Le marégraphe de Marseille, qui vient d’achever sa rénovation, a décroché cette année un label international qui rend hommage au travail des mesureurs de la mer d’hier et d’aujourd’hui.
Le marégraphe de Marseille a officiellement rejoint cette année la famille des « stations terrestres d’observation maritime exploitée depuis au moins cent ans ». Un statut décerné par l’Organisation Météorologique Mondiale.
Comme son homologue breton, le marégraphe de Brest, celui de Marseille s’ajoute donc à la liste établie par cette agence spécialisée de l’ONU qui comptabilisait 291 stations d’observation centenaires en 2021.
Point zéro de toutes les altitudes en France
Cette reconnaissance, fruit d’une candidature soutenue par Les Amis du Marégraphe, est un hommage au travail de tous les mesureurs de la mer qui se sont succédé depuis 1885. Une plaque valorisant l’obtention du label a été dévoilée ce 15 septembre 2023, à la veille des Journées du patrimoine.
Installé sur la Corniche Kennedy, le marégraphe de Marseille a notamment permis de déterminer en 1897 le point zéro du calcul de toutes les altitudes en France, comme celle du Mont Blanc, 4807 mètres, ou encore celle de la Sainte Victoire, 1 011 mètres. Seule la Corse utilise le marégraphe d’Ajaccio comme référence.
Propriété de l’État, le marégraphe est aujourd’hui mis à disposition de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) et sert de station d’observation des changements climatiques. « Cette distinction valorise le travail réalisé depuis près de 140 ans et nous encourage à le poursuivre » déclare Lionel Gaudiot, directeur territorial adjoint Sud Est pour l’IGN, à l’occasion d’une visite avec la presse, il y a peu.
Un observatoire de surveillance du niveau des mers
Après trois mois de travaux de rénovation sous l’égide d’un architecte du patrimoine, le marégraphe de Marseille vient de reprendre ses mesures, à la fois mécaniques et numériques, de l’élévation du niveau de la Méditerranée.
Observatoire moderne de surveillance du niveau des mers, la station centenaire a permis de déterminer une hausse « de presque 20 centimètres depuis 1885 ». Pour Alain Coulomb, ancien ingénieur de l’IGN et président de l’association Les amis du marégraphe de Marseille, le rythme d’élévation est trois fois supérieur à celui du 20e siècle. « Nous étions à 1,2 millimètre par an au siècle dernier, aujourd’hui nous sommes entre 3,5 et 4 millimètres par an sur les dernières années » déclare-t-il.
« Le niveau de la mer a toujours varié au cours du temps, rappelle Lionel Gaudiot. Mais ces changements rapides nous conduisent à penser qu’ils sont sans doute dus à des facteurs humains et pas simplement naturels ».
Vers une ouverture toute l’année au public ?
Depuis deux ans, l’association des Amis du marégraphe de Marseille contribue à faire connaître ce monument historique du patrimoine marseillais. L’association a signé une convention qui lui permet d’organiser temporairement des visites au profit du grand public, comme à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine.
En revanche, le marégraphe de Marseille ne bénéficie pas pour l’instant du classement ERP (Établissement recevant du public) qui lui permettrait d’ouvrir tout au long de l’année. « Le marégraphe est un élément de notre patrimoine mais on aimerait aussi qu’il serve à sensibiliser, c’est ça qui est important » confie le président de l’association.
« C’est notre souhait de l’ouvrir plus largement au public mais il y a beaucoup de contraintes pour accéder à la partie basse » pointe Lionel Gaudiot. Les escaliers en colimaçon, qui mènent à l’appareil et au puits, ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite et la capacité d’accueil est très limitée. Il précise que « seulement trois personnes peuvent venir dans la salle de l’appareil ».
Les Amis du Marégraphe espèrent obtenir l’agrément ERP d’ici à la fin de l’année 2023. En attendant, une quinzaine de personnes membres de l’association ont déjà été formées pour les futures visites. D’autres formations sont déjà prévues.
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