançon ». Du T2 au T5, la première phase doit produire « 52 logements neufs, tous traversants, 100 % de social* », précise l’architecte. L’opération prévoit 3 785 m2 de surface de plancher pour 4 à 5 étages. « Nous devons débuter les travaux courant 2024, pour une livraison prévue début 2025 », annonce-t-il.
Des toits-terrasses privés et communs
Cette opération va donc entrer en phase opérationnelle dans le quartier de Saint-Mauront, parmi les plus pauvres de Marseille. « Mais en pleine évolution », rappelle Matthieu Poitevin qui souhaite « prouver des choses sur le logement de qualité ».
Ce projet fait notamment la part belle aux espaces extérieurs. « 50 % de plus que pour des logements traditionnels, estime l’architecte. C’est un pari financier pour un projet privé ».
Pour cela, il a décidé d’exploiter les toitures en terrasses. « Au lieu de se limiter à des balcons de 4 m2 dans les appartements, nous proposons 15 à 20 m2 d’extérieurs par logement, mais sur les toits ».
Un restaurant sur placette en rez-de-chaussée
Certains toits-terrasses seront communs. « Des lieux de convivialité, de rencontres, pour des barbecues, du jardinage, des apéros, avec vue sur la mer et le port. C’est devenu primordial d’avoir accès à l’extérieur depuis le Covid. Surtout pour les jeunes, à qui je pense en premier dans mes projets », raconte Matthieu Poitevin.
En bas, l’architecte a souhaité dimensionner les espaces en rez-de-chaussée pour qu’ils « soient réellement utilisables pour des associations et des commerces ». Il annonce également qu’un restaurant donnera sur une placette.
20 % des espaces co-construits avec les habitants
Le geste architectural le plus frappant réside dans les toits-terrasses en enchevêtrement. Mais l’accent est également porté sur les matériaux dans une approche qui se veut durable. Notamment avec le réemploi des pierres du bâtiment actuel, et le choix du bois pour la totalité des menuiseries du futur édifice. Ou une réflexion thermique via la ventilation naturelle des logements pour la sobriété énergétique du complexe.
Le projet réserve également « 20 % des espaces pour les co-créer avec les futurs habitants. Un engagement politique architectural pour faire la ville avec tout le monde, pose Matthieu Poitevin. De l’architecture pédagogique, pour une appropriation de son lieu de vie », espère-t-il.
Ces diverses approches ont permis à l’opération, élaborée en partenariat avec la Métropole Aix-Marseille-Provence, d’être lauréate de l’appel à manifestation d’intérêt Engagés pour la qualité du logement de demain. Un dispositif initié par les ministères de la Culture et du Logement.
Pour Béatrice Dessaints, directrice générale de Quartus, « cette distinction vient confirmer notre esprit pionnier et notre culture d’innovation mis au service de la qualité des logements, de la sobriété énergétique et de l’architecture ».