L’ex-silo à sucre du port de Marseille va laisser la place au data center MRS5 de Digital Realty (ex Interxion) d’ici 2026. La démolition de l’ancien bâtiment doit débuter en janvier.
En bordure de l’autoroute A55, sur le périmètre du Grand port maritime de Marseille (GPMM), le bâtiment triangulaire des années 1960 est bien reconnaissable. Cet ancien silo à sucre, à l’abandon depuis 2015, va disparaitre au profit d’un immense data center.
Le GPMM a lancé en 2022 un appel à manifestation d’intérêt pour donner une nouvelle vie au site. Digital Realty (ex Interxion) a emporté le lot en juin 2023 afin d’y créer un nouveau centre de données.
Le groupe présente aujourd’hui en détails le projet MRS5, qui sera son cinquième data center dans la ville et le quatrième sur la zone portuaire.
Le chantier de dépollution (amiante) et de démolition du silo à sucre de 10 000 m2 débutera dès « janvier 2024 », précise un communiqué.
Livraison à partir de 2026
Suivra un chantier titanesque pour livrer le nouveau data center « en plusieurs phases » à partir de 2026. Au final, le bâtiment proposera une surface de 12 000 m2 d’espace informatique équipé. Soit le double du dernier data center de Digital Realty, MRS4, pour lequel le groupe avait investi 125 millions d’euros.
La société n’a pas encore dévoilé son investissement pour MRS5, mais il deviendra son plus gros centre de données dans la ville.
Elle le présente comme « véritable vaisseau amiral de Marseille en tant que capitale européenne du numérique. Il viendra renforcer la communauté de clients du campus marseillais abritant l’innovation des entreprises du territoire mais également la présence stratégique de clouds souverains ».
Il répondra à « la demande croissante des plateformes cloud, média numériques, d’intelligence artificielle (IA), ainsi que des entreprises locales ». En effet, la ville accueille chaque année de plus en plus de câbles sous-marins la reliant numériquement à la planète. Marseille devrait ainsi bientôt devenir le 5e hub mondial de données.
Si le Port décide seul des projets sur son emprise, et que Digital Realty semble avoir déjà défini son projet, une phase de concertation a été lancée « avec les différentes parties prenantes du projet ». Dont la préfecture des Bouches-du-Rhône, le Grand Port Maritime de Marseille, la Métropole Aix-Marseille-Provence et la Ville de Marseille. Il s’agit de « favoriser une intégration optimisée de ce site sur son territoire ».
Un data center aussi vert que possible
La multiplication de projets de data centers fait grincer quelques dents sur le territoire. En particulier du côté de la municipalité, notamment pour des questions d’emprise foncière et écologiques, alors que ces centres sont très énergivores. « Le site intégrera les meilleures pratiques mises en œuvre par Digital Realty en matière d’éco-responsabilité » promet cependant la société.
Comme tous les data centers du groupe, MRS5 sera connecté à la solution innovante River Cooling qui emprunte l’eau d’une ancienne galerie minière pour refroidir ses salles informatiques. Les porteurs du projet estiment que ce dispositif est « jusqu’à 30 fois plus économe en énergie qu’un système de refroidissement classique ».
Avec une « énergie financée à 100% de source renouvelable grâce aux certificats Garantie d’Origine, il visera également une efficience énergétique exemplaire, poursuit le groupe. Ainsi que l’obtention d’une certification environnementale type LEED ».
Générer 200 emplois
Enfin, Digital Realty assure que sa propre « sous-station électrique » alimentera le centre de données. Il sera ainsi « sans impact sur les capacités électriques de la ville de Marseille, alors que sa réhabilitation permettra de dépolluer le site existant tout en évitant l’artificialisation des sols ».
Voilà pour l’argumentaire écologique. Sur le plan économique, Fabrice Coquio, président de Digital Realty en France, estime que MRS5 « dynamisera l’emploi local avec plus de 200 emplois directs et indirects dédiés qui s’ajoutent au 400 déjà créés sur le campus ».