Les plages du Prado à Marseille sont à l’aube d’un réaménagement qui pourrait conduire la Ville à repenser les usages du parc balnéaire. Quelques pistes commencent à se dessiner pour son avenir.
Construites artificiellement dans les années 1970, avec les gravats extraits du chantier du métro, les nouvelles plages du Prado ont permis de gagner environ 20 hectares sur la mer. Une plus grande accessibilité au littoral qui fait le bonheur des baigneurs en journée, mais aussi des noctambules.
Alors que ce parc balnéaire est aujourd’hui vieillissant, le maire de Marseille, Benoît Payan, a annoncé en 2022 son intention de « refaire complètement les plages du Prado », en améliorant notamment leur confort et celui des abords. « Le sable est de piètre qualité et on a une pente trop abrupte avec une érosion qui n’est pas naturelle », indiquait alors l’édile, à l’occasion de notre grand entretien.
Disparition des structures en dur sur le rivage
Hervé Menchon, adjoint au maire en charge de l’aménagement du littoral, indique que les études seront bien lancées cette année pour un projet qui se déroulera en deux phases : une première « avec des petits aménagements » puis une seconde avec « un grand concours d’urbanisme » qui aboutira après 2026. Aucune pelleteuse ne devrait donc surgir sur le littoral pendant les épreuves de voile des Jeux olympiques 2024, dont l’accueil du public est annoncé sur les plages situées au nord du parc.
Ce projet de reconfiguration doit néanmoins être précédé d’une série de démolitions exigées par l’État, dans le cadre de la loi Littoral qui impose une absence de construction sur une bande de 100 mètres. Les « snacks » installés en bordure de plage sont donc voués à disparaître d’ici le mois de mai prochain. Le Mama Beach, qui connaît selon l’adjoint au littoral des « risques d’érosion », fait partie des établissements concernés.
L’avenir de la Cabane des Amis, qui attire de nombreux Marseillais les soirs d’été, est également en sursis. La structure a « un problème de réseau sous-dimensionné qui coûte très cher, ça ne vaut pas le coup d’investir pour le rénover », estime l’élu « mais sa destruction n’est pas encore tranchée d’ici 2024 ». Le lieu pourrait être maintenu au moins deux étés afin de servir de « buvette pendant les JO ».
« Créer d’autres scénographies avec des points de vue imprenables »
Si certains s’inquiètent de la disparition de ces lieux de vie très prisés de la jeunesse marseillaise, Hervé Menchon se veut rassurant quant à leur avenir au sein du parc balnéaire. « Les fonctions festives pourront être remplies dans une autre configuration, sur les pelouses ou bien sur les hauteurs, avec des équipements modulaires démontables, imaginés, pourquoi pas, par des grands noms du design », projette l’élu.
Il propose de « créer d’autres scénographies, en jouant avec le paysage, avec des points de vue imprenables, sans forcément avoir les pieds dans l’eau ». Benjamin Aguad, fondateur de la Cabane des Amis, aimerait pour sa part pouvoir rester le long du rivage pour continuer de proposer ses apéros sur la plage.
Le maire des 6e et 8e arrondissements, Pierre Benarroche, concède que « des lieux de sortie nocturne doivent être étudiés, mais de façon réfléchie et limitée, en nombre, en taille et en horaires ». Il souhaite la mise en place d’espaces pensés « anti-bruit » et la prise en compte des déplacements en soirée : « Il faut adosser à ces établissements des parkings à vélos sécurisés et faire concorder les horaires de fermeture avec les horaires de bus du futur réseau RTM de façon à favoriser les déplacements alternatifs à la voiture individuelle et limiter le stationnement anarchique dans le quartier ».
Une structure anti-vents pour se baigner et pique-niquer ?
Sur la plage du Petit Roucas, Les Nageurs du Prado restent également attentifs aux évolutions annoncées. Ce collectif, constitué dès la création du parc balnéaire, « défend la plage et l’accès à l’eau dans de bonnes conditions ». Leur porte-parole, Sylvain Ronca, rappelle que la structure qui se transforme en Cabane des Amis pendant l’été est « particulièrement utile en hiver comme abri aux vents, pour les nageurs mais aussi pour une foules de citoyens qui viennent piquer-niquer ou faire un peu de gym ».
En cas de destruction, les Nageurs du Prado formulent donc une proposition, croquis à l’appui : « une structure anti-vents dominants » en bois ou en béton, agrémentée de bancs. « Pour être efficace, la hauteur de l’ouvrage devrait se situer entre 2,7 et 3 mètres » précise Maurice, architecte et membre du collectif. Hervé Menchon, à qui la proposition a été adressée, n’y est pas opposé et propose de l’intégrer dans le cahier des charges de l’appel à projets. Il évoque également la possible création de « consignes pour pouvoir laisser ses affaires, été comme hiver ».
Plus globalement, l’adjoint voit dans le vent et le soleil, une opportunité pour les plages du Prado. « Ce sont deux énergies très présentes sur le parc que l’on pourrait utiliser, avance l’élu. On pourrait par exemple créer de l’ombre avec de grandes ombrières qui produiraient aussi de l’énergie photovoltaïque ». Mais tout cela demeure à l’état de « suggestion », précise-t-il, car tout reste à inventer. L’avenir du parc balnéaire et ses futurs usages commencent à peine à s’esquisser.
Un commentaire