À l’occasion du vote du budget 2024 de la Ville de Marseille, les élus devront aussi adopter le premier plan pluriannuel d’investissements, qui prévoit « 300 projets à bâtir » dans les six prochaines années.
140 délibérations sont à l’ordre du jour du dernier conseil municipal de l’année ce vendredi 15 décembre. En plat de résistance : le vote du budget 2024. Il s’élève à 1,9 milliard d’euros, dont 1,4 milliard en budget de fonctionnement et 500 millions d’investissements.
Un montant identique à 2023. Toutefois, « c’est la première fois que les dépenses réelles d’investissements sont à cette hauteur dans la Ville de Marseille, précise Joël Canicave, adjoint aux finances, lors d’une conférence de presse de pré-conseil. 325 millions d’euros de programmation d’épargne d’investissement. On n’avait jamais fait ça ».
L’élu (PS) précise qu’il s’agit d’un engagement du début de mandat : « une ville qui n’investit pas est une ville qui se dégrade progressivement. On l’a vu pour les écoles, pas d’investissement, aujourd’hui ça coûte deux fois plus cher à rénover », illustre l’adjoint.
Malgré cette légère progression, le chef de fil du groupe Printemps marseillais s’attend aux commentaires des oppositions « qui ne seront pas infondés », analyse l’élu, anticipant l’une des questions de ses détracteurs. « Vous inscrivez des dépenses d’investissements, mais est-ce que vous les réalisez ? »
L’élu reprend néanmoins le dessus. Si les dépenses d’investissement s’élevaient à 65% au début du mandat, et 71% en 2022, la barre des 75% devrait être dépassée pour 2023. L’ambition est d’entrer « assez rapidement » dans le standard des collectivités territoriales qui réalisent leurs investissements à plus de 80%.
Les taux (taxe d’habitation sur les résidences secondaires, foncière sur le bâti et non-bâti) restent identiques à l’an dernier. En 2022, la Ville avait adopté une hausse de la taxe foncière pour faire face aux contraintes budgétaires. « Ça nous contraint beaucoup car les recettes ne sont pas très dynamiques et les dépenses, notamment de personnel, le sont beaucoup plus », commente l’adjoint.
Par ailleurs, la Ville, endettée à hauteur de 1 550 millions d’euros (1,5 milliard) en 2020, a diminué sa dette de 150 millions d’euros depuis trois ans. En juillet dernier, l’agence de notation Fitch Rating a attribué pour la première fois la note de « AA-» (contre A+ précédemment) à la Ville de Marseille pour l’amélioration de sa gestion financière.
300 projets pour les six ans à venir
Au menu encore, la présentation du Plan pluriannuel d’investissements (PPI) 2024-2029. Une première pour la Ville de Marseille, qui répond ainsi à une demande récurrente de la Chambre régionale des comptes (CRC). La deuxième ville de France était l’une des dernières collectivités de France à ne pas avoir de PPI.
Ce document de planification de long terme permet d’optimiser les dépenses et les prioriser, quand jusqu’ici la municipalité lançait des projets au fil de l’eau en fonction des besoins. « On avait voté en 2021, un plan d’investissement de Marseille (PIM), un pré-PPI. Là, on arrive sur une vraie programmation avec une liste de 300 projets à bâtir en 6 ans, avec un chiffrage dans sa globalité », souligne Joël Canicave.
Avec une enveloppe de 1,9 milliard, soit 320 millions d’investissement par an, le fil rouge de cette programmation est d’assurer l’accès à des services publics de qualité dans tous les quartiers de la ville.
Suivant son credo, « une ville plus juste, plus verte, plus sûre et plus démocratique », le Printemps marseillais a inscrit quelques nouveaux projets – et un certain nombre déjà lancés – à accélérer sur des sujets prioritaires du mandat : l’école, le logement et la transition écologique.
Pour une ville plus durable
Un quart du plan d’investissement, soit 404 millions d’euros, est consacré à l’éducation et la jeunesse avec notamment le grand plan de rénovation des écoles de la ville.
La transition écologique est bien dotée avec une augmentation de 24% par rapport à l’année dernière. Soit 21% du budget (360 millions d’euros) avec comme axes principaux, la rénovation énergétique des bâtiments municipaux, la création et rénovation des parcs et jardins, la préservation de la biodiversité…
« Mettre l’accent sur la transition écologique ce n’est pas rien pour préparer l’avenir de cette ville confrontée à une urgence sociale », note l’élu écologiste Fabien Pérez, délégué aux financements européens. Cet effort s’inscrit également dans le cadre de la nomination de Marseille par la Commission européenne parmi les « 100 villes neutres en carbone » et du vote du contrat ville climatique pour décarbonner le territoire.
Cela entre également en résonance avec le lancement de nouveaux dispositifs à l’instar de « Territoires zéro exclusion énergétique » pour aider les plus fragiles à réduire leur consommation d’énergie et leurs factures.
Préservation du littoral et des herbiers de posidonie, plan arbres, création de trames vertes et bleues, créations de 8 nouveaux parcs, rénovation du parc Longchamp… sont autant de projets « verts » inscrits dans le PPI.
Une planification qui va évoluer
Parmi les nouveaux projets culturels (191 M€), on note la création de deux médiathèques : l’une de près de 3000 m3 à capitaine Gèze dans le 15e dont les études vont être réalisées par Euromediterranée. Et celle rue Loubon, sur une friche industrielle de la Belle de Mai. En piste également, la rénovation de sept théâtres, dont la rénovation du théâtre du Gymnase.
S’il a le mérite d’exister, le PPI ne présente aucun calendrier. Raison pour laquelle chaque année, au mois de décembre à l’occasion du vote du budget, le programme sera révisé. « C’est un document vivant, qui n’est pas figé dans le temps. On va découvrir que certains dossiers que l’on avait programmés ne sont pas réalistes, on les supprimera et on en mettra d’autres. Ça nous permettra d’avoir un pilotage des investissements, ce qui est une très bonne chose pour la ville de Marseille », note Joël Canicave.
Le PPI consistant également à tester la faisabilité financière des projets et d’en évaluer les risques. « On n’a pas voulu se contraindre car c’est un premier exercice, tout ça va évoluer. Les études qui seront lancées permettront de ‘phaser’ les travaux. La principale vertu de ce PPI c’est d’exister ».
Des projets à co-financer
La Ville entend mener ces projets à terme grâce aux co-financeurs que sont la Métropole, le Département, la Région, l’État ou encore l’Europe mais aussi des partenaires privés. « Nous sommes dans une logique de 30% a minima venant de l’extérieur par projet », ajoute Joël Canicave.
Avec le plan Marseille en grand, déployé par Emmanuel Macron, l’État a déjà fléché 5 milliards d’euros notamment vers la rénovation/reconstruction des écoles, les transports, la rénovation urbaine… La Métropole Aix-Marseille-Provence a récemment voté une dotation de solidarité pour 2024 de 30 millions d’euros pour la Ville de Marseille, qui atteindra les 45 millions en 2025.
Le conseil métropolitain a également approuvé un contrat « Nos territoires d’abord », par lequel la Région s’engage à financer 28 projets de développement durable à hauteur de 178,3 millions d’euros en six ans (dont 53 pour Marseille), la Métropole apportant une part égale de financements.
Martine Vassal, présidente (DVD) de la Métropole et du Département des Bouches-du-Rhône ne s’oppose pas non plus à l’octroi d’une enveloppe à hauteur de 200 millions d’euros sur trois ans sur la base de projets, notamment sur le volet sécurité dans le cadre de l’aide aux communes. Les discussions avec le maire de Marseille, Benoît Payan (DVG) pour définir la liste précise devraient débuter à la rentrée 2024.