Pour la première fois, la CMAR Paca a mené une enquête auprès des entreprises de la région. Malgré une forte croissance de la création d’entreprises artisanales, l’étude révèle des incertitudes face à l’avenir.
Parmi 1,7 million d’entreprises artisanales en France, 200 000 se trouvent en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Celles-ci emploient 400 000 actifs, représentant 33 % du tissu économique et 20 % du PIB du territoire.
Alors que jusqu’ici, la Chambre de Métiers de l’Artisanat produisait des consultations à l’échelle nationale, pour la première fois, la CMAR Paca a réalisé sa propre enquête auprès de 1 310 entreprises de la région.
Cette étude, effectuée entre août et septembre dernier en partenariat avec l’Observatoire régional des métiers, a été mise en place afin d’obtenir des chiffres plus précis sur le tissu artisanal local. L’occasion de prendre le pouls des entreprises sur le premier trimestre d’une année marquée par des crises successives.
Elle a vocation à être renouvelée chaque année, et sera présentée sous forme de dossier finalisé d’ici le mois prochain au Conseil régional, au préfet et aux acteurs économiques de la région. « C’est un travail riche, minutieux, précieux, qui nous permet de connaître l’état de notre tissu artisanal », souligne son président récemment élu Yannick Mazette.
Des secteurs unanimement touchés par les crises…
Cette enquête fait avant tout ressortir une forte croissance dans la création d’entreprises artisanales : 58 817 nouvelles entreprises ont été créées sur le territoire régional lors des cinq dernières années, soit + 42 %. Une dynamique portée principalement par le secteur des services (+ 10 % par rapport au premier semestre 2021).
Pour autant, la situation des artisans est « tendue ». Près d’un tiers des interrogés projette une activité en baisse au cours des six prochains mois, tandis que plus de la moitié estime que leur activité n’est « pas suffisante ». Un constat largement partagé dans les secteurs de l’alimentation (74 %) et de la production (64 %), affectés notamment par la hausse des coûts des matières premières et des dépenses énergétiques.
Comparativement, « seules » 44 % des entreprises font le même constat dans le secteur du bâtiment, soulignant des disparités en fonction des activités représentées par la CMAR. Les entreprises du BTP font à l’inverse face à une « suractivité », qui peut être le signe de problèmes de recrutement et de main-d’œuvre.
C’est l’une des principales difficultés évoquées par les entreprises, tous secteurs confondus : 77 % des artisans qui souhaiteraient embaucher rencontrent des problèmes en ce sens. La Chambre a par ailleurs signé hier après-midi une convention partenariale avec la direction régionale de Pôle Emploi dans le but de promouvoir les métiers de l’artisanat auprès des demandeurs d’emploi.
… mais les artisans restent optimistes.
Les artisans restent tout de même positifs quant aux perspectives de développement de leur entreprise : alors que 19 % ont vu leurs effectifs diminuer au dernier semestre, 84 % d’entre eux projettent un maintien ou une hausse de leur effectif au cours des six prochains mois.
Concernant la trésorerie, l’étude montre une situation en demi-teinte. Si 47 % des artisans font état d’une période « difficile » en la matière, en dépit des crises traversées, ils sont 48,5 % à qualifier leur situation de trésorerie « normale » et 4,1 % d’« aisée ».
Malgré le contexte inquiétant, « les artisans ne font pas état d’une vision catastrophique des six prochains mois », remarque Yannick Mazette. 71 % des artisans se disent même plutôt optimistes vis-à-vis de leur activité et estiment que celle-ci va augmenter ou se maintenir dans la période à venir. En revanche, moins d’artisans prévoient d’investir au prochain semestre (32 % contre 43 % lors de la période écoulée).
Des centres de formation en projet dans le 13 et le 06
Parmi les projets prioritaires de la mandature actuelle de la CMAR Paca figure la création de centres de formation d’apprentis dans les deux départements non-pourvus, à savoir les Bouches-du-Rhône (60 000 entreprises) et les Alpes-Maritimes (55 000 entreprises). La chambre consulaire forme chaque année 6000 jeunes apprentis dans 7 campus régionaux.
« Nous allons tout faire pour que ces deux départements soient pourvus aussi de centres de formation, appuie Yannick Mazette. Notre volonté est d’y développer des campus, pour que demain nous puissions répondre aux besoins des entreprises et des territoires. Nous sommes en train de travailler sur le terrain : nous avons rencontré le sous-préfet et observons des CFA sur le territoire pour pouvoir nous positionner », poursuit-il.
Avant de rappeler que « sur ces 200 000 entreprises, 54 000 d’entre elles seront à transmettre dans les 10 ans à venir ».