Une immense coulée verte de 20 hectares à la place de la gare ferroviaire du Canet ? Le projet du parc du ruisseau des Aygalades débute enfin avec les premières concertations publiques, et leur lot de questions.
20 hectares. Le chiffre est désormais arrêté. C’est la surface totale annoncée pour le projet de grande coulée verte dans les quartiers Nord de Marseille : « le parc du ruisseau des Aygalades ». Soit deux hectares de plus que l’actuel parc Borély dans les quartiers Sud, et de quoi rééquilibrer un peu la balance béton / verdure dans ce secteur de la ville.
En réalité, cette coulée verte intégrera les 4 hectares du parc de Bougainville déjà en chantier au pied de Félix Pyat (livraison 2024), auxquels s’ajouteront 16 hectares de végétalisation et de renaturation de l’ancienne gare ferroviaire du Canet, que la SNCF a récemment cédée à Euroméditerranée.
L’immense parc public remontera du parc Bougainville jusqu’à Capitaine Gèze sur plus d’un kilomètre. En passant sous les passerelles du boulevard Gèze et de l’avenue Ibrahim Ali, il doit même offrir une continuité naturelle jusqu’au parc François Billoux.
Il faudra toutefois être patient. L’établissement public d’aménagement table sur une livraison en 2030. « Possiblement 2031 », préfère même tempérer la directrice d’Euroméditerranée, Aurélie Cousi.
Lancement du chantier en 2027
Ce mardi 3 octobre, les différents acteurs publics engagés sur le projet (Région, Métropole, Département, Ville, État…) lançaient la première d’une longue série de réunions publiques et concertations avec les habitants. « Nous souhaitons co-construire avec vous le grand parc des quartiers Nord, comparable à Borély », a insisté la directrice d’Euromed’.
Un exercice dont on connaît les limites, mais pour lequel la puissance publique consacrera toutefois plusieurs dizaines d’ateliers, réunions et concertations avec les citoyens ces prochaines années. À commencer par une réflexion générale sur les futurs usages du parc, à un rythme soutenu d’ici la fin de l’année. Sept événements publics vont s’enchainer jusqu’à mi-décembre.
Les premiers travaux débuteront en 2025 par le démantèlement des voies ferrées, des bâtiments existants et la dépollution de la zone. Suivra la dernière étape de définition du projet, via des aménagements transitoires et des premières occupations du site. Une phase test qui doit aboutir en 2027 au lancement du chantier pour l’aménagement définitif du parc des Aygalades.
Au milieu coule un ruisseau
Quelle que soit la place qui sera réellement accordée aux citoyens dans la définition du projet, les contours et les grands principes de la future coulée verte sont d’ores et déjà établis. « Des invariants », pose Aurélie Cousi.
À commencer par la place de l’eau. Elle pourrait être très grande puisque le parc est également pensé comme un bassin de rétention pour le « fleuve côtier » des Aygalades en cas de crues, pour protéger les quartiers alentours.
Il s’agit également de remettre en surface le ruisseau enfoui et de le renaturer. Tout comme son affluent moins connu, le ruisseau des Lions. « Une restauration écologique », décrit Didier Réault, élu à la Métropole, qui assure ce suivi dans le cadre de la Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI).
Les eaux des Aygalades, qui traversent des zones urbaines denses et industrielles de Septèmes-les-Vallons jusqu’au port de commerce de Marseille, pourront-elles retrouver leur qualité naturelle ? C’est ce que soulèvent de nombreux habitants, pointant des usines pharmaceutiques qui pompent le ruisseau ou encore des garagistes qui y vident leurs huiles.
Didier Réault entend travailler sur tout le fleuve côtier pour améliorer sa santé. Mais il invite également à « ne pas se faire d’illusion » sur un miracle à court terme.
Autour, des logements, un collège et un équipement de loisirs
Parmi les autres invariants, Euroméditerranée insiste sur la connexion en cheminement doux que devra offrir le futur parc entre les différents quartiers qui l’entourent. Le Canet, les Crottes, la Cabucelle ou les Arnavaux sont aujourd’hui séparés par un immense no man’s land ferroviaire, que le projet devra gommer.
Cette première réunion publique a également permis d’ouvrir la discussion sur trois grandes inconnues. D’abord, la quantité et la taille des immeubles qui pousseront autour du parc. Car il y en aura dans ce périmètre que gère Euroméditerranée, rappelle la directrice de l’aménageur. Et ils devraient monter haut, comme le craint cette habitante du Canet, qui ne bénéficiera donc pas d’une vue sur parc.
Le moment a également permis de mentionner deux projets importants qui suivront l’aménagement de la coulée verte. À commencer par la construction d’un nouveau collège, au Sud, côté Bougainville. « Il sera public », nous assure-t-on, alors que sa taille et son emplacement sont encore à définir.
Enfin, la création d’un grand « équipement de loisirs » au nord du parc, côté Gèze. Une « arena », comme le mentionnait Marsactu ? À l’instar de beaucoup de sujets autour du futur parc des Aygalades, la réponse devrait sortir de terre au même rythme que le ruisseau.