Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Ville et de la Citoyenneté est à Marseille ce vendredi 24 novembre pour une reprise en main des dossiers du plan Marseille. Elle annonce notamment l’extension du périmètre d’Euroméditerranée.

Accélérer. C’est le sens de la visite à Marseille de Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Ville et de la Citoyenneté, ce vendredi 24 novembre, où elle préside actuellement en préfecture une réunion stratégique dans le cadre du plan « Marseille en Grand », initié par le président de la République, en 2021.

L’État a débloqué 5 milliards d’euros, un investissement inédit pour permettre à Marseille de rattraper son retard en matière de transports, mais aussi pour la rénovation urbaine, les écoles, l’emploi des jeunes, la sécurité, la filière cinéma…

Sans surprise, la secrétaire d’Etat vient remettre de l’ordre, car force est de constater, malgré parfois les apparences, que la mise au point d’Emmanuel Macron pour mettre un terme aux « chicayas locales » n’a été que de courte durée. Et de fait, la mise en œuvre du plan Marseille en grand n’avance pas au rythme attendu.

« Plus de deux ans après l’annonce de ce plan, beaucoup a déjà été fait », souligne Sabrina Agresti-Roubache, dans une réunion de pré-visite, dressant la liste des différents investissements. « Il faut bien comprendre que le bilan du Plan « Marseille en grand » sera collectif. Soit tout le monde gagne, soit tout le monde perd. Mais si on perd, ce sera surtout Marseille et ses 870 000 habitants qui seront les réels perdants ».

Après avoir rencontré à plusieurs reprises le maire (divers gauche) de Marseille, Benoît Payan, et la présidente (divers droite) de la Métropole, Martine Vassal, Sabrina Agresti-Roubache annonce à travers cette « accélération » une reprise en main des projets par l’État avec les différents outils techniques et juridiques déjà mis en place : un établissement public d’aménagement (Euroméditerranée) et son opération d’intérêt national, deux sociétés publiques locales d’aménagement d’intérêt national (écoles et habitat) et un groupement d’intérêt public (GIP transports).

Marseille en grand, Sabrina Agresti-Roubache vient recadrer les projets du plan Marseille en grand, Made in Marseille
Réunion en préfecture ce matin. © N.K.

Réunion de (re)cadrage pour les transports et les écoles

Premier temps fort avec la réunion très attendue du Groupement d’intérêt public (GIP) « Aix-Marseille-Provence Mobilités » dès le mois de janvier, pour le suivi des projets de transports. « Il permettra de valider un plan d’actions pour les 18 prochains mois ». Ce groupe de travail réunissant l’État, la Métropole, la Ville, parmi d’autres institutions a été installé officiellement en préfecture en février 2022, mais ne s’est pas réuni depuis près d’un an.

Pour le volet éducation, une réunion du comité de pilotage général de la Société publique des écoles (SPEM) de Marseille interviendra prochainement. « Nous aurons ainsi une perspective claire sur les travaux engagés et à réaliser ». Aujourd’hui d’ailleurs, la secrétaire d’État visitera le chantier d’extension de la ligne 3 du tramway, ainsi que le chantier du groupe scolaire de la rue Masséna.

La Ville prévoit demander une rallonge de la part de l’Etat pour financer, entre autres, le surcoût lié à l’inflation pour le chantier des écoles. Le maire de Marseille, Benoît Payan, avait déjà formulé ce souhait quelques mois auparavant pour partager les frais de cet aléas, sans succès. L’édile va également tenter de simplifier les démarches pour décaisser les 400 millions d’euros inscrits dans la SPEM. Pour l’heure, 5 millions d’euros ont été versés.

Le logement, nouvelle priorité du plan « Marseille en grand »

Pour cette nouvelle étape, le logement devient la « première priorité du Plan Marseille en Grand », annonce-t-elle. L’agence nationale de rénovation urbaine (Anru) déploie à Marseille son plus grand chantier de France, avec 650 millions d’euros. Une enveloppe qui a doublé par rapport au premier plan de rénovation urbaine des années 2000-2010.

Au début de l’année 2024 aura lieu une revue complète des projets. « Il est indispensable de garder un rythme soutenu. Nous le devons aux habitants ». Par ailleurs, pour lutter contre les copropriétés dégradées et accélérer les acquisitions foncières, l’établissement public foncier régional sera mobilisé « plus fortement à Marseille ». 

L’annonce la plus forte réside dans le fait que la secrétaire d’État entend s’appuyer sur « le succès » de l’Etablissement public d’aménagement et l’opération d’intérêt national (OIN) d’Euroméditerranée, « car c’est à Marseille que la démarche fonctionne le mieux », avance son cabinet.

Le périmètre d’Euroméditerranée va ainsi être étendu. « La définition du périmètre n’est pas un simple arrêté du ministre. Nous allons ouvrir une consultation dès lundi avec les collectivités territoriales (Ville, Département, Métropole, Région) », ajoute le cabinet.

Dans cette zone particulière d’opérations urbaines, c’est l’État qui délivre les autorisations d’urbanisme et non pas la Ville de Marseille. Le plan local de l’habitat (PLH), lui, dépend de la Métropole.
« Nous connaissons trop les conséquences directes d’un manque de délivrance de permis de 
construire. Le rattrapage doit se faire de manière beaucoup plus puissante. Des gens dorment dehors actuellement. Il faut des logements sociaux partout, au sud comme au nord de la ville ».

Une filiale d’Euroméditerranée devrait ainsi être créée, avec un directeur chargé d’instruire directement les dossiers et de piloter des opérations d’intérêt national.

Un label « Marseille en grand » pour accélérer le développement économique

Dernier volet de l’acte II de Marseille en grand : accélérer le développement économique et le plein emploi. Des projets créateurs d’emplois et de formations seront labellisés « Marseille en grand », notamment dans les secteurs de la transition écologique, la cyber-sécurité, l’ouverture sur la mer…

La Métropole, la Chambre de commerce et d’industrie (CCIAMP) et la Région, cheffe de file de l’économie vont être associées pour l’attribution de label. « 1 habitant sur 4 à Marseille a moins de 20 ans. C’est l’avenir de Marseille qui est en jeu », commente Sabrina Agresti-Roubache.

Elle planche aussi sur des solutions pour le centre-ville de Marseille, où l’inquiétude est grandissante chez les commerçants après l’annonce récente, par le garde des Sceaux, de la création de la cité cité judiciaire sur le périmètre d’Euroméditerranée. Un projet à 350 millions d’euros qui s’inscrit également dans Marseille en grand.

Au titre de ce plan, les acteurs économiques ont demandé à la secrétaire d’État « de  reprendre ce dossier dans les meilleurs délais », formulant différentes propositions.

Une zone franche pour le centre-ville à l’étude

Sur ce sujet, Sabrina Agresti-Roubache estime que la nouvelle cité judiciaire ouvre des perspectives pour la redynamisation du centre-ville. « Nous serons là aussi au rendez-vous aux côtés des acteurs économiques du territoire », affirme la secrétaire d’État qui travaille sur la création d’une zone franche urbaine réclamée par le monde économique. Une consultation devrait s’ouvrir prochainement.

« Jamais l’État, dans l’histoire de notre pays, n’avait décidé, en dehors de circonstances exceptionnelles, d’investir autant d’argent dans une ville, ajoute Sabrina Agresti-Roubache. Les collectivités locales, avec ce soutien exceptionnel de l’État, ont rendez-vous avec l’histoire de cette ville et de ses habitants. Elles doivent s’en montrer à la hauteur ».

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