Port-Saint-Louis-du-Rhône se prépare à accueillir « WindTech » Méditerranée en 2026 pour soutenir l’économie du vent. Le maire se bat depuis des années pour voir ce lieu émerger au carrefour de la recherche, de l’innovation, de la formation et du tourisme.
Depuis 10 ans, Martial Alvarez veille au grain sur le développement de l’éolien en mer. Le maire de Port-Saint-Louis-du-Rhône, située à l’embouchure du fleuve et de la Méditerranée, en est convaincu depuis son élection en 2014 : sa commune doit user de ses atouts naturels pour faire émerger une filière économique du vent. « À l’époque, l’Etat se désengageait du nucléaire pour développer son mix énergétique », retrace l’édile (SE).
Fin 2015, alors que la Métropole Aix-Marseille-Provence n’est encore qu’un embryon, Martial Alvarez pousse la porte du bureau de François Bernardini (DVG), le président du territoire d’Istres-Ouest-Provence, pour lui exposer l’intérêt d’implanter des projets sur sa commune de 8500 habitants, qui dispose déjà d’une éolienne depuis 2004. « Il m’a dit d’y aller à fond », confie le maire.
Des terrains identifiés sur le quai de la Suisse
Martial Alvarez cartographie alors des parcelles disponibles pour accueillir des projets d’énergie renouvelable. Parmi les terrains situés sur le littoral, il pointe une zone désaffectée « depuis l’émergence du conteneur dans les années 90 » sur laquelle une halle de 3400 m2 de l’ancien port de pêche sur le quai de la Suisse, au niveau du canal Saint-Louis, attend d’être rénovée.
Il imagine y faire un pôle technique d’excellence pour soutenir les nouveaux métiers du vent et de l’éolien off-shore. « Il y a tout un historique entre le port et les dockers à Port-Saint-Louis. Avec ce projet, on rentre dans la modernité », affirme, conquis, Christophe Madrolle, le conseiller régional à la biodiversité, mer et littoral. L’élu glisse aussi que les objectifs du projet rentrent complètement dans les orientations de la Cop d’Avance et du budget vert de l’institution régionale.
Or, ce foncier appartient au Grand Port maritime de Marseille-Fos (GPMM), une instance que le maire connaît bien en tant que docker et en tant qu’élu au conseil de surveillance du port depuis 2016. Il obtient le transfert de la gestion des terrains portuaires sur sa commune et récupère ce foncier en 2018 pour hisser les voiles de sa stratégie.
La validation de l’installation de la première ferme commerciale « Provence Grand Large » à 24 km des côtes « a vraiment créé une émulation des acteurs », assure Martial Alvarez, qui se dit « surpris » de l’intérêt des acteurs publics, privés, nationaux et internationaux pour le développement de son projet. En 2019, la Région Sud, premier soutien public, mobilise près de 100 000 euros pour financer les études de faisabilité du projet.
R&D, innovation, tourisme… Un projet multi-facettes
Concrètement, WindTech s’articulera autour de 4 activités : la recherche & développement (R&D) pour mesurer l’impact de l’éolien sur le milieu naturel, l’innovation avec des projets de start-up, la formation aux métiers du vent et de la glisse, ainsi qu’une salle d’expositions pensée comme « une vitrine de l’éolien off-shore », explique le maire. Ces 4 activités s’articuleront sur deux sites : un parc technique et une grande halle.
Le volet R&D sera installé dans un « parc technique » de 2 hectares autour de la halle découpés en deux zones : un jardin du vent et une zone de tests pour les prototypes des start-up. Cet espace doit apporter un soutien logistique pour l’installation et le développement des activités pilotes et d’expérimentation des sites éoliens de Provence Grand Large et de la zone d’essai Mistral. Il est constitué d’un bord à quai sur le canal St Louis (100 m) et d’une plateforme de Transbordement.
La halle de 3400 m2 sera transformée en campus. Le bâtiment abritera les volets innovations et formations. De fait, la pépinière d’entreprises Marseille innovation y sera intégrée. « Nous allons lancer un appel à candidatures local et international au 2e semestre 2024 auprès de start-up prêtes à s’investir et s’implanter ici. Si déjà nous recrutons 10 entreprises ça serait une belle prouesse », nous confie Laurence Olivier, la directrice générale.
Quand au volet formation, pour soutenir les métiers liées aux éoliennes off-shore et à la glisse, il n’est pas encore bien défini. Il se pourrait qu’il héberge le Centre formation apprentis (CFA) Industries à Istres et la formation aux sports de glisse du lycée Henri Leroy. Quelques hébergements nécessaires aux professeurs et aux chercheurs seront également aménagés sur le site.
Selon nos informations, un centre d’exposition muséal permanent, attractif et vivant, adressé à tous les publics pourrait être créée par des équipes du Laboratoire d’innovation publique de la Région Sud. Des visites touristiques devraient aussi intéresser le Parc de Camargue, auquel appartient la Ville depuis 2011, et l’agence des croisières du Rhône.
Les collectivités unies pour faire avancer WindTech
WindTech vise aussi à soutenir la création d’emplois régionale dans les métiers du vent. Une étude sur la Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC) sur l’éolien en Méditerranée réalisée par le Pôle Mer Méditerranée en partenariat avec la Région estime que la filière permettrait de créer plus de 1000 emplois locaux.
Convaincues par ce potentiel économique, les collectivités s’engagent à soutenir financièrement le projet estimé à 10,6 millions d’euros : l’Europe abonde de 3 millions d’euros, la Région Sud et l’État mobilisent chacun 2,1 millions d’euros, la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône libère le foncier d’une valeur de 760 000 euros, la Métropole Aix-Marseille-Provence apporte 2,4 millions d’euros.
« La Métropole devrait faire voter la subvention lors du prochain conseil métropolitain », nous assure Martial Alvarez. Désignée comme le maître d’ouvrage du projet, la Métropole AMP devrait inscrire WindTech dans le contrat Nos territoires d’abord, selon le maire.
La société publique locale (SPL) Nautismed devrait « certainement » se voir confier le site qui porte la base nautique à quelques mètres. « Si tout va bien nous devrions ouvrir en 2026 », s’enthousiasme le maire qui devrait garder WindTech dans son giron puisqu’il préside la SPL Nautismed.