Trois amis marseillais viennent de lancer Nojyk, une application de commande de repas, en partenariat avec une soixantaine de restaurants. Lancée cet été, elle comptabilise déjà près de 2 000 utilisateurs.

Plus d’un Français sur deux se serait déjà fait livrer un repas à domicile. Alors que les ogres de la livraison comme Uber Eats ou Deliveroo concentrent l’essentiel de ce marché évalué à 7 milliards d’euros*, trois jeunes Marseillais ont décidé de proposer une alternative locale à la livraison de repas à domicile en créant une nouvelle application 100% marseillaise : Nojyk.

Les trois trentenaires Tarek Sidali, Manil Ouamerali et Hocine Boutella se sont rencontrés au lycée à Alger, d’où ils sont originaires. À leur arrivée à Marseille, il y a quatre ans, ils ont d’abord l’idée de créer une application de commande à table. Mais après la crise sanitaire, ils mettent en place un service de click and collect afin d’aider les restaurateurs.

« Ils ont apprécié notre côté plus humain, nos tarifs plus accessibles que sur d’autres plateformes de livraison, explique Tarek Sidali, qui a suivi des études de commerce. Certains se plaignaient d’un service client moins accessible, des commissions importantes… Pour compenser ces frais, les prix proposés sont souvent 30 à 40 % plus cher que sur la carte ».

Le trio se décide à lancer un service aux tarifs plus abordables, plus éthique et plus proche des restaurateurs que ses concurrents d’outre-Atlantique. « Beaucoup de restaurants nous ont encouragés à nous lancer dans la livraison, et étaient prêts à travailler avec nous », ajoute le co-fondateur.

Des restaurants testés et approuvés

L’équipe commence alors à chercher des établissements partenaires, avec des critères de sélection précis. « En commençant par aller voir tous les endroits où on allait déjà manger. Notre gage de qualité, c’est que nous testons tous les restaurants qui sont sur la plateforme », précise Tarek.

Et d’ajouter : « On voulait que les utilisateurs de Nojyk soient sûrs que lorsqu’ils commandent chez nous, ce ne soit que des bons plats, des choses bien préparées avec des produits frais et de qualité ».

Après un an et demi de développement, l’application est mise en ligne à la fin du mois de juillet dernier. Elle comptabilise à ce jour plus de 2 000 téléchargements.

Pour l’heure, une soixantaine de restaurants marseillais sont inscrits sur la plateforme. Mais l’équipe reçoit « beaucoup de demandes », et prévoit d’ajouter une trentaine d’autres adresses à son catalogue d’ici à la fin du mois. Si, pour le moment, les fast-food et les snacks sont plus représentés, il est aussi possible de manger italien, antillais, sénégalais, libanais, mexicain…

nojyk, Comment l’appli marseillaise Nojyk veut concurrencer les géants de la livraison de repas, Made in Marseille
Tarek Sidali avec Joseph du restaurant libanais Boostan à Mazargues (9e).

Une équipe sur le terrain

L’un des premiers restaurants à s’être associé à Nojyk est le « fast social food » des quartiers Nord, l’Après M, dans le 14e arrondissement. « Pour eux, tout est offert, affirme Tarek. Comme il s’agit d’un lieu associatif, nous avons choisi de ne pas leur faire payer le starter pack (pack de démarrage) et les frais de service, comme la tablette de commande ».

Selon le co-fondateur, « le fait que Nojyk soit une société locale, que notre équipe soit présente sur le terrain et qu’on soit proche des restaurateurs… tout ça, c’est très important pour eux ».

C’est du moins l’avis de Nicolas Demena, co-fondateur du restaurant antillais La Touf Pwélé, dans le 2e arrondissement, inscrit sur la plateforme depuis quelques semaines. « Ce qui est beaucoup plus pratique chez eux, témoigne le gérant, c’est que le livreur ne se déplace qu’une fois qu’on a signalé que la commande est prête. Cela permet de donner la priorité au service en salle ».

Il ajoute que sa volonté est également de « soutenir une entreprise marseillaise. Je peux appeler Tarek directement si j’ai des questions ou un problème de livraison ». S’il réalise aussi des commandes via une application britannique, il n’exclut pas de confier toutes ses livraisons à Nojyk, « une fois que leur flotte de livreurs se sera agrandie ».

Des commissions moins importantes

Par ailleurs, Nojyk prend une commission de 10 à 15 % inférieure à celle de ses concurrents internationaux, permettant aux restaurateurs d’effectuer une plus grande marge sur les commandes, et ainsi de proposer de meilleurs prix sur l’application.

Concernant la rémunération de ses livreurs, l’entreprise joue la transparence. « Nous ne prenons aucune commission sur les livraisons, assure Tarek. Quand un client commande sur l’application, il sait exactement combien son livreur va gagner ». Réciproquement, « les livreurs connaissent notre barème, il est public et augmente en fonction de la distance de la course ».

Une centaine de livreurs travaillent actuellement pour l’application sous le statut d’auto-entrepreneurs, mais l’équipe cherche à agrandir sa flotte. « On rêve que la petite start-up marseillaise devienne une « licorne » française, et qu’on puisse concurrencer les géants américains et anglais, projette Tarek Sidali. On voudrait inspirer les gens, pour qu’ils voient que ce n’est pas parce qu’on est une entreprise marseillaise qu’on ne peut pas réussir et faire mieux que toutes ces grandes entreprises internationales ».


*L’étude stratégique à 360° sur la livraison en France pour comprendre les mouvements des acteurs, les impacts sur la chaîne de valeur et anticiper les mutations à venir. 

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