Un pipeline de 150 km reliant Fos-sur-Mer et Manosque pour acheminer de l’hydrogène pourrait voir le jour en 2028. Les industriels intéressés doivent encore se positionner.
Le territoire attise les convoitises des projets de développement de l’hydrogène. Sa situation géographique en bord de mer, proche de l’Espagne avec le projet BarMar, [un pipeline pour transporter de l’hydrogène entre Barcelone et Marseille, ndlr] en font un laboratoire attractif. Lors des assises de l’hydrogène au conseil régional le 12 décembre, le projet « HYnframed » a été présenté. Ce tuyau long de 150 km doit relier Fos-sur-Mer à Manosque à horizon 2028.
Ce n’est autre que GRTgaz, le principal gestionnaire du réseau de transport de gaz français, qui porte le projet. L’entreprise est actuellement à la recherche de financements pour mener ses études d’ingénierie. « Nous signons des contrats avec les industriels intéressés par l’hydrogène qui s’engagent à financer les études pour un ticket entre 100 000 et 200 000 euros », nous détaille Thierry Trouvé, le directeur général du réseau.
Avant cette enquête, « HYnframed » a fait l’objet d’une première étude de faisabilité en 2022 grâce au cofinancement de la Région Sud et de l’Ademe. Cette dernière a confirmé « la possibilité de connecter les projets de production et consommation d’hydrogène aux projets de stockage d’hydrogène identifiés dans la région ainsi qu’au projet BarMar », explique GRTgaz.
Des cavités disponibles à Manosque
Quelques mois plus tard, « HYnframed » a intégré l’appel à projet Zones industrielles bas carbone(ZIBaC) remporté par Fos-sur-Mer. GRTgaz a ensuite lancé un appel à intérêt début 2023 pour affiner la pertinence d’une canalisation entre la zone de production et de consommation de Fos jusqu’à la zone de stockage à Manosque.
A ce stade, le projet intéresse Géométhane avec son projet GéoH2. La société manosquine, spécialisée dans le stockage gazier, s’est positionnée pour gérer le stockage de l’hydrogène produit entre Fos, notamment par H2V (600 Mégawatt), et Manosque, via Hygreen Provence (120 Mégawatt).
Pour stocker l’hydrogène, l’entreprise veut exploiter deux cavités salines à Manosque. « Historiquement, l’océan alpin s’est asséché du côté de Grenoble créant une grande marre de sel qui est redescendue lorsque les Alpes se sont créées », retrace Jean-Michel Noé, le président de Géométhane.
Le stockage de l’hydrogène nécessaire
Son entreprise va forer la roche en y ajoutant de l’eau afin d’obtenir de la saumure. Ce liquide salé sera ensuite transporté dans un tuyau déjà existant vers les étangs de Lavalduc et d’Engregnier, à proximité de l’Etang-de-Berre. « Sans impacter la biodiversité », assure le patron. L’idée est de vider ces cavités pour conserver jusqu’à 500 000 m3 d’hydrogène.
Le stockage de l’hydrogène est nécessaire pour « stabiliser tout le système », nous explique le chef d’entreprise. L’hydrogène vert est en effet un vecteur d’énergie issu du renouvelable : sa production est donc périodique. D’où la nécessité de garder des réserves d’hydrogène pour alimenter les lieux de consommation au moment opportun.
Cette technologie développée par Géométhane n’est pas une première mondiale. « Il en existe trois de ce type aux Etats-Unis et un en Angleterre, admet Jean-Michel Noé. Le 5e à Manosque sera plus moderne ». Si le président est confiant sur sa réalisation, son projet ne verra le jour qu’à condition que GRTgaz construise son pipeline.
Avant cela, l’Etat doit encore publier une autorisation de transport de l’hydrogène dans un pipeline. Le maire de Fos, René Raimondi, va demander d’en préciser les contours concernant la sécurité du tuyau aux abords des entreprises et des publics. L’édile, ne se projette pourtant pas encore sur ce projet lointain.