RER métropolitain, désenclavement des quartiers Sud de Marseille… Après son annulation en raison du remaniement ministériel, la prochaine réunion du Groupement d’intérêt public (GIP) « Aix-Marseille-Provence Mobilités » devrait se tenir dans le courant du mois de février.
Dans l’attente de la nomination des ministres délégués et des secrétaires d’État, la réunion du groupement d’intérêt public (GIP) mobilités, co-piloté par l’État et la Métropole Aix-Marseille-Provence, a finalement été annulée, comme le révélait il y a quelques jours Marsactu.
Cette réunion très attendue devait se tenir ce vendredi 19 janvier, en présence de Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État à la Ville et à la Citoyenneté et au plan Marseille en grand.
« Avec la présidente de la Métropole, nous souhaitons le réunir très rapidement, vraisemblablement d’ici le mois de février ou dans le courant du mois de février », déclare le préfet de Région, Christophe Mirmand, lors de sa cérémonie des vœux à la presse. Ce que nous avons prévu, c’est de pouvoir débattre d’abord de l’actualisation de différentes opérations inscrites et d’évoquer les conditions dans lesquelles la deuxième tranche de subventions pourrait être ventilée ».
L’enjeu est de pouvoir élargir cette concertation à un certain nombre d’autres acteurs, « d’abord les communes concernées, les représentants des acteurs économiques, puisque la question du versement transport* fait partie aussi des sujets qui sont débattus. Les entreprises financent très largement les déplacements à l’échelle de la métropole. Mais aussi aux usagers », précise le représentant de l’État.
Désenclaver les quartiers Sud et Est de Marseille
Pour rappel, cette instance consultative et de programmation a été constituée pour accélérer le développement des transports à Marseille et sur le territoire métropolitain, dans le cadre du plan Marseille en Grand, annoncé par Emmanuel Macron, en 2021.
Dans ce but, le soutien de l’État s’élève, pour l’heure, à 1 milliard d’euros : 256 millions d’euros de subventions et 744 millions d’euros d’avances remboursables inscrites dans la loi de finances 2022. Une quinzaine de projets de mobilité ont été engagés par la Métropole, maître d’ouvrage, pour un montant de 2 milliards d’euros.
« Les projets suivent leur cours, mais malheureusement, même engagées, une ligne de tramway, c’est 7 ans de réalisation, et 10 ans pour une ligne de métro, donc dès maintenant il faut travailler sur la suite. Les quartiers Nord vont être désenclavés, mais les quartiers Sud, les quartiers Est méritent aussi une attention particulière », nous confie Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, en marge du lancement du nouveau service de covoiturage.
Lors de ses vœux à la presse, au début du mois, l’élue annonçait avoir de nouveaux projets à proposer. Ils concernent justement ce secteur de Marseille : « Comment désenclaver la Pointe-Rouge ? Est-ce qu’on passe sur la Corniche ou par le Prado ? Est-ce qu’à Luminy, on vient jusqu’ici en tramway en passant par Michelet ? Pour la Valentine, c’est pareil. Il faut également travailler sur les quartiers du 10e et 11e arrondissements (Saint-Loup, Saint-Marcel…). Comment est-ce qu’on y va ? ». Autant de questions qui seront posées à l’occasion de la prochaine réunion, pour éventuellement (re)lancer les études de faisabilité.
Structurer le service express régional métropolitain
Au cœur des débats également, le maillage territorial, avec notamment le service express régional métropolitain (SERM). Une proposition de loi, portée par le député (Renaissance) des Bouches-du-Rhône, Jean-Marc Zulesi a été adoptée à l’unanimité au Sénat en novembre 2023.
« Le SERM, tel qu’il a été évoqué par le président de la République, est un service qui inclut bien sûr le rail, le RER, mais également d’autres composantes qui peuvent être des bus à haut niveau de service (BHNS), l’aménagement de voies réservées sur les points express, comme on a commencé à réaliser sur les autoroutes, par exemple, entre Marseille et Aix, précise Christophe Mirmand. Ça peut être également des réflexions en terme d’intégration de la billettique. Tous les enjeux d’amélioration de la qualité de service à l’intérieur des grandes agglomérations ».
La loi prévoit de donner à la société du Grand Paris, qui pilote ce chantier, le cadre nécessaire au développement d’ici à 10 ans d’un réseau de RER métropolitains dans dix grandes agglomérations, hors Île-de-France. Le préfet souhaite avec les autorités organisatrices de la mobilité (AOM), principalement la Métropole, la Région et la SNCF, s’inscrire dans la même perspective et « progresser sur cette réflexion ».
Transformer la gare Saint-Charles à l’horizon 2032
Pour lui, la création de la Ligne Nouvelle Provence-Côte d’Azur (LNPCA) qui doit relier Marseille-Toulon-Nice par le rail, et dont les travaux débutent cette année, apporte déjà un certain nombre de « réponses essentielles, car ce n’est pas seulement l’amélioration de la ligne à grande vitesse. C’est aussi l’amélioration des déplacements du quotidien. C’est en tout cas cette dimension qui prévaut pour les agglomérations toulonnaises et niçoises, et également pour Marseille, avec la réalisation de la gare souterraine de Saint-Charles ».
Actuellement, elle constitue un obstacle à la modification du cadencement des TER. Le plateau de Saint-Charles ne permet pas de juxtaposer à la fois l’accueil des trains à grande vitesse et en même temps améliorer les dessertes des RER. « Il faut donc que nous puissions réaliser la gare Saint-Charles à l’horizon 2032, pour pouvoir disposer de toute la capacité d’amélioration. Et sans attendre, nous devons aussi travailler sur une amélioration du service ferroviaire, avec des investissements qui peuvent être réalisés sur la ligne de la Côte-Bleu, sur une réflexion concernant la remise en service de la ligne passager Aix-Rognac que certains élus et certaines associations appellent de leurs voeux. Il y a aussi des projets de BHNS qui doivent être le cas échéant étudiés en alternative ».
100 millions d’euros déjà fléchés sur l’aire marseillaise
Le préfet de Région évoque « la nécessité aussi de faire travailler ensemble à la fois la Région et la Métropole en tant qu’AOM pour pouvoir permettre également de réfléchir ensemble sur les améliorations de l’offre de transport ».
Dans le cadre du contrat de plan État-Région, 100 millions d’euros ont été fléchés pour les RER régionaux pour l’agglomération Aix-Marseille-Provence. « Une intention qu’il faut confirmer maintenant dans la convention correspondante. Mais 100 millions d’euros ne suffiront pas, bien sûr, pour la totalité des infrastructures nécessaires », précise toutefois le préfet.
*Le versement mobilité est une contribution des entreprises aux transports en commun, collectée par l’Urssaf. Il est obligatoire pour les entreprises de plus de 11 salariés. La Métropole AMP envisage d’augmenter son taux pour financer la gratuité des transports en commun sur son territoire.