Critique d’art et collectionneur, Guy Boyer a vendu une centaine d’œuvres aux enchères pour financer son projet de centre culturel dédié à l’histoire de l’art dans l’hôtel Hubaud à Belsunce.
On peut passer à côté sans le remarquer dans le quartier condensé de Belsunce à Marseille. Il faut lever la tête pour apprécier l’hôtel Hubaud. Il trône discrètement à l’angle de la rue Longue des Capucins et de la rue Thubaneau.
Cet hôtel particulier du 18e siècle est inscrit partiellement aux monuments historiques. Il a accueilli dans les années 1940 l’agence de l’architecte Fernand Pouillon. On lui doit notamment la reconstruction de la rive nord du Vieux-Port, rasée par les nazis durant la guerre.
Depuis 2018, un féru d’art a pris place dans l’édifice. Il s’agit de Guy Boyer, directeur de la rédaction du magazine spécialisé Connaissance des Arts. Ses activités l’ont amené à constituer une importante collection d’œuvres au fil des ans.
Il s’est séparé ce jeudi 17 novembre d’une centaine de pièces lors d’une grande vente aux enchères organisée par la maison Aguttes à Neuilly-sur-Seine. L’objectif ? Financer son projet de grande bibliothèque d’histoire de l’art, et plus encore, à l’hôtel Hubaud.
Entre bibliothèque de coworking, centre culturel et espace d’exposition
Du Nu féminin assis de Zao Wou-Ki, cédé à 31 200 euros, ou une huile de Fabienne Verdier vendue le double de son estimation, cette vente a attiré des amateurs d’art ancien, moderne et contemporain. Il s’agit d’une « centaine d’œuvres achetées ces dernières années à Drouot ou données généreusement par des artistes contemporains », précise Guy Boyer.
Il espérait tirer 250 000 euros environ de la vente pour faire aboutir à Belsunce « cet important projet de ma vie et de mon amour de l’art ». Car depuis quelques années, il a racheté peu à peu « différents espaces » de l’hôtel Hubaud. Et commencé la mutation de l’édifice en bibliothèque dédiée à l’histoire de l’art depuis 2018.
« J’ai décidé de réunir les fonds qui étaient chez moi et au bureau et de trouver un lieu pour les mettre à la disposition d’autres chercheurs ». Un espace de recherche, de débats et d’expositions. Selon ses mots, un « lieu de coworking en histoire de l’art à destination des écrivains, critiques et journalistes ». L’association des amis de l’hôtel Hubaud, créée en 2020, anime le lieu.
Cette vente aux enchères vise à financer la rénovation des deux étages déjà acquis. Mais aussi à acheter le rez-de-chaussée de l’hôtel particulier qui ouvre directement sur la rue Thubaneau. Ce nouvel espace « permettrait d’accueillir un plus large public pour des conférences et expositions ».
La vente d’une partie de sa collection a finalement dépassé le montant espéré en totalisant 278 239 euros. « L’objectif d’acheter le rez-de-chaussée […] peut désormais être sereinement envisagé ». Le point de départ de ce que Guy Boyer espère devenir un véritable « centre culturel qui prend place dans le quartier de Belsunce ».