Le nouveau gouvernement vient d’être officiellement annoncé. La députée marseillaise (Renaissance) Sabrina Agresti-Roubache est nommée secrétaire d’Etat à la Ville et en charge du plan Marseille en grand.

Au terme de longues tractations entre Emmanuel Macron et Élisabeth Borne, confirmée à son poste de Première ministre, le nouveau gouvernement vient d’être officiellement annoncé. Un remaniement plus que des « ajustements » à l’équipe gouvernementale qui devra relever à la rentrée les défis assignés par le président autour de l’écologie, l’immigration et la réponse aux émeutes.

De longues heures d’attente avant la libération cet après-midi pour les parlementaires aspirant à entrer au gouvernement. Parmi les nouveaux ministres annoncés, la députée marseillaise (Renaissance) Sabrina Agresti-Roubache, 46 ans, est nommée ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur et de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de la ville. Elle succède à Olivier Klein. Elle aura également en charge le plan Marseille en grand.

Patrice Vergriete, maire de Dunkerque, sera chargé du Logement. Le suppléant de Sabrina Agresti-Roubache, Didier Parakian, vice-président à la Métropole Aix-Marseille-Provence, entre au Palais Bourbon.

Relais du chef de l’État à Marseille

Candidate dans la très convoitée 1ère circonscription des Bouches-du-Rhône, qui couvre les quartiers Est de Marseille, lors des dernières législatives [12 et 17 juin 2022], sous la bannière Ensemble du parti présidentiel, Sabrina Agresti-Roubache s’était imposée sur le fil face au Rassemblement national, avec 50,79% des voix, devant Monique Griseti (49,21 %).

Élue en 2021 conseillère régionale spéciale chargée de la lutte contre les violences faites aux femmes et du harcèlement scolaire, la productrice audiovisuelle œuvre en coulisses au rapprochement entre des élus LR et LREM au moment des élections régionales, pour constituer une liste d’alliance face au RN, facilitant ainsi les négociations entre l’Elysée et le président de la région Provence-Alpes-Côté d’Azur, Renaud Muselier, ex-LR passé depuis à Renaissance. Elle rallie au parti d’autres élus, à l’instar du maire des 9-10, Lionel Royer-Perreaut, ex-LR investi par Ensemble, et député de la 6e circonscription.

Sabrina Agresti-Roubache, qui ne cachait plus certaines velléités politiques, devient le principal relais du chef de l’Etat à Marseille. Coordinatrice pour les Bouches-du-Rhône de la campagne pour la réélection d’Emmanuel Macron, elle orchestre son meeting d’entre-deux-tours, dans les jardins du Pharo, le samedi 16 avril 2021, là même où il avait prononcé le discours de Marseille en grand, un an plus tôt. Comme en 2017, à l’époque Porte de Versailles, devant 15 000 personnes, la productrice marseillaise, amie du couple présidentiel, ouvre l’événement, portant un message d’union. 

La porte-parole du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale est de tous les déplacements aux côtés du président de la République dans la cité phocéenne. Le denier en date, de trois jours début juin, dont elle est l’une des chevilles ouvrières, pour l’acte II du plan Marseille en grand.

A cette occasion, le chef de l’État échange avec six mamans ayant perdu leurs proches victimes de règlements de comptes, aux Campanules, cette résidence de 420 logements située dans le 11e arrondissement de Marseille, qui a failli être transformée en point de deal il y a quelques mois.

Devenue chouchou des médias télévisés pour son style « cash », la députée connue pour son franc-parler s’est imposée comme une valeur montante de la macronie. Depuis son élection en juin dernier, la parlementaire arpente le terrain « sans relâche, nous glissent différents représentants associatifs. C’est une députée à l’écoute qui fait beaucoup pour les quartiers, et pour porter notre voix au plus haut niveau de l’Etat ».

marseillaise Sabrina Roubache, La députée marseillaise Sabrina Agresti-Roubache nommée secrétaire d’Etat à la Ville, Made in Marseille

« Des quartiers Nord au palais de l’Élysée »

Née dans une famille modeste issue de l’immigration algérienne, troisième d’une fratrie de six, la Salonnaise grandit dans les quartiers Nord. La jeune fille de Félix-Pyat se fait un nom dans la cité phocéenne, d’abord avec sa société de production audiovisuelle Seconde Vague Productions et Gurkin Invest Films. Sa carrière est marquée par des collaborations avec le groupe IAM, le footballeur Éric Cantona…

Propulsée sur le devant de la scène grâce à la série Marseille qu’elle produit, diffusée sur Netflix, elle est ensuite médiatisée grâce aux liens d’amitié qu’elle entretient avec le couple présidentiel. Celle dont on dit souvent qu’elle est « l’oreille des Macron à Marseille », s’en amuse toujours autant, même si Brigitte « c’est sa copine », nous confiait-elle à l’occasion d’un entretien en mars 2022.

C’est en 2016 qu’elle rencontre l’épouse du président de la République à Marseille lors d’un dîner. Les deux femmes se lient immédiatement d’amitié. C’est le « coup de foudre », écrit-elle d’ailleurs dans son livre Moi la France, je la kiffe. Du cinéma à la politique, en passant par l’éducation, la lutte contre les violences faites aux femmes, sa double culture ou encore son amitié avec le couple présidentiel… Sabrina Agresti-Roubache se livre sur sa vie à sa manière.

Autre coup de foudre avec celui qui partage sa vie depuis quelques années, Jean-Philippe Agresti, ancien doyen de la Faculté de Droit et de Science politique à l’Université Aix-Marseille, nommé en 2022, recteur de l’Académie de Corse. Lui fait un passage éclair en politique. Sur la liste de Martine Vassal (LR) aux élections municipales 2020, il échoue au 1er tour à décrocher le 3e secteur. Avec son mari, son « plus grand fan », la nouvelle ministre entretient une relation fusionnelle.

Sur la jaquette qui entoure le livre, on peut lire « Des quartiers Nord (Marseille) au palais de l’Élysée (Paris) ». La prochaine étape ? À l’époque, cette possibilité ne manquait pas de la faire sourire. C’est désormais une réalité. 

Tapie, Gaudin… Ces anciens ministres marseillais

La dernière ministre d’origine marseillaise nommée au gouvernement était Sylvie Goulard, ministre des Armées en 2017 dans le premier gouvernement d’Emmanuel Macron. Elle démissionne après un mois en fonction suite à des accusations d’emplois fictifs au sein du MoDem, dont elle est adhérente.

Il faut remonter aux années 1990 pour trouver la nomination d’autres Marseillais : Bernard Tapie est nommé le 2 avril 1992 ministre de la Ville, dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy. Là encore, l’ancien patron de l’OM doit démissionner le 23 mai après avoir été mis en examen pour « abus de biens sociaux » dans l’affaire Toshiba. Bénéficiant d’un non-lieu, le président de la République lui renouvelle sa confiance. Il retrouve son poste fin décembre 1992 mais pas pour longtemps : en mars 1993, la gauche subit une défaite cuisante aux législatives.

Après lui, fraîchement élu maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin prend le portefeuille de l’Aménagement du territoire, de la Ville et de l’Intégration, durant un an et six mois entre 1995 et 1997, puis de 2012 à 2014, la socialiste Marie-Arlette Carlotti au ministère délégué chargé des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion.

Un conseil des ministres est prévue, ce vendredi 21 juillet, à 10 heures.

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