Le Comité régional de tourisme (CRT) Provence Alpes Côte d’Azur a dévoilé son « touriscore », un nouvel outil unique en France qui permet d’améliorer et d’affiner les stratégies des professionnels du tourisme dans la région.
L’industrie du tourisme n’a pas son pareil dans le poids de l’économie régionale, avec 13% du PIB et un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros par an. Mais à l’heure du dérèglement climatique, les enjeux de transition vers un tourisme durable sont colossaux. C’est ce qui a motivé les professionnels de la région à passer leurs clientèles au peigne fin, pour mieux diriger leurs actions vers celles qui sont les plus intéressantes pour le territoire.
Le concept du touriscore
Le touriscore est basé sur les mêmes principes que le « nutriscore » que l’on retrouve sur les étiquettes des produits alimentaires. Il s’appuie sur quatre critères qui décortiquent le comportement des touristes qui séjournent sur le territoire : impact carbone, potentiel économique, déplacement sur l’ensemble du territoire et périodicité des visites. « Nous attribuons un score qui va de A à E, du plus vertueux au moins vertueux » précise François de Canson, président du CRT.
Pour élaborer cet outil, le CRT et ses partenaires (6 départements, aéroports, parcs nationaux, offices de tourisme) ont interrogé plus de 40 000 touristes français (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, intrarégionaux) et internationaux (Allemagne, Belgique, Luxembourg, Espagne, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse, Etats-Unis) ayant séjourné dans la région entre 2019 et 2022.
« Cette étude touristique est la plus grosse jamais réalisée en France, c’est une bible. Mais ce qui importe, c’est l’analyse que nous allons en faire, qui va clairement impacter notre stratégie » défend François de Canson. Et si la grande enquête menée par BVA pour un budget de 600 000 euros est une photographie des clientèles touristiques à un instant T, elle demeure évolutive. « Nous avons commencé par nos 12 clientèles les plus importantes à ce jour. Mais l’année prochaine, nous allons la poursuivre en abordant notamment les clientèles asiatiques qui viennent tout juste de sortir de la crise sanitaire » poursuit le président du CRT.
Dès 2024, le CRT va aussi mieux mesurer et affiner l’impact carbone des clientèles touristiques qui viennent séjourner sur le territoire PACA. Les résultats devraient être connus dès 2025.
Bon ou mauvais touriste ?
Pour cette première mouture du touriscore, les notes vont pour l’instant de A à B. Classés dans le groupe des A, on retrouve l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni et la Suisse. Dans le groupe B : les Etats-Unis, l’Italie et les Pays-Bas.
« L’objectif n’est pas de savoir si ce sont de bons ou de mauvais touristes », souligne l’élu qui ne veut pas opposer « écologie » et « économie », mais de comprendre quels touristes consomment le plus, comment ils ont réservé leur séjour et sur quels territoires, dans quels types d’hébergements, quelle est leur provenance, ou encore quels sont les touristes les plus intéressants pour la désaisonnalisation. Car c’est bien ce sujet qui retient toutes les attentions.
Désaisonnaliser le tourisme et le répartir toute l’année, pour éviter les pics de fréquentation en été sur le littoral de Marseille à Nice et en hiver dans les stations de ski des Alpes du Sud. La clientèle américaine par exemple, classée dans le groupe B, fréquente le territoire toute l’année, elle dépense le double d’un touriste « moyen », mais pêche par un mauvais impact carbone à cause de son éloignement, et par sa présence ciblée principalement sur la Côte d’Azur. L’objectif des professionnels sera de l’attirer aussi dans les autres territoires de la région (Alpes, Vaucluse, Var, Provence).
Un graphique sous forme « d’araignée » présenté par le CRT démontre que les clientèles les plus intéressantes sont les Etats-Unis, l’Allemagne et la Suisse. À l’inverse, la clientèle italienne dépense peu et séjourne presque exclusivement en été sur la Côte d’Azur, c’est donc une cible moins intéressante pour les professionnels.
Vers une meilleure répartition des flux
Pour réussir sa stratégie de désaisonnalisation, le CRT veut miser sur une meilleure répartition des flux touristiques, prenant pour exemples des dispositifs récents qui donnent des résultats prometteurs comme les quotas mis en place dans la calanque de Sugiton à Marseille ou sur l’île de Porquerolles en haute saison.
Dans les mois qui viennent, François de Canson, également président d’ADN Tourisme, veut porter ce projet de touriscore à l’échelle nationale pour que les autres régions de France puissent s’en emparer.