Pour accélérer la logistique en vélo, deux maisonnettes en bois seront installées dans le centre-ville début 2024. La société Agilenville porte cette expérimentation et espère essaimer dans tous les quartiers marseillais.

C’est une première à Marseille. Agilenville, entreprise spécialisée dans la logistique urbaine en vélo, vient de remporter l’appel à projets de l’Ademe et de la Région Sud pour déployer deux micro-hubs entre 2024 et 2025. « Grâce à cette subvention de 25 000 euros, nous allons pouvoir financer 60% du loyer pendant deux ans », explique Michael Mahut, le fondateur d’Agilenville.

Ce mobilier urbain de fabrication artisanale sert de dépôt pour les camions. Ensuite, des vélos cargo récupèrent la marchandise et assurent la livraison sur le dernier kilomètre. Chaque micro-hub dispose d’une capacité de 4 palettes pouvant contenir jusqu’à 300 kilos.

La première expérimentation des « micro-hubs de quartier » est née à Paris en 2022 pour réduire les trafics de camions en centre-ville, dans le cadre des zones à faibles émissions (ZFE) également mises en place à Marseille. Elle est le fruit d’une collaboration entre le logisticien Sogaris et les mairies d’arrondissements parisiens.

Réduire la place de la voiture en ville

À Marseille, « les deux mairies de secteurs les plus intéressées par le projet sont celles des 4-5 et des 6-8 », assure Michael Mahut qui réfléchit déjà avec Didier Jau, maire EELV du 4-5, à installer la première maisonnette sur la place Sébastopol qui doit être réhabilitée.

« Tout le monde dit que la cyclologistique est un levier, mais nous avons une vraie problématique de foncier. Soit il est trop éloigné du centre-ville, soit il est trop cher, pointe le chef d’entreprise, fervent défenseur de la logistique décarbonée. En plus de répondre à ces deux problématiques, les micro-hubs permettent de réaménager l’espace urbain dédié aux voitures ».

Un micro-hub mesure 9 m2 de plancher, représentant peu ou prou la surface d’une place de parking. C’est « tout un symbole » pour Michael Mahut, qui vante la souplesse d’utilisation de cet entrepôt boisé. « On peut le déménager en moins de 24 heures, s’il n’est pas placé au bon endroit et qu’il ne génère pas assez de flux », relève le cycliste.

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Un micro-hub vu de face © Sogaris

Un enjeu de rentabilité

La question des flux est en effet centrale pour rentabiliser le projet. Pour cause, les deux micro-hubs parisiens mis en place en 2022 ne sont pas encore rentables. L’un des deux entrepôts « sert exclusivement de local à poubelles dont les déchets sont collectés une fois par semaine », relève Michael Mahut.

Agilenville a donc réfléchi à cette contrainte en diversifiant et en multipliant la circulation des marchandises et des « ressources ». Il s’agit d’orchestrer une tournée de flux entrants le matin et une tournée de flux sortants l’après-midi. De même, l’opérateur doit être en mesure de récupérer les colis ou de collecter des déchets et des bio-déchets.

D’autant que la loi sur la collecte des bio-déchets à la source devient effective le 1er janvier 2024. « On a tout intérêt à mettre en place cette collecte de biodéchets. Mais il faut être efficace dans les rotations », prévient Michael Mahut.

Vidéo | Comment les Alchimistes valorisent les bio-déchets marseillais ?

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50 micro-hub espérés dès l’année prochaine

Le cyclologisticien projette de recruter deux salariés à temps plein pour cette expérimentation. « Si ça fonctionne, on pourra mettre 50 micro-hub sur pied l’année prochaine », espère le dirigeant. Il emploie à Marseille 35 salariés en CDI, et 75 salariés au total si on compte les autres antennes de Nice, Lyon et Toulon.

L’entreprise table sur un chiffre d’affaires de trois millions d’euros fin 2023, mais n’a pas pour autant d’ambitions nationales. « Notre force, c’est d’être 100% autofinancé et nous souhaitons rester un opérateur du Sud Est sans lever de fonds ». Et d’ajouter : « Pourquoi pas Montpellier ou Grenoble… si cela reste dans une logique de croissance raisonnée ».

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