Dans son garage à Meyreuil, Mathieu Ferreira fabrique des tapis isothermes et des coussins pour les sans-abri à partir de combinaisons de plongée usagées. Avec son association Les Pêcheurs du cœur, il est à la recherche d’un plus grand local pour augmenter son stockage et sa production.
Alors que les températures extérieures chutent drastiquement à cette période de l’année, environ 330 000 personnes sont contraintes de dormir dans la rue en France, selon un récent rapport de la Fondation Abbé Pierre. Ajouté à des conditions de vie extrêmement difficiles, « le froid reste l’une des premières causes de mortalité chez les sans-abri », rappelle Mathieu Ferreira.
Ce père de famille marseillais est aussi le fondateur de l’association solidaire Les Pêcheurs du cœur. Pour la deuxième année consécutive, il s’est lancé, avec l’aide de son entourage, dans la transformation de combinaisons de plongée usagées en tapis isothermes à destination des personnes sans domicile fixe. Ces combinaisons sont fabriquées en néoprène, un matériau aux fortes propriétés isolantes, mais encore impossible à recycler.
L’hiver dernier, l’équipe avait pu confectionner 36 tapis et coussins isothermes grâce aux 60 combinaisons collectées de la part de particuliers et de rouleaux de néoprène donnés par des marques. « Cette année, on espère en produire au moins le double », lance Mathieu Ferreira.
100 combinaisons collectées
Cette année encore, Mathieu est submergé par les demandes. « Je reçois des centaines de messages, de France et même d’Europe, de personnes souhaitant récupérer des tapis. J’ai commencé à faire ça avec le cœur, mais je ne pensais pas qu’il y avait un besoin aussi énorme », admet le pêcheur.
Une nouvelle collecte cette année a permis de récupérer une centaine de combinaisons, livrées depuis « la Bretagne, Lille, jusqu’à la côte catalane et l’Italie... Je suis obligé de dire « stop », car je ne peux pas toutes les récupérer, faute de place pour les stocker », regrette Matthieu.
Un problème logistique se pose pour les Pêcheurs du cœur, dont l’initiative répond à une problématique sociale réelle et grandissante. Car, pour le moment, la fabrication des tapis a lieu dans le garage de Mathieu, en bas de son domicile à Meyreuil, aménagé en atelier pour l’occasion.
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Une distribution à la mi-décembre
Les conditions ne sont pas optimales pour l’équipe d’une dizaine de personnes, qui se retrouve tous les samedis dans cet espace de 20 m2 pour couper, plier, coller et assembler les tapis et coussins en néoprène. « On ne peut pas être plus, sinon, on se marche dessus ! », constate Mathieu. « Avec un local dédié, on pourrait être beaucoup plus nombreux et recevoir du néoprène toute l’année, pour pouvoir produire un maximum de tapis ».
Mathieu Ferreira est actuellement « en pleine recherche » de pistes pour déplacer la production dans un véritable atelier. À l’avenir, il envisage également d’y « faire venir tous les bénévoles qui seraient intéressées pour les former à fabriquer des tapis isothermes et sauver des vies ».
En attendant d’atteindre cet objectif, les Pêcheurs du cœur ont du pain sur la planche. Dès la mi-décembre, plusieurs associations caritatives, dont les Taxis de l’espoir, distribueront les tapis et les coussins isothermes aux plus démunis lors de maraudes dans les rues de Marseille.