Lancée il y a trois ans, la pépinière d’activités de l’association Yes We Camp a permis d’accompagner 86 projets d’entreprises. Le collectif est à la recherche de nouveaux financements pour poursuivre le dispositif l’année prochaine.
« On a testé ce que ça donnait, sur trois ans, d’offrir un accompagnement gratuit et individuel à des publics éloignés de l’emploi ou qui souhaitent développer un projet en QPV [Quartier prioritaire de la politique de la ville, ndlr]. Ce qu’on retient de tout ça, c’est qu’on a super envie de continuer, pour plein de raisons différentes », ouvre Tilen Martin, coordinatrice de la pépinière d’activités de Yes We Camp.
L’association marseillaise, créatrice de tiers-lieux, organisait mercredi 23 novembre une rencontre à la cantine de son QG Coco Velten pour faire le bilan sur ces trois ans d’expérimentation d’une pépinière d’entreprises – et pour évoquer son avenir. Depuis 2019, le dispositif a permis à 86 porteurs de projets de développer des activités innovantes dans le nord et le centre de la ville.
Un accompagnement sur-mesure
Tous les participants ont pu bénéficier de séances de coaching sur-mesure avec Olivier Ruault, dirigeant de l’organisme de mentorat Super École, qui a imaginé ce parcours avec Yes We Camp. L’entrepreneur accompagne les porteurs de projet « en fonction de leur timing et de leurs disponibilités, et pour le temps qu’il faut. C’est un dispositif ultra-rassurant, à l’encontre de ce que l’on peut voir sur la création d’entreprise qui peut être très anxiogène ».
« Le but, c’est qu’à la fin de leur accompagnement, ils aient une idée claire de la manière dont ils vont développer leur activité, et qu’ils aient une feuille de route sur comment ils vont gagner de l’argent, explique-t-il. Tout le dispositif est axé là-dessus. Il peut être complémentaire à d’autres accompagnements, par exemple celui de l’Adie ou Positive Planet ».
Un fonds d’amorçage de 2000 € est versé aux porteurs de projets pour les aider à démarrer leur activité. Une aide précieuse, qui a permis à Lena Cardo de financer les travaux de son projet de tiers-lieu 13 Solidaires à La Cabucelle (15e). « Comme je ne maîtrise pas du tout ce qui est chiffres et budgétisation, ça m’a cadré et permis d’avoir un plan de trésorerie ».
C’est aussi le cas pour Zina Chabouni, qui a créé son propre organisme de formation ACF Philae après une carrière dans la relation client. « Cet été, j’ai décidé de me lancer à mon compte, raconte-t-elle. Olivier m’a beaucoup aidée sur la partie création d’entreprise, ce qui était totalement nouveau pour moi. Entre temps, j’ai eu la certification Qualiopi, j’ai pas mal avancé ».
Séance d’accompagnement avec Olivier Ruault à Coco Velten © Yes We Camp
Appel aux collectivités locales
Depuis le lancement de la pépinière d’activités, 60 participants ont créé juridiquement leur société, entraînant la création de 40 emplois. Alors que cette première phase touche à sa fin, Tilen Martin estime que l’expérimentation « a fait ses preuves » et cherche désormais à pérenniser le dispositif.
Celui-ci était financé en majeure partie par la Direction régionale du travail (Dreets) Paca à hauteur de 300 000 € étalés sur trois ans dans le cadre d’une expérimentation Pric (pacte régional d’investissement dans les compétences) qui prendra fin au 31 décembre prochain.
Yes We Camp cherche maintenant de nouveaux financements, et se tourne vers les collectivités territoriales : Ville, Métropole… « Nous avons un dispositif qui permet vraiment un ancrage, la plupart des projets sont non-délocalisables », affirme l’animatrice. « Et à fort impact social, renchérit Olivier Ruault. Car parmi ceux qui ne créent pas leur entreprise, ils reprennent goût à aller chercher de la formation et de l’emploi. C’est 100 % de vainqueurs là-dedans ».
Mais « nous n’avons encore rien signé. Nous avons envoyé plein de dossiers, mais n’avons pas de validation de financements, déplore-t-il. Par contre, ce qui est sûr, c’est que j’ai plein de gens que j’accompagne, et que je vais continuer à accompagner au-delà du 31 décembre ».
S’étendre au-delà des quartiers prioritaires
Advienne que pourra, Yes We Camp ne manque pas de projets pour poursuivre cette pépinière d’activités. Le collectif est en phase de monter, en partenariat avec l’association Contact Club, un programme permettant d’aider des jeunes rappeurs et musiciens du centre-ville phocéen « à se professionnaliser et à se structurer économiquement ».
L’association vise également à étendre cet accompagnement professionnel à des publics en difficulté vivant en-dehors des quartiers prioritaires. Comme, par exemple, aux femmes accueillies à l’Auberge Marseillaise, centre d’hébergement dans le 8e arrondissement de Marseille porté notamment par Yes We Camp.
« On s’est rendu compte que l’approche individualisée du dispositif était particulièrement pertinente pour les femmes qui cumulent des freins périphériques à l’emploi, observe Tilen Martin. Elles trouvent beaucoup de souplesse dans cet accompagnement ». « 60 % des personnes que nous accompagnons sont des femmes, relève Olivier Ruault. Ce qui est énorme, sachant qu’elles représentent seulement 30 % des entrepreneurs à l’échelle nationale ».
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