En 2024, le tri des biodéchets deviendra obligatoire pour tous. Les Alchimistes Marseille, spécialistes de la collecte des déchets alimentaires, souhaitent lancer une grande plateforme de compostage à côté du futur parc de Bougainville.
Les épluchures, le marc de café, le pain rassis, les restes des repas… À partir du 1er janvier 2024, vous aurez l’obligation de trier vos déchets alimentaires. En plus des bacs jaunes pour les emballages et verts pour le verre, un troisième conteneur de tri devrait débarquer dans les rues de Marseille.
Comme le papier, le plastique et le verre, les matières organiques se recyclent aussi. En les transformant en compost, par exemple. « En plus de fertiliser des sols appauvris pour les agriculteurs, le compost permet aussi de redonner vie à des sols « morts ». En ville par exemple », comme l’explique Anne-Laure Lesne, directrice du développement des Alchimistes Marseille.
« La biodiversité revient, et une terre fertile est une terre qui stocke beaucoup plus de carbone ». Depuis 2019, la structure expérimente la collecte de biodéchets en ville pour les composter. Elle s’est alliée à l’armée de cyclistes spécialistes du transport urbain, Toutenvélo. Ensemble, ils récupèrent les déchets alimentaires de professionnels de la restauration, qui ont l’obligation de les trier.
La gestion des biodéchets devient un enjeu majeur
Une obligation qui s’imposera à tous dans moins de deux ans, comme le prévoit la loi du 10 février 2020 contre le gaspillage et pour l’économie circulaire. Le marché de la gestion des biodéchets devrait donc faire un sacré bond. Surtout quand on sait que les matières organiques représentent 30 % du contenu de la poubelle des Français selon UFC Que choisir.
Les Alchimistes Marseille ont bien l’intention de se positionner. Ils ont déjà connu une croissance digne d’une start-up depuis 2019. « Au début, notre collecte avoisinait… zéro tonne », se rappelle Anne-Laure.
Mais ça, c’était avant de convaincre les acteurs concernés. Certains publics, comme la Métropole Aix-Marseille-Provence, en charge des déchets, le Département et la Région pour la restauration scolaire. Mais aussi les privés, petits restaurateurs comme grosses chaines.
« Aujourd’hui, nous collectons près de 1 500 tonnes par an et employons 14 salariés », lance-t-elle. Il va toutefois falloir viser plus haut pour se déployer d’avantage, car la structure manque de place.
Créer la première plateforme de compostage de Marseille à Bougainville
Pour le moment, l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée leur met à disposition temporairement un bâtiment dans le 15e arrondissement, dans le cadre du dispositif « d’urbanisme transitoire » Move. Mais il est voué à la destruction, alors que le nouveau quartier des Fabriques sort de terre.
« Cela nous a permis de développer notre activité. Mais on cherchait plus grand pour élargir notre activité ». Car, aujourd’hui, la structure gère surtout la collecte, le sur-tri et la massification des biodéchets. Ils sont ensuite envoyés au centre de compostage d’Ensuès-la-Redonne, à quelques kilomètres.
D’ici 2024, « nous allons créer une plateforme de compostage en ville, à Marseille », annonce Anne-Laure. Euroméditerranée a en effet déniché un terrain, pérenne cette fois, au bord du futur parc de Bougainville. La terre de l’ancienne fourrière municipale aura certainement besoin de compost pour reprendre vie… « Nous devrions pouvoir gérer 5 000 tonnes de déchets, pour produire 400 à 500 tonnes de compost, en circuit court ».
Un changement d’échelle sur lequel l’équipe planche déjà. Notamment en termes de transports, car les vélos ont leurs limites si on commence à parler de conteneurs. « On va déployer une flotte de camions au gaz naturel », assure-t-elle. La boucle sera bouclée si ce gaz est issu de la méthanisation… de biodéchets.