Ouverte en septembre 2022, Fask Academy devient officiellement école de formation aux métiers du textile. Une reconnaissance pour l’association qui travaille sur d’autres projets. Le récap’.
Former pour relocaliser. Tel est le crédo du fondateur de Fask Fashion Skill, Jocelyn Meire. Créée en 2019 à l’initiative d’un collectif de professionnel de la mode, l’association a pour vocation de réunir créateurs, fabricants, distributeurs, artisans, industriels… du secteur textile. Objectif ? Le développement économique de cet écosystème basé à Marseille et dans sa région.
Mis en lumière durant la crise sanitaire avec sa mobilisation solidaire pour la confection de 50 000 masques anti-Covid, le collectif s’est imposé comme un acteur clé sur le territoire, fervent défenseur du made in France. C’est dans ce contexte qu’a germé l’idée de créer une école de production dans les métiers de la confection textile. Une période durant laquelle le circuit-court est plébiscité.
Elle se nourrit d’ailleurs d’une étude menée en 2020 auprès de plus de 650 entreprises de la filière de la mode en région Sud. Elle montre que 90% des structures liées au textile (marque de prêt à porter, ateliers de confection) sont freinées dans leur développement par manque de compétences sur le marché de l’emploi.
Fask et ses partenaires ont souhaité répondre à ce besoin tout en contribuant à l’employabilité et à l’insertion des jeunes. C’est ainsi qu’est née la Fask Academy.
Encore des places pour la deuxième promotion
La première école de confection textile de Provence-Alpes-Côté d’Azur a pris ses quartiers en septembre 2022, au 35, boulevard capitaine Gèze, dans les quartiers Nord de Marseille. Une naissance d’ailleurs saluée par les autres collectivités de notre territoire.
Elle forme gratuitement les jeunes de 15 à 18 ans motivés pour apprendre à fabriquer des vêtements. Une manière aussi de participer à la relocalisation de l’industrie textile. Elle a accueilli une première promotion de 12 élèves, dès son ouverture. Depuis quelques semaines, l’équipe accompagne les premières recrues de sa deuxième promotion. Cette dernière est d’ailleurs en cours de constitution, et il reste encore des places.
Cet établissement « privé hors contrat » propose un parcours pédagogique différent de celui du système scolaire classique. Il est mieux adapté à certains jeunes – notamment les décrocheurs – ainsi qu’à l’apprentissage des savoir-faire.
Les apprentis ont pu se distinguer à l’occasion de différents projets, comme la réalisation d’étoles pour la venue historique du Pape François. Sans compter leur rencontre avec la journaliste Marie Ottavi, spécialiste de Karl Lagerfeld.
Un long parcours jusqu’à la reconnaissance de l’État
La structure a bénéficié de l’expertise du réseau d’entraide de la Fédération Nationale des Écoles de Production. Mais la création de l’école a été un parcours de longue haleine, nécessitant « une bonne dose de volonté, souligne le collectif. Il a d’abord convaincu la Région Sud, la Banque des Territoires et la Fondation TotalÉnergies. Il a ensuite fallu consolider le montage financier, trouver des locaux, faire réaliser les travaux d’aménagements, sélectionner le matériel technique… sans oublier de recruter l’équipe pédagogique », rappelle-t-il.
Durant toutes ces étapes, les échanges avec les services de l’État, en particulier avec l’Éducation nationale, ont été permanents, « de manière à assurer aux élèves un contexte d’apprentissage optimal, propice au développement de leurs compétences professionnelles mais aussi à leur épanouissement personnel ».
L’ensemble de ces actions et le sérieux du projet portent leurs fruits. « Notre école vient d’être reconnue par l’État ! » se réjouit l’association dans un post sur Linkedin. Le 17 novembre, le ministère de l’Éducation Nationale a reconnu Fask Academy par un décret paru au Journal Officiel. « C’est la rigueur et le professionnalisme qui ont prévalu depuis le début de l’aventure qui sont récompensés. C’est aussi un gage de qualité pour nos élèves actuels et futurs, et un avantage de plus pour leur employabilité », commente le collectif.
Le fondateur voit dans cette reconnaissance de l’État, « un encouragement supplémentaire, et une source de motivation accrue, pour continuer à suivre notre stratégie de filière en région : Former pour Relocaliser ! ».
Nouvelles formations, ressourcerie, ateliers partagés…
Toujours dans ce but, l’association Fask étoffe ses projets. Elle vient d’ouvrir ses premières sessions de formation professionnelle à destination des adultes. Apprendre à coudre, fabriquer un vêtement, réaliser un patron, créer un produit UpCyclé… Elle propose désormais un catalogue de formations courtes et longues qualifiantes.
Parallèlement, l’équipe a également imaginé une ressourcerie, pour permettre aux créateurs de trouver de la matière première à Marseille, « surtout lorsqu’on ne cherche à sourcer que de petites quantités ». Sans attendre de valider le futur lieu d’implantation, avec son partenaire feat.coop, Fask a mis en ligne une matériauthèque digitale. Elle propose des matières premières inutilisées, des stocks dormants de tissus voire des vêtements invendus. L’objectif reste de développer l’économie circulaire et le circuit-court.
« On repère et qualifie ces stocks dans les manufactures, chez les marques… Puis on les présente sur la plateforme pour que ceux qui cherchent certaines matières puissent les trouver, explique Valérie Pintard, directrice de Fask Academy. Une fois le matching fait, et le deal passé entre le propriétaire et l’acheteur, la transaction est faite et la marchandise expédiée directement de l’un à l’autre ». Un show-room a été installé dans les locaux de Fask Academy pour voir et toucher les échantillons.
Un nouveau lieu en projet en centre-ville
Pour continuer à fédérer et élargir l’écosystème, le collectif travaille également sur l’ouverture d’un atelier partagé équipé. Les machines seront mises à disposition de tous ceux qui en ont besoin pour assurer une production locale. Elle seront disponibles à la location à la demi-journée. « Nous sommes donc en train de réunir les moyens nécessaires pour créer un parc de 25 à 30 machines de type industriel pour confectionner des objets textiles, mais nous pensons également au cuir et au bijou ».
Fask recherche activement de nouveaux locaux pour installer ces nouveaux projets sur un site unique en centre-ville. En attendant, elle prépare son Noël des Créateurs au Centre Bourse. Histoire de terminer l’année comme elle a commencé : sur une note créative !