La France, le Portugal et l’Espagne souhaitent créer un pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille d’ici sept ans. Il doit transporter du gaz dans un premier temps, puis de l’hydrogène vert.
À l’issue d’une réunion en Espagne avec les chefs de gouvernements espagnol et portugais, Emmanuel Macron a annoncé ce vendredi que le gazoduc géant d’hydrogène « vert » entre Barcelone et Marseille sera « parachevé d’ici 2030 ». Les trois chefs d’État espagnols, portugais et français devaient, en effet, fixer les contours du projet les 8 et 9 décembre en Espagne, à Alicante, en marge du sommet des pays du sud de l’UE.
Désenclaver l’Espagne et le Portugal de la « stratégie climatique et énergétique » européenne et française. Tel est l’objectif annoncé par Emmanuel Macron pour défendre le projet de pipeline sous-marin reliant Barcelone à Marseille, surnommé pour l’heure « BarMar ».
Cet objectif était déjà au centre d’un précédent projet, avorté pour son impact environnemental, de gazoduc « MidCat ». Long de 190 kilomètres, entre Hostalric (au nord de Barcelone) et Barbaira (entre Carcassonne et Narbonne), il devait relier les réseaux gaziers espagnols et français à travers les Pyrénées.
C’est donc sous la mer que le raccordement énergétique franco-ibérique devrait finalement passer. Un projet de construction d’un budget de 2,5 milliards d’euros. En visite au Portugal, début novembre, la Première ministre, Élisabeth Borne, avait confirmé les « interconnexions que nous allons mettre en place entre nos deux pays et y compris avec l’Espagne », comme le relatait TV5 Monde.
Un gazoduc compatible avec l’hydrogène ?
C’est Pedro Sanchez, le chef du gouvernement espagnol, qui avait le premier annoncé ce projet le 20 octobre, lors d’un sommet européen consacré à la crise énergétique. Pour lui, il s’agissait de « créer un pipeline pour l’hydrogène vert. Mais aussi de façon transitoire pour le gaz, dont le marché européen de l’énergie a besoin ».
Un gazoduc donc, qui aurait l’ambition de devenir « hydrogenoduc » à l’avenir ? En effet, l’Espagne produit de l’hydrogène « vert » avec le solaire. Une énergie sur laquelle de nombreux acteurs fondent les espoirs de la transition énergétique du futur. Ce pipeline anticipe ainsi une production à grande échelle d’hydrogène et des technologies qui ne sont pas encore mûres aujourd’hui.
Certains experts restent circonspects sur la capacité d’un pipeline à transporter du gaz avant de se convertir à l’hydrogène, et sur la pertinence de ce projet. « Marseille et Barcelone disposent à peu près du même ensoleillement. Est-ce pour remonter de l’hydrogène produit en Afrique ? », questionne Thierry Bros, spécialiste des questions énergétiques et professeur à Science Po Paris, chez France 3 Occitanie.
« Quant à utiliser un même terminal pour GNL et hydrogène : bonne chance ! ». Un tel projet, à cette distance et cette profondeur, serait une première. La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, table sur 7 ans pour y parvenir.
Emmanuel Macron a annoncé que ce projet sera présenté à la Commission européenne dans les prochains jours, afin de pouvoir bénéficier du statut de « projet d’intérêt commun » et de pouvoir être financé en partie par des fonds européens. Selon France Bleu Provence, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, présente lors de la réunion entre les trois dirigeants, a « salué chaleureusement » le lancement de ce projet, qui « va dans la bonne direction », car il va aider l’UE à « bâtir une vraie dorsale européenne de l’hydrogène ».