Afin de valoriser et de protéger son patrimoine, la Ville de Marseille a recensé une quarantaine d’éléments remarquables qu’elle espère voir classés au titre des Monuments historiques.
Marseille, la plus ancienne ville de France, compte tout juste 93 monuments et édifices classés au titre des Monuments historiques. C’est 62 de moins que sa voisine, Aix-en-Provence, et vingt fois moins que Paris. Pour une ville âgée de 26 siècles, « ce n’est pas une reconnaissance suffisante », estime la conseillère municipale déléguée à la valorisation du patrimoine, Perrine Prigent.
C’est en partie pourquoi, lors des Journées européennes du patrimoine le 17 septembre dernier, la municipalité annonçait qu’elle allait proposer l’inscription ou le classement d’une quarantaine de sites marseillais au titre des Monuments historiques.
Lancée avec l’appui de la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac), cette « grande campagne de rattrapage » dans la protection du patrimoine vise à valoriser, préserver et, dans certains cas, réhabiliter ces éléments marqueurs de l’histoire et de l’urbanisation de Marseille au fil des siècles.
Un retard conséquent
Alors que le Château Valmante vient récemment d’être classé Monument historique et que le Musée Grobet-Labadié est en passe de le devenir, des monuments emblématiques comme le Palais du Pharo ou la Tour du Lazaret aux Catalans ne bénéficient pas encore de ce statut.
Un retard qui peut s’expliquer notamment par le manque d’intérêt et l’absence de volontarisme des politiques urbaines. « Nous avons besoin de restaurer pas mal de sites, parce que la perspective patrimoniale n’était pas suffisamment dans les radars des municipalités précédentes », explique Perrine Prigent.
Avant de poursuivre : « Nous avons tout un enjeu à changer de cap sur ce sujet, parce que finalement, le patrimoine est quelque chose qui fonde l’identité de la ville. Marseille est un territoire qui s’est reconstruit en permanence et qui garde des traces de son passé. C’est cela qui fait la beauté de notre cité ».
40 sites, 4 thématiques
Les services de la Ville ont déjà effectué un premier travail d’identification des sites à protéger, répartis en quatre thématiques. À commencer par le patrimoine remarquable pour l’histoire urbaine de Marseille, qui regroupe des sites phare de la cité phocéenne comme le Palais du Pharo, construit en 1858, ou le Palais Cantini, datant de 1694 et abritant aujourd’hui un musée municipal.
Autres catégories : les éléments témoignant de la présence de l’eau et son acheminement dans la ville, comme la fontaine des Danaïdes qui trône depuis 1893 sur le Square Stalingrad aux Réformés, et les monuments commémoratifs, avec la crypte militaire du cimetière Saint-Pierre ou encore le Mémorial des rapatriés d’Algérie.
D’autre part, la Ville souhaite mettre en avant le patrimoine contemporain du XXe siècle avec des monuments aussi variés que les escaliers monumentaux de la gare Saint-Charles ou les piscines Tournesol, les plus connues étant celles de Bonneveine et de la Martine.
Un travail de transmission
Au-delà des aides financières aux travaux de rénovation qu’apporte une reconnaissance au titre des Monuments historiques, c’est aussi « une responsabilité partagée avec l’État, une protection juridique, des conseils techniques et scientifiques pour préserver ce patrimoine, afin que les Marseillaises et les Marseillais puisse se l’approprier et le donner aux générations à venir. C’est un travail de transmission que l’on fait », précise Perrine Prigent.
Il est donc encore trop tôt pour que la municipalité communique sur la liste définitive des sites candidats : le dialogue se poursuit avec la Drac afin d’identifier d’autres lieux qui pourraient prétendre au titre de Monuments historiques. « Ces échanges sont importants, nous ne sommes pas en vase clos. La liste n’est pas définitive, elle va être amenée à évoluer », précise Perrine Prigent.
Ces éléments remarquables devront passer par un long processus d’analyses et expertises avant que le Ministère de la Culture ne rende son avis, d’ici « un à deux ans ». « C’est une démarche qui prend du temps, car on la veut solide », concède l’adjointe.