La question des transports s’est invitée hier au conseil municipal de Marseille. Face à une situation de blocage, l’État va jouer une nouvelle fois les arbitres entre la Ville et la Métropole. Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’Etat chargée de la Citoyenneté et de la Ville et du plan Marseille en grand, recadre déjà.
Il fut un temps où ça roulait un peu mieux entre la Métropole et la Ville de Marseille. Juste après les annonces du Président de la République dans le cadre du plan Marseille en grand, en 2021, la mairie et l’EPCI ont tenté un rapprochement pour avancer main dans la main sur la question des transports.
Pour rattraper un retard de plus de 40 ans, l’État a acté un soutien financier d’un milliard d’euros en conditionnant cette aide à la création d’une structure ad hoc pour piloter efficacement les projets, mais aussi à leur développement dans le nord de la ville pour désenclaver ce territoire, comme le souhaite également la majorité municipale.
À cette fin, un Groupement d’intérêt public (GIP) « Aix-Marseille-Provence Mobilités » a été installé officiellement en préfecture en février 2022. Il réunit l’État, la Métropole, la Ville, parmi d’autres institutions. Tramways vers La Castellane et vers la Belle de Mai, BHNS, pôles d’échanges… Il a permis de flécher 200 millions d’euros pour les transports des quartiers Nord sur une première enveloppe de 256 millions d’euros.
Des crédits et des doutes
Ce qui semblait être sur de bons rails parait dérailler. Cela fait maintenant un an que le GIP ne s’est pas réuni, selon le maire de Marseille. Une annonce faite à l’occasion du conseil municipal, vendredi 20 octobre, lors d’une séquence consacrée à la fermeture du métro à 21h30, elle-même découlant du débat sur la stratégie économique de la Ville de Marseille.
« Vous êtes parfaitement au courant de ce qui est en train de se passer au ministère des Transports et du fait qu’il n’y ait pas de GIP qui se tienne », lâche ainsi Benoît Payan, à l’attention de Catherine Pila, présidente du groupe Une Volonté pour Marseille mais aussi de la Régie des transports métropolitains (RTM). Est-ce qu’on doit en parler maintenant ? Je pense que c’est le moment de dire à la représentation municipale qu’il n’y a pas de GIP transports depuis des mois, parce que les dossiers n’avancent pas, parce que l’État ne veut plus financer ce qu’il avait promis, parce que les 200 millions d’euros d’investissement étaient indexés à la construction de transports dans les quartiers Nord ».
Il évoque ici l’enveloppe supplémentaire annoncée par Emmanuel Macron lors de sa venue à Marseille en juin dernier, doublant ainsi les subventions directes de l’État, pour atteindre 500 millions d’euros au total.
Le maire questionne son opposition municipale, majoritaire à la Métropole : « Pourquoi mettez-vous autant d’entrain à avancer sur les sujets qui concernent le sud, et pourquoi n’avancez-vous pas sur les études vers le nord ? ».
Pour rappel, le chantier de prolongement du tramway au Nord, vers Gèze, est lancé depuis 2022. Pour la seconde phase jusqu’à La Castellane, la Métropole a suivi l’avis de la Ville pour que le tracé passe par le littoral. En février dernier, l’intercommunalité avait également annoncé accélérer sur la création du tramway vers la Belle de Mai, cher aux yeux de la majorité municipale.
Le point de blocage : le tramway Belle de Mai
Justement, le hic selon la Métropole ? La Ville de Marseille bloque sur le projet du tramway de la Belle de Mai. Pourtant, lors d’un comité de pilotage organisé en février 2023, les deux institutions s’étaient mises d’accord sur le tracé qui doit rejoindre la place Burel puis, à terme, grimper vers Saint-Jérôme.
L’ensemble des élus présents ont validé l’itinéraire passant par la rue Loubon, qui serpente depuis le boulevard National jusqu’au cœur du noyau villageois ainsi que sur l’accélération du calendrier, pour une mise en service en 2028. Toutefois, la phase d’études a mis au jour des obstacles comme le documente le site Marsactu.
« Martine Vassal explique que l’on bloque, mais ce n’est pas le cas, se défend auprès de Made in Marseille, Audrey Gatian, adjointe au maire en charge de la mobilité. Le maire a écrit à la présidente de la Métropole pour avoir des études supplémentaires sur le tracé, parce qu’il peut y avoir des expropriations et on a besoin de précisions sur les possibilités techniques de faire autrement et on n’a eu aucune réponse, déplore-t-elle. Comme ça n’avance pas, cela pose, en effet, question parce que ce projet fait partie de ceux qui doivent être traités par le GIP. Si les conditions ne sont pas remplies, les financements ne seront pas versés ».
Sabrina Agresti-Roubache : « la subvention de 500 millions est déjà accordée »
Contactée, la secrétaire d’État, chargée de la Citoyenneté et de la Ville et au plan Marseille en grand, Sabrina Agresti-Roubache, nous confirme que l’enveloppe de 500 millions d’euros accordée par Emmanuel Macron n’a jamais été remise en question. « La subvention annoncée en juin 2023 de 250 millions supplémentaires par le Président de la République s’ajoute aux 250 millions déjà conventionnés. Plus 500 millions d’apport de la Métropole représentent bien 1 milliard pour les transports marseillais dans Marseille en Grand, nous précise-t-elle. Et d’ajouter : « La subvention est conditionnée à la réalisation des projets et non à la tenue de réunions de travail techniques organisées dans le cadre du GIP ».
Pour la secrétaire d’État, « ce n’est pas au Maire de Marseille de décider de la politique du gouvernement et des affectations des budgets de l’État. Le gouvernement a déjà un porte parole et des ministres en responsabilité de ces sujets. La Métropole, mon Ministère et celui de Clément Beaune [Ministre des Transports] sont en lien permanent ».
Selon nos informations, un GIP devrait se réunir dans les prochaines semaines en présence d’un représentant du gouvernement. L’objectif sera de débloquer la situation et de travailler sur la continuité des projets.