L’aménageur public de la Métropole Aix-Marseille-Provence, la Soleam, cherche un nouvel élan. Elle change bientôt de directeur et fait entrer le Département des Bouches-du-Rhône au capital.

Nouveau départ ? La Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire métropolitaine (Soleam) souhaite en tout cas en donner l’image. Une image « abimée » ces dernières années, reconnaît d’ailleurs son président, Yves Moraine, qui a repris les rênes de l’aménageur public en novembre dernier.

« Abimée à tort, mais ce qui compte c’est le ressenti », estime le proche de Martine Vassal, conseiller départemental et municipal. L’image de la Soleam avait notamment pâti du conflit tendu autour de la grande requalification de la Plaine (place Jean-Jaurès) qu’elle a menée face à une résistance citoyenne. Ou encore par un rapport critique de la Chambre régionale des comptes.

Mais le président raconte s’être surtout attelé à réparer « la crise de confiance au sein des équipes, les relations dégradées avec les deux actionnaires principaux, la Ville et la Métropole, et les perspectives opérationnelles peu réjouissantes ».

Car pour lui, « il n’y a pas de réussite d’un territoire sans un aménageur dynamique. La Soleam, avec ses qualités et ses défauts, est le principal aménageur du territoire, et peut devenir un des plus importants de France  ».

Le directeur historique, Jean-Yves Miaux, sur le départ

« J’ai donc essayé de trouver des solutions ». D’abord pour relancer une dynamique auprès des équipes, soit 70 collaborateurs. On note sur cette question qu’une affaire de harcèlement moral a déchiré la Soleam, documentée par Marsactu. Elle a abouti au licenciement d’un directeur de service quelques mois avant l’arrivée de Yves Moraine.

À sa prise de fonction, ce dernier a « organisé une assemblée générale du personnel et des visites à leur côtés sur les opérations. Pour leur signifier que je suis là pour eux. Les accompagner dans leurs emplois, leur formation ». Une casquette RH dont il estime qu’elle porte ses fruits : « il me semble que la situation s’est apaisée ».

Plus concrètement, c’est l’organigramme de la société publique d’aménagement qui va évoluer. À commencer par la plus haute hiérarchie, le directeur général Jean-Yves Miaux, un historique déjà cadre dirigeant de Marseille Aménagement (ex-Soleam).

« Le processus de son remplacement est lancé, en accord avec lui », explique Yves Moraine. Après un appel à candidatures « un profil s’est imposé en interne, même si ce n’était pas mon idée de départ », confie le président.  Il s’agit de Jean-Paul Kaplanski, un ancien de la Soleam, actuellement directeur des affaires juridiques. Il deviendra directeur général délégué lors du prochain conseil d’administration. Suivra une période de transition « d’un an environ » à l’issue de laquelle Jean-Yves Miaux doit lui céder la place.

Les équipes déménagent rue Paradis

Les salariés de la Soleam doivent s’attendre à un autre changement, conséquent pour leur environnement de travail : le déménagement de la société dans de nouveaux locaux, entre l’été 2024 et janvier 2025. Adieu la Canebière où la Soleam était locataire dans l’immeuble Louvre & Paix.

Direction la rue Paradis « dans l’immeuble historique Noilly Prat, annonce Yves Moraine. Les locaux de 900 m2 sont plus adaptés, plus agréables, lumineux et bien placés, même si ce n’est plus l’hyper-centre. Mais surtout, on achète, insiste-t-il, même si la vente n’est pas encore définitivement actée. On baissera ainsi nos charges annuelles et on renforcera notre structure financière avec cette acquisition », note-t-il.

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Le siège actuel de la Soleam, sur la Canebière

Le Département au capital : « une puissance de feu financière inégalable »

Une structure financière qui connaitra d’ailleurs une évolution conséquente avec l’entrée au capital de nouveaux actionnaires. À l’heure actuelle, 99 % des parts sont détenues par la Ville de Marseille (20 %) et la Métropole (78,95 %).

Aubagne, La Ciotat, Marignane, Roquefort-la-Bédoule et Salon-de-Provence se partagent les 1,05 % restants. La commune d’Allauch rejoint cette assemblée des actionnaires à moins de 1 % et devrait ainsi confier la réalisation de son nouveau poste de police municipale.

Mais un nouvel arrivant fait une entrée plus conséquente : le Département des Bouches-du-Rhône. « Le capital actuel de la Soleam passera ainsi de 5 millions d’euros à 6 millions, affirme Yves Moraine. En plus de ce renforcement, ça ouvre des potentialités d’opérations décuplées compte tenu de la puissance de feu inégalable du Département, avec un budget de 3 milliards dont 250 millions d’investissement ».

Il en sait quelque chose, en tant que le vice-président départemental en charge du budget. Les relations devraient être fluides entre l’institution et la l’aménageur public. Une double-casquette qu’il entend mettre à profit « pour donner du travail aux équipes de la Soleam ».

Les opérations se multiplient quand d’autres prennent du retard

Le Département qui fonctionne principalement en maîtrise d’ouvrage publique devrait ainsi confier certaines opérations à la société publique d’aménagement. Dont le déploiement de centrales photovoltaïques sur les toitures de ses collèges.

Yves Moraine se réjouit ainsi de la multiplication des opérations à venir pour la Soleam. D’un groupe scolaire à Roquefort-la-Bédoule à la rénovation du centre ancien de Marignane en passant par la reconversion de l’ancienne usine de dragées d’Aubagne…

Reste Marseille, où – même si le nouveau président estime « tendre la main à tous les acteurs politiques » – certains projets comme la requalification du parking Providence semblent encore enlisés dans les désaccords entre la Ville et la Métropole.

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