Le premier centre régional de prévention du suicide a été inauguré à Marseille. Via sa plateforme téléphonique et ses professionnels, il propose une aide précieuse aux personnes en proie à des pensées suicidaires.
C’est à Marseille que le premier centre régional de prévention du suicide en Provence-Alpes-Côte d’Azur (CRPS Paca) a été inauguré, quelques jours avant la Journée Nationale de Prévention du Suicide (JNPS), le 5 février dernier. Le lieu accueille trois dispositifs de lutte contre le suicide et la récidive suicidaire : VigilanS et Asma, qui ont déménagé de leurs anciens locaux, et le 31 14, une ligne téléphonique gratuite, confidentielle et ouverte 7 jours sur 7 et 24h/24.
VigilanS assure une veille et un suivi des patients adultes dans le but de prévenir le passage à l’acte tandis que l’association Asma veille sur les adolescents. Le numéro national 31 14 a été mis en place le 1er octobre 2021, suite au Covid-19 qui a accentué le nombre de personnes souffrant de pensées suicidaires. Pour répondre aux appels, une équipe composée d’un médecin et de sept infirmiers diplômés d’État, spécifiquement formés pour assurer ces missions.
Un centre qui « va véritablement permettre de sauver des vies »
Financé par l’Agence Régionale de Santé (ARS) Paca, l’objectif de cette structure, inspirée d’autres centres régionaux déjà ouverts comme ceux de Brest et Lyon, est de réduire le nombre de suicides et de tentatives de suicide dans la région. La France fait partie des pays européens où le taux de suicide est le plus important. Il est la première cause de décès chez les 15-35 ans.
L’ARS dénombre en moyenne 14 500 suicides par an en Paca, 5000 dans les Bouches-du-Rhône, dont 2000 seulement à Marseille. « C’est un centre qui peut changer la donne pour un certain nombre de personnes. Il peut véritablement permettre de sauver des vies », exprime Karine Amerigo, ancienne cadre aux urgences psychiatriques et aujourd’hui cadre de santé infirmier en charge de la gestion d’équipe au CRPS Paca. « Il y a notamment une diminution du risque par trois de récidive suivant l’année de prise en charge ».
Le CRPS intervient en complément des actions menées par les associations. Ses trois missions principales sont d’apporter un soin et une aide adaptés, de former les équipes ainsi que de poursuivre les recherches et innovations concernant les dispositifs de soin. Qu’il s’agisse de personnes ayant des idées suicidaires, s’inquiétant pour un proche, devant faire face à un suicide d’un proche ou un professionnel de santé traitant de cette problématique… « Nous contribuons en tant qu’acteur à part entière à la prévention du suicide. L’objectif est d’apporter une réponse à la détresse et de combattre l’isolement », poursuit Karine Amerigo.
Dans ce but, la plateforme téléphonique propose un service d’écoute, d’information, d’évaluation et d’orientation : « Nous sommes disponibles 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Vous trouverez toujours quelqu’un à qui parler, vous ne serez jamais seul ».
Trouver les mots justes aux maux de l’esprit
« La finalité est de susciter le sentiment d’être relié à d’autres. Maintenir un lien humain et pas uniquement médical, qui puisse apporter un peu de réconfort et d’apaisement. Il s’agit d’une attention, qui ne demande rien en retour, mais témoigne d’une présence, d’une disponibilité », ajoute le psychiatre Jean-Marc Henry, rattaché au dispositif VigilanS.
Elodie Vasnier et Shaïma Gharsallah sont deux infirmières en psychiatrie qui répondent aux appels. Elles insistent sur « l’importance de savoir repérer les premiers signes de mal-être pour agir de la bonne façon au bon moment. Il est vital également de prendre de la distance et de savoir garder son sang-froid. La personne en détresse doit comprendre que cette grande souffrance n’est que temporaire et que cette impression d’échappatoire n’est qu’une illusion. Ce n’est pas la seule solution et nous sommes là pour lui rappeler toutes les autres ».
Trouver les mots justes aux maux de l’esprit, c’est leur quotidien, dont on peut penser qu’à la longue il devient déprimant. Bien au contraire, « c‘est un service où l’on rigole beaucoup, car c’est qui nous fait tenir », livrent les deux femmes. Le quotidien serait beaucoup trop difficile à vivre sinon. On a besoin de relâcher la pression, d’échanger, partager, se détendre et se changer les idées. La solidarité et l’entraide sont aussi essentielles. Ces moments intenses, forts, vécus ensemble, nous rapprochent et nous lient d’une façon très spéciale ».
115 appels depuis l’ouverture
Depuis son ouverture, le CRPS Paca a reçu 115 appels. Ces derniers étaient auparavant récupérés par le centre de réponse de Montpellier. 2000 appels en moyenne étaient alors pris en charge chaque mois en provenance de Marseille.
Prochaine étape : rendre la ligne accessible aux publics porteurs de handicap, notamment par le biais du tchat pour les personnes mal-entendantes ou muettes, et la présence du centre sur les réseaux sociaux afin de faciliter les prises de contact ainsi que les prises en charge.