[Délicatement Brutal] Le street art à l’honneur à la Galerie Saint Laurent

Située en plein coeur du Marché aux Puces (15e), la galerie Saint Laurent est une galerie comme on en voit peu. S’étendant sur plus de 600 m2, elle met à l’honneur l’art urbain pour en faire découvrir toutes ses formes. Jusqu’au 30 avril, l’exposition collective « Délicatement Brutal » présente l’art du graffiti.

La Galerie Saint Laurent est un espace atypique, ouvert qui présente dans différents box aussi bien les artistes exposants mais également des brocanteurs, antiquaires, designers de meubles des années 70. A l’étage, un immense grenier regorge de meubles, objets de toutes sortes très souvent récupérés pour le cinéma !

Depuis sa création, la Galerie Saint Laurent accueille des artistes clés et des œuvres inédites. Pour sa directrice Catherine Coudert, l’ambition est de créer un lien, une passerelle entre deux courants artistiques tels que le Street Art et le Graffiti. L’objectif est de re-dorer ces courants artistiques venus de la rue et les faire entrer progressivement dans les foyers. « Nous nous sommes rendus compte que le street art permettait de proposer de petits prix et donc de pouvoir débuter une collection ! Ce fut l’une de nos motivations à nous diriger davantage vers cet art ! » souligne Catherine Coudert.

La Galerie Saint Laurent a souvent été à l’origine d’événements, performances de street art comme : Requiem for a Street en 2013, Marseille Street Art Show #1 en 2014 et Marseille Street Art Show #2 en 2015. Catherine Coudert souhaite par ses nombreuses initiatives donner un éclairage international au quartier des puces. « Nous espérons pouvoir re-dorer l’image du quartier et du marché aux puces ». Ainsi, en 2014, les artistes ont investi 20% du bâtiment qui accueille la galerie. En 2015, une fresque de 150m de long a été réalisée. Une nouvelle session Street Art Show est d’ores et déjà en préparation… L’objectif de la Galerie Saint Laurent est d’offrir aux artistes la possibilité de s’exprimer sur les 12 000 m2 de surface et de faire de ce lieu le plus grand site européen de street art.

Marseille Street Art Show 2015 – L’un des plus grands événements d’Europe !

Le graffiti dans tous ses états

Il n’est pas rare de voir aux détours des rues de nombreux graffitis. Certains quartiers de Marseille sont d’ailleurs bien réputés pour cet art urbain. Né avec la culture hiphop, le graffiti a parfois eu mauvaise réputation. Pourtant aujourd’hui, on l’admire, on l’expose. Les graffeurs utilisent leur art comme vecteur d’un message politique et social. Marqueurs et aérosols ont aujourd’hui remplacé les pinceaux des peintres d’antan pour faire de cet art en perpétuel renouvellement, une forme d’expression engagée aux mille facettes.

« Délicatement Brutal » est une exposition collective de 8 artistes tous issus du graffiti. Tous ont débuté dans la rue où les codes sont parfois durs, la pratique difficile, le sujet engagé. Et pourtant, sur leurs toiles, des couleurs douces, délicates, des formes généreuses et explosives.

Comme artistes, vous pourrez retrouver ou découvrir : DIRE – DOK – ELDIABLO – GEB74 – MEO – NASSYO – RIPLEY – ZEST.

A noter que pendant une semaine, entre le 19 et le 27 mars, Catherine Coudert délocalise une partie des œuvres de 2 artistes, Myles « MEO » Carter et Dire sur un des espaces événementiels des Terrasses du Port. En plus de cette semaine d’exposition, chaque artiste viendra à la rencontre du public aux Terrasses du Port le temps d’une séance de live painting le samedi 19 mars et le samedi 27 mars.

Quelques photos de l’exposition par Michèle Clavel

Les artistes 

DIRE

Artiste né à Créteil, il grandit à Aix-en-Provence. Passionné par le dessin il débute dans le milieu du graffiti en 1989 et finit par rejoindre le légendaire Crew 132 (Marseille – Paris).Toujours investi dans le graffiti pur et dur, depuis quelques années, Dire se rapproche du Street Art. La femme est une énigme obsessionnelle et envoûtante sur laquelle il travaille et médite. A la bombe, au pinceau ou au crayon, Dire fait ressortir l’âme de ses personnages, sublimes et parfois grinçants. Dans un art brut, ses portraits sensuels dégagent la souffrance gravée dans la chair.

DOK

Né en 1979, Dok est une figure majeure de la scène graffiti Française. Il débute sa carrière dans les années 90, en pleine expansion de la scène graffiti française, en taguant les murs de la capitale,en compagnie des réputés Kiss et Eyeone. Il rejoint rapidement les crews UV et TPK (considérés à l’époque comme le groupe le plus radical et le plus prolifique d’Europe), reconnus pour leurs prouesses en Ile-de-France. En 1996, il fonde ce qui sera les bases du groupe NWS. Devenu une figure emblématique de la scène graffiti parisienne puis marseillaise, Dok a pu s’illustrer dans des vidéos telles que les Ultimates Vidéos 1 et 2 et Sous-Surveillance. On le retrouve également dans de nombreux magazines d’art urbain et de livres graffiti dont After Eight. Dok ne parle que très peu de son passé de graffeur, ce n’est pas un hasard. L’art de la rue est un monde aux valeurs et aux codes bien établis et très précis.

Comme la plupart des artistes de sa génération, il est donc plus enclin au secret (une des principales règles) qu’aux grandes discussions. Pourtant, ce qui est sûr, c’est qu’il connaît tout de cet art, puisqu’il a passé plus de 15 ans à écrire une part de son histoire et de son talent sur les murs, les dépôts et les trains de l’Europe entière, inscrivant son blaze (traduisez: sa signature) aux côtés de celui de ses “frères” ou de ses ennemis…

ELDIABLO

Jaek ElDiablo est un artiste urbain, illustrateur et designer français, né à Strasbourg en 1977. Influencé par le mouvement musical Punk, puis Hip-Hop des années 90, il est un grand amateur de skateboard et des comics de Marvel qui sont pour lui, une source d’inspiration. Activiste du mouvement urbain strasbourgeois, Jaek ElDiablo crée depuis presque vingt ans des œuvres influencées par la culture pop urbaine. Il utilise différents supports et mélange l’infographie, la peinture, le collage et le graphisme. Il appelle cela du « sampling ». Il s’approprie et détourne des styles, des codes et des icônes auxquels il rend hommage à travers ses créations.

GEB74

GEB74 aka GEBONZ est né en banlieue parisienne. Il commence à peindre au début des années 90, avec un graffiti sauvage « only street ». De la Hollande à l’Allemagne, la France et l’Italie…Le terrain de jeu semble illimité. Membre des groupes M2F ,GW ,OQP, il réalise sa première exposition en 1999. Depuis, la rue laisse une grande place aux travaux en atelier, l’atelier donne le temps à la peinture. L’exploration continue et le plaisir reste intact 25 ans après.

MEO

Acteur incontournable du graffiti parisien des années 1980/90, Myles “MEO” Carter est une figure emblématique de cet art. Né à New York en 1965, c’est tout jeune qu’il découvre le graffiti au travers des fresques du métro new yorkais qu’il emprunte sur le chemin de l’école. Il choisit le pseudonyme de “Metro” et commence à taguer  dès 1976. Fils du contre-bassiste de jazz Ron Carter et d’une galeriste d’art qui le soutiennent dans sa passion, il intègre de grandes écoles d’arts telles que la Art students League, la High School of Music & Arts, le Pratt Institute aux Etats Unis et L’Academie Goetz à Paris où sont enseignées les bases et les techniques de la peinture contemporaine.

 En 1987, il rejoint son père qui enregistre à Paris la bande originale du film de Bertrand Tavernier “La passion Béatrice”, il y retrouve le rappeur Joey Starr qui l’introduit dans le mouvement Hip Hop parisien. Il décide de s’installer à Paris et crée très vite son propre Crew, les “KOP” – Kontrol Of Paris avec Joey. Puis, il intègre les “TCG” – The Crime Gang avec Kaze, Dozer, James, Sheek, maîtres incontestés des styles calligraphiques de la capitale. Il rejoint également le groupe NTM. De Stalingrad à Belleville, de la Place de Clichy à Montparnasse, le “M” de MEO devient sa marque de fabrique, un emblème incontournable.

Il rencontre l’élite du graffiti parisien : Mode 2, Bando, Boxer, Jay BBC et retrouve des compatriotes américains déjà installés à Paris comme JonOne et Aone, avec lesquels il collabore sur différents projets. Sur les murs comme sur toile, son penchant pour l’abstrait se confirme. Son style très coloré et complexe mêle la numérologie aux mots avec une énergie unique. Aujourd’hui père de 4 enfants, il vit à Boston et continue à peindre et vivre de son art. Son style unique inspire aujourd’hui toute une nouvelle vague d’artistes du street art

NASSYO

Artiste français, né en 1974. Il vit et travaille à Paris. Présent dans le graffiti depuis le début des années 90, Nassyo réalise alors des actions sur les toits de Paris. Il a exercé une réelle influence dans le monde du graffiti. Il commence son travail sur toile en 2004. Ses thématiques parfois difficiles, laissent une impression de lumière. La juste lumière du réel. Il est à la fois peintre, illustrateur, graffeur. Son esthétique décomplexée fait cohabiter cultures traditionnelles et graffiti, qu’il ponctue souvent d’éléments futuristes. Adepte du free-style (véritable improvisation), il construit sa toile comme le ferait un dj, accumulant des documents visuels avec lesquels il compose son sujet.

RIPLEY

Audrey Mûller AKka Ripley Excoskull, anciennement TkO crew Marseille, s’est reconvertie dans le tatouage de façon professionnelle depuis 1999.

ZEST

Graffeur émérite et reconnu de la scène graffiti française, Franck Noto alias Zest est un artiste autodidacte né à Montpellier au début des années 80. Depuis une vingtaine d’années, Zest laisse son empreinte caractéristique sur différents supports en répondant aux codes du graffiti de manière contemporaine. Il frappe les esprits par ses immenses fresques réalisées au début des années 2000 entre New York et les capitales européennes avec le TDM crew.

C’est ainsi qu’il fait évoluer son travail dans lequel on retrouve une abstraction de ses personnages où la position et l’attitude priment sur le réalisme. Sa palette colorée, fraîche et lumineuse voyage entre la douceur du pastel, le punchy du fluo, l’intensité du noir&blanc ou encore les couleurs primaires sans rappeler ses influences contemporaines. On connaît son travail sur murs et sur toiles, mais l’artiste ne s’arrête pas là! Zest a su déployer l’éventail de son talent notamment avec la sculpture en réalisant la généreuse Bubble Brick, mais aussi en s’essayant à des techniques novatrices comme le plexiglas « où les couches de verres se superposent comme un mille-feuille fourré aux codes du graffiti (peinture, coulures, lettrage) ».

Sans oublier ces illustres noir/noir dans lesquels on retrouve l’évolution du liquide au solide de la résine sur fond monochrome. Ses dernières collaborations le propulsent vers l’univers du design, il participe notamment en 2014, à la customisation de mobilier TOG créé par Philippe Starck. En mars 2015, Zest réalise une fresque monumentale de 150 m2 sur une façade du quartier Rondelet à Montpellier, avec pour objectif de mettre le meilleur de l’Art Contemporain à la portée de tous. Plus épurée et plus abstraite, on retrouve une constante dans le travail de Zest, sa figure emblématique avec des échos d’un cubisme qui pourrait traduire une vision décomposée du mouvement.

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« Délicatement Brutal » du 5 mars au 30 avril

Galerie Saint Laurent

Halle des Antiquaires, 130, chemin de la Madrague – Ville, Marché aux Puces – 13015 MARSEILLE

T/ 04 91 47 45 70 M/ 06 76 91 42 61 E/ contact@galeriesaintlaurent.com / www.galeriesaintlaurent.com

Heures d’ouverture : jeudi, vendredi et samedi de 10h à 17h et dimanche de 10h à 13h.